Je suis parti le 19 juillet de Montpellier avec un bus d’ATTAC, avec mon cousin Mathieu Roux deux de ses amis et Pablo un ami d’enfance.
Le 20 juillet au matin Pablo et moi avons rejoint le point de convergence en bord de mer. Une à deux heures plus tard nous partons avec le cortège que nous quittons assez vite car nous voulons photographier les "Tutti Bianchi". Nous arrivons sur "Corso Torino" un boulevard assez calme, sans affrontements visibles. Je m’éloigne de Pablo, quand je me retourne un carabinieri est en train de le gazer à la lacrymo. Je cours vers lui, entend des bruits de pas derrière moi, je sens un coup sur la tête, puis une main qui m’agrippe, en une seconde je me retrouve par terre le visage écrasé par la "ranger" d’un policier. Ensuite c’est la lacrymo, je ne vois plus grand-chose, on me frappe, me menotte, me jette dans un camion, me refrappe. On m’amène dans un premier commissariat, puis un second en bord de mer, là je reste debout au soleil pendant deux heures à me laisser insulter et cracher dessus. Puis on m’embarque avec deux italiens pour "Bolzanetto". Là bas c’est 20 heures debout sans manger ni boire ni dormir, bras en l’air jambes écartées, entrecoupé de torsions de bras d’une à deux heures et de passage dans le couloir ou nous attendent des carabinieri déchaînés.
Le 21 juillet au matin on m’oblige à signer une déposition en italien sans traducteur, si ce n’est deux gros bras qui me frappent. Je finis par signer, on m’emmène à la prison d’Alessandria, où je peux enfin essayer de lire ma déposition, "tentative de meurtre" et "port d’arme de guerre" (cocktail molotov)... Je suis libéré le 23 juillet à 23 heures.
En novembre dernier (quatre ans et demi plus tard), mon avocat italien m’appelle et m’annonce que mon procès va arriver. Les faits ont été requalifiés en crime de : "violence en réunion sur agent des forces de l’ordre" (avec 9 autres personnes imaginaires) et "port et utilisation d’arme de guerre".
Mon procès aura lieu le 8 mai 2006 à 9 heure du matin devant la 3ème chambre pénale du tribunal de Gênes, pour une condamnation pouvant aller de 2 à 7 ans de prison.
Voilà mon histoire, j’avais 20 ans, c’est vraiment dur d’être innocent.
Alban LAVAL