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Agent Orange / Viet nam : la justice de Corée du Sud ouvre le bal. |
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La justice sud-coréenne condamne les deux principaux fabricants, Monsanto et Dow Chemical, à verser des dommages et intérêts à ses vétérans de la Guerre du Viêt Nam qui ont combattu aux côtés des Américains. Ils sont 20 615 vétérans sud-coréens à avoir porté plainte.
Séoul, jeudi 26 janvier 2006, le juge Choi Byung-deok de la Haute Cour révèle que les deux géants américains de la chimie, Dow Chemical et Monsanto, devront verser à 6 800 plaignants des dédommagements allant de 6 200$ à 47 500$ pour chacun.
Pourquoi à 6 800 plaignants alors qu’ils sont 20 615 ?
En justice, la difficulté est de prouver le lien de cause à effet et la défense s’y engouffre invariablement. Sur le nombre incalculable de maladies liées à l’Agent Orange connues grâce à l’indéniable faisceau de présomptions que permet d’établir la similitude des maux des différents groupes humains exposés à ce poison, seulement treize maladies sont pour l’instant reconnues comme étant liées à l’Agent Orange. Comme l’Agent Orange attaque tout ce qui est vivant, chaque année la liste s’allonge. La dernière en date : le diabète.
Et voila que le Gouvernement de Nouvelle-Zélande vient de reconnaître depuis quelques mois la relation entre certaines maladies dont souffrent ses vétérans ayant combattu au Viêt Nam aux côtés des Américains et l’Agent Orange !
Quand viendra le tour des Laotiens ; des Cambodgiens ; des Australiens ayant aussi combattu au Viêt Nam aux côtés des Américains ; des Philippins vivants autour des "points chauds" de stockage ; et peut-être même de certains Canadiens qui ont travaillé ou qui vivent sur les lieux où aurait été testé secrètement l’Agent Orange au début des années 60 sur une partie du territoire canadien frontalier aux USA ?
Trois cents mille Sud-Coréens ont combattu au Viêt Nam entre 1965 et 1973 (officiellement, les défoliants ont été sprayés entre 1961 et 1971 par les Américains, en réalité, ils ont été épandus jusqu’en 1975 par l’Armée sud-vietnamienne guidée par les USA).
En Corée du Sud, pour la première fois au monde, des juges établissent une "relation épidémiologique entre le défoliant et les maladies". Car n’oublions pas que des vétérans américains ont reçu un "dédommagement" de 180 millions de dollars en 1984 par 7 compagnies chimiques étasuniennes pour ne pas qu’ils déposent une plainte devant les tribunaux ! Quand on pense que ce sont 4,2 millions de combattants américains qui ont été exposés aux défoliants de leur propre armée, non seulement le "dédommagement" est obscène mais l’affaire va certainement rebondir avec la décision de la Haute Cour de Séoul.
Alors nous pensons aux millions et millions de victimes vietnamiennes de cette arme chimique de destruction massive. Les 300 000 Sud-Coréens ayant servi au Viêt Nam ne sont pas restés longtemps exposés au poison, ils ont été relevés par d’autres à intervalles réguliers et tous ne portent pas plainte, sans compter que bon nombre sont morts en partie pour les mêmes raisons et, malgré cela, près de 10% d’entre eux sont atteints de maladies et sont plaignants ! Qu’en est-il des Vietnamiens qui étaient sous l’ouragan chimique des avions rangés en dents de peigne sur toute la surface du ciel durant 14 années et qui vivent et mangent sur le poison depuis 45 ans ?
La plainte des victimes vietnamiennes déposée au Tribunal de Première Instance de New York le 30 janvier 2004 a été rejetée le 10 mars 2005. Les victimes vietnamiennes ont fait appel. Dans le monde entier, on attend la décision de la Cour d’Appel de New York au mois de mars 2006.
La décision de la Haute Cour de Séoul est une grande avancée.
Lien : Epandage de l’Agent Orange par l’US Army au Viêt Nam et ses conséquences.
André Bouny, père d’enfants vietnamiens, président du "Comité International de Soutien aux victimes vietnamiennes de l’Agent Orange et au procès de New York. (CIS)
André Bouny
Création de l'article : 31 janvier 2006
Dernière mise à jour : 28 janvier 2006
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P.S. Photo logo : Avions C-123 sprayant l’Agent Orange pour empoisonner les rizières et la population vietnamienne. Ces avions de couleur jaune portaient une double cocarde amovible. En zone amie, ils affichaient celle US, étoile blanche sur fond bleu. En zone ennemie, celle Viêt Minh, étoile jaune sur fond rouge.
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