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Le CPE vu par les employeurs responsables |
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Du même auteur |
jean-françois |
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Etudiants, sachez que du point de vue même d’un employeur qui se voudrait le plus efficace possible, réaliste jusqu’au cynisme, la substitution des CPE est synonyme de baisse de productivité, d’annulation de croissance, et d’absence de réponse industrielle efficace.
Echec à la productivité
Etre suspendu à l’angoisse d’une révocation du jour au lendemain suscite tout au moins de la résistance passive c’est-à-dire très simplement le refus de donner sans recevoir, de s’engager avec enthousiasme au côté de l’équipe pour qu’elle gagne : avec le CPE, point de motivation.
Deux contrats à deux vitesses vont cohabiter, celui des peu qualifiés et celui des grandes écoles. Inouï : le CPE renforcera inégalités et frustrations, il va défaire la cohésion des équipes au travail dans les bureaux et les usines. Sans fierté d’être intégré, tout management le sait, point de cohésion des équipes : avec le CPE, point d’efficacité.
Obéir au chantage imposé d’un licenciement immédiat et arbitraire pour travailler poussé par la contrainte interdit une qualité de confiance favorable lors d’une future collaboration. Le CPE n’attend rien de la richesse des idées neuves des jeunes : avec le CPE, travail minimum.
Etudiants : pas de motivation au travail, pas d’équipe soudée et efficace, frustration, chantage et ambiance délétère : si vous n’obéissez pas à un désir moteur, marketing, comment voulez-vous que le déséquilibre léonin d’un CPE soit de l’intérêt même des employeurs ?
Echec à la croissance économique
Vous êtes dans l’angoisse donc vous ne consommez pas ce que vous gagnez, vous épargnez pour les lendemains difficiles. Vous ne dépensez pas, cela veut dire, expliquez-le : vous n’achetez pas, c’est-à-dire, vous ne contribuez plus aux succès économiques, ni celui du pays, ni celui des entreprises qui attendent que se remplissent leurs carnets de commande.
Inadaptation à un problème industriel de fond
Contre les délocalisations, voici ce dont les entreprises ont vraiment besoin.
Dans l’entreprise, le travail, c’est du récurrent et des projets neufs sensibles. La réussite économique tient aux initiatives : le souci quotidien aujourd’hui tient aux projets neufs tandis que le récurrent est assisté par l’automation et l’informatique.
Il n’y a pas aujourd’hui de contrat spécifiquement adapté aux soucis des projets neufs : conquête de nouveaux type de clients, nouveaux marchés, nouveaux pays, nouveaux produits, investissements d’adaptation. Aujourd’hui, la réussite d’entreprise se joue dans les projets neufs, pas dans le récurrent : dans la capacité de prendre et de minimiser les risques.
Il serait motivant et efficace qu’un nouveau contrat encore à inventer vienne s’adapter à la spécificité des conduites de projets. Voilà le discours : « jeunes, venez vous joindre à notre équipe pour prendre des risques, venez travailler comme des fous pour un salaire raisonnable mais indexé sur la pérennité future de cette équipe tout entière, solidaire, fière et inventive ».
Un employeur sera contraint par ses concurrents de choisir les CPE s’ils lui sont proposés, même contre sa conviction intime de leur nocivité interne, externe, et de leur inadaptation.
Aidez-le avec clairvoyance, aidez-vous.
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Le CPE ne suggère même pas la politesse d’un mensonge pour justifier les licenciements : une marque du libéralisme, c’est le mépris d’une hiérarchie qui n’a jamais rien à justifier pour son équipe.
jean-françois
Création de l'article : 11 mars 2006
Dernière mise à jour : 9 mars 2006
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