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Candide |
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Le dernier des apatrides
Sa massive présence envahissait nos écrans et sa disparition de la scène publique créera un vide. Mais nul n’étant irremplaçable, au repos sous les ifs où à l’ombre des oliviers, les israéliens n’auront que pléthore de candidats pour choisir leur nouvel homme providentiel. Peu de jobs sur la planète détiennent cette même capacité à embraser une partie du globe, aussi cette désignation ne peut nous laisser indifférents.
D’autant moins qu’avec Sharon disparaît le dernier leader apatride. Aucun de ceux qui maintenant dirigeront Israël n’aura connu le Moyen Orient d’avant l’apparition de l’État hébreux, du temps où la Palestine s’étendait à l’ouest du Jourdain, du pied du Golan au mont Sinaï.
Alors se souviendront-ils, ces futures dirigeants, qu’Israël est le fruit d’un accident de l’Histoire, du syndrome de culpabilité qui a saisi les dirigeants occidentaux à l’ouverture des camps, qu’Israël n’existe que parce qu’il y a eu la Shoah et que sans la folie criminelle d’Hitler, les israéliens seraient encore français, ou nord africains pour les sépharades, polonais, russes ou lettons pour les ashkénazes. Se souviendront-ils que Jesuralem n’était pas plus juive que Rome n’était catholique ou la Mecque musulmane, mais Palestinienne, quand Rome était méditerranéenne et la Mecque arabe.
Sharon, Rabin, Pérez le savaient et sans doute cela explique-t-il leur capacité à limiter l’appétit colonisateur qui sourd chez une majorité de juifs israéliens. Mais les sabras, ou leur fils, les immigrés de la dernière heure comme l’américain Netannyahou refusent le fait contingent de l’existence de leur État et n’ont de cesse de ranimer nos mémoires et nous rappeler à leurs devoirs : on aura compris pourquoi.
Créé pour expier les crimes d’un seul pour le bénéfice d’apatrides qui n’en étaient pas directement ses victimes, porté sur les fonts baptismaux par des États laïques dans une démarche créationniste au profit exclusif d’une croyance religieuse ultra minoritaire, l’Etat d’Israël, fruit du hasard et non d’une nécessité, s’est imposé dominateur à l’ombre tutélaire de ses bailleurs. Ses dirigeants historiques ont échoué à gagner la paix, leurs successeurs ne pourront au mieux qu’obtenir la sécurité au prix d’un asservissement des occupés dont on sait tous qu’il se termine par la victoire de ses derniers.
Candide
Création de l'article : 2 avril 2006
Dernière mise à jour : 1er avril 2006
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