22 mars 2006 - 13h30
Paris
Pour ceux qui se souviennent du rapport Benisti, voici un appel à la mobilisation contre le projet de loi sur la prévention de la délinquance qui concerne aussi les personnes sans papiers en risquant de les exposer à l’obligation de délation que sarkozy veut imposer aux travailleurs sociaux.
Face à la misère et à la précarité d’une frange de plus en plus importante de la population, et en réponse à la révolte des banlieues le gouvernement répond par la répression, le contrôle, et la mise en place de la délation généralisée.
Le gouvernement réaffirme sa volonté d’imposer un projet de société ultra-sécuritaire :
le 9 décembre 2005, Nicolas Sarkozy remet au 1er ministre un avant projet de loi.
Le 17 janvier 2006, le gouvernement crée, par décret, un comité interministériel de prévention de la délinquance.
Le 10 février 2006, il nomme un préfet comme secrétaire général à sa tête
Ce projet s’articule principalement autour de l’école et plus généralement des lieux d’éducation, de formation et de soin.
Après avoir installé les flics dans les établissements scolaires, après avoir expulsé des sans papiers par charters, après avoir retiré les subventions à des associations refusant cette logique ; le gouvernement prévoit de transformer les travailleurs de l’éducation, du social , du médico-social en agents de contrôle et de délation.
La raison donnée : accélérer les délais d’intervention.
La réalité : criminaliser la pauvreté et la désigner du doigt en supprimant « le secret professionnel » au profit du « secret partagé ». Les informations seront partagés avec les élus et la police, désormais considérés comme des professionnels de la prévention.
A projet ambitieux, moyens ambitieux
Pour criminaliser la pauvreté, il faut renforcer le contrôle et la répression. À cet effet, le projet de loi de "prévention de la délinquance" prévoit :
de généraliser la vidéo surveillance dans les lieux publics et privés avec des aides fiscales.
d’aider au financement des systèmes de sécurité et de systèmes biométriques (par exemple dans les écoles pour contrôler le passage des élèves à la cantine)
de mettre à contribution les CAF avec la mise sous contrôle des prestations (transmission de fichiers pour vérifier les informations données par l’école).
d’organiser des formations communes « à la délation » pour les professionnels détenant des informations confidentielles.
de culpabiliser les parents en leur proposant des stages de « parentalité » et selon les cas en les sanctionnant (amendes et/ou suppression des allocations).
de généraliser la méritocratie à l’école et au travail (bourses au mérite et instauration d’établissements secondaires d’excellence)
de rétablir la responsabilité pénale collective (le seul fait d’être présent sur le lieu d’un acte de délinquance ou criminel engagera la responsabilité pénale des personnes)
Le maire comme professionnel de prévention !
Comme il faut quelqu’un pour centraliser les informations après la phase de délation, c’est le maire qui a été choisi pour piloter la politique de prévention de la délinquance dans sa ville en lien avec le conseil général.
Il sera désormais considéré comme un professionnel de la prévention et aura une délégation du préfet pour intervenir en matière de délinquance !
Il pourra prononcer des rappels à la loi et des mesures de réparation.
Vu le silence des élus sur ce projet, les jeunes,les pauvres, les professionnels « récalcitrants »et tous les révoltés ont du souci à se faire.
Par ailleurs disparition du secret professionnel au profit du « secret partagé » va changer fondamentalement les modes d’intervention des professionnels auprès des personnes et des familles.
Comme c’est déjà le cas dans beaucoup de villes, on risque d’assister à une accélération des expulsions des plus pauvres et à des règlements de compte politiciens sous couvert de prévention des troubles à l’ordre public. Ce projet de loi de "prévention de la délinquance" n’en a que le nom ; c’est un projet de loi liberticide qui n’a d’autre ambition que de contrôler et réprimer les classes laborieuses, clairement définies ici comme dangereuses. Mais c’est un vieil adage du capitalisme !
Manifestation le 22 mars 2006 à 13h30 Place Denfert Rochereau
pour que toutes les lois répressives, sécuritaires et liberticides soient abrogées car elles ne sont faites qu’au profit de l’État et des patrons.
pour la préservation du secret professionnel qui doit garantir aux personnes la confidentialité des informations qu’elles donnent dans le but d’être aidées.
pour que les professionnels et les populations visées sortent de l’ isolement afin de construire des résistances collectives et ne pas céder aux pressions du pouvoir.
pour arrêter la construction des lieux d’enfermement comme les Établissements Pénitentiaires pour Mineurs (EPM) prévus pour 2007.
pour construire nos rapports humains sur d’autres bases que la méfiance ,le contrôle et la délation.
A l’image des lycéens et étudiants qui ont refusé l’installation d’une borne biométrique à Gif-sur-Yvette en octobre dernier, ne laissons pas s’installer dans nos vies et nos lieux de travail les outils de notre propre contrôle.
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