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Dis moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es ET Autrement dit, on est ce que l’on mange ! |
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A chaque tribu sociale, ses réflexes alimentaires
Dis moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es
L’alimentation est d’abord un marqueur social et culturel. Elle nous donne des indices pour apprendre à se comprendre et à comprendre l’autre.
Coutume : d’identifier les peuples à un plat typique. Les pâtes pour les Italiens. Les hamburgers pour les Américains. Le riz pour les Chinois. La baguette pour les Français. Un raccourci valant bien d’autres clichés qui sonne assez juste. Accentuons l’effet de loupe. En France le choix des aliments, les modes de préparation et de consommation délimitent également des territoires géographiques, à l’échelle d’une région, voire d’un département. Ainsi, dans le Sud : l’huile d’olive et les légumes. Tandis qu’au Nord : plats mêlant les saveurs du beurre et la richesse protéique de la viande. L’appartenance à une « communauté » détermine également les comportements : par exemple les bobos urbains se réclament de saveurs zen, de « fresh » attitude ; les végétariens et altermondialistes prônent le tout bio ; ou plus prosaïquement (de façon commune), une cuisine composée de plats simples et nourrissants qui cohabite avec une alimentation harmonieuse.
L’alimentation : un marqueur social et culturel C’est indéniable, l’alimentation - et par voie de conséquence la cuisine - en dit long sur nos relations au groupe social, au terroir, au pays. « Un modèle alimentaire c’est comme une langue. Chaque société, chaque culture définit ses rites, ses aliments autorisés, interdits, ses aliments initiatiques, comme le piment dans la société créole. En apprenant les codes du groupe social dans lequel il naît, l’enfant va apprendre aussi les règles alimentaires et culinaires qui le régissent. On lui enseignera par exemple que, en Occident, on ne mange pas avec les doigts, on ne rote pas à table. Alors qu’ailleurs elles sont le comble du raffinement ! L’enfant apprend par mimétisme, en observant son entourage. Puis à la cantine, où, à l’adolescence, il va vouloir s’identifier à ses copains. Manger construit notre identité culturelle, « si fortement qu’il est très difficile de modifier ses pratiques alimentaires une fois ses marqueurs acquis ». En France, certains mangent du lapin, des cuisses de grenouilles et du cheval. Des aliments « sacrilèges » pour les anglais ! »
La socialisation façonne jusqu’au biologique - qui explique pourquoi des Chinois ou des Africains, pour prendre deux exemples très distincts de la culture alimentaire française, continuent de manger des aliments et des mets de leurs pays. Même après plusieurs dizaines d’années passées en France.
L’alimentation, facteur d’intégration à son groupe social, est enfin un vecteur de transmission d’un système de valeurs d’une génération à une autre. Des comportements à table aux savoir-faire culinaires hérités de sa famille, de ses amis, manger n’est plus cet acte anodin et quotidien qui consiste à donner de l’énergie à la machine. En recevant à dîner, en préparant à manger, en partageant son repas, nous tissons des liens, nous perpétuons une tradition de convivialité. Invités et invitants s’exposent, s’expriment. Une façon subtile de parler de soi.
Autrement dit, on est ce que l’on mange ! (C’est l’une des belles manières d’illustrer les liens qui existent entre identité et alimentation.)
D’un point de vue nutritionnel, oui. L’alimentation est l’un des rares actes dans lequel on fait entrer en soi quelque chose qui devient soi. C’est une réalité objective : je suis ce que je mange. Cela s’appelle le processus de l’incorporation. Mais nous y agrégeons une réalité subjective et imaginaire dans laquelle les aliments sont chargés de sens et de valeurs. Comme par exemple .... Les produits blancs, c’est à dire le lait, les yaourts, le fromage blanc, ..., le poisson, les fruits, les légumes, ces aliments qui, symboliquement, renvoient à la construction de la féminité. Ou la viande, la charcuterie qui sont sensées donner de la force et incarnent la masculinité. Objectivement, ce n’est bien sûr pas le cas. La viande est constituée de muscles et permet à celui qui en mange de fabriquer ses propres muscles. (Pour avoir de l’énergie, mieux vaut manger des pâtes).
C’est donc à la fois la fonction nutritionnelle - objective - et notre perception - symbolique - des aliments qui contribue à notre construction identitaire... Jusqu’à la fin de l’adolescence c’est effectivement le cas. La construction de l’identité d’un individu procède à la fois de mécanismes de socialisation et de mécanismes d’individualisation. En apprenant à manger avec ses parents, avec ses semblables, un enfant s’initie aux rites et aux codes de culture. Il s’intègre à la société. A l’intérieur de ces mécanismes généraux, il dispose d’un espace de liberté individuelle, l’apprentissage du goût, qui lui permet d’affirmer sa position au sein du groupe, de la société. (Souvent cette construction identitaire s’opère au cours des 15 premières années de la vie d’une personne. Arrivé à l’âge adulte, tout est « presque » joué de ce point de vue). En revanche, on peut avoir une incidence sur l’image de soi.
Je dirais qu’en choisissant de manger tel ou tel aliment, on peut influer sur l’image que l’on a de soi et sur celle que l’on veut projeter au monde (d’une certaine manière). A travers l’alimentation, on peut contrôler une partie de ses incertitudes et s’assimiler à des catégories « référents » comme les gourmets, les gourmands, les bios, etc. Mais il est utopique de penser que l’on peut en permanence peser sur son alimentation. Si telle est l’ambition, on entre dans un registre d’ordre pathologique, celui de l’obsession. Se nourrir est un phénomène d’une grande complexité. Et c’est une totale illusion de croire que l’individu raisonne son alimentation seulement individuellement.
A l’échelle collective, il existe effectivement un certain nombre de comportements et de produits qui peuvent être des marqueurs alimentaires. Parmi ceux-ci citons par exemple s’asseoir à table à midi, notre rapport à la gastronomie, aux plaisirs de la table. Le foie gras que nous plébiscitons, malgré le fait que nous faisions partout ailleurs la chasse au gras et que nous développions une sensibilité pour la cause animale. Ou la soupe qui est en train de voir ses représentations sociales se transformer de manière radicale. Il y a encore 2 ou 3 ans, manger de la soupe, c’était ringard. Et réservé à nos grands-mères. Aujourd’hui, c’est devenu un produit tendance, très féminin qui, d’entrée, est devenu un plat principal du soir, permettant dans sa représentation symbolique de dîner sain et léger.
Résumé :
En mangeant les Organismes Génétiquement Modifiés/Manipulés nous devenons Génétiquement Modifiés/Manipulés ... ?
Et si l’alimentation est une manifestation de l’image de soi (notre construction identitaire) en mangeant les Organismes Génétiquement Modifiés/Manipulés, je suis lui qui peut être modifié/manipulé et je m’identifie à ce groupe ... (tribu)
Sources :
qq phrases copiées, collées et modifiées ...
de : Jean-Pierre Poulain, (sociologue)
Résumé : Mark Howie 2006-02-15
Mark le rost biff
Création de l'article : 21 février 2006
Dernière mise à jour : 21 février 2006
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P.S. Intéressant n’est-ce pas... ?
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