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Vacances dangereuses |
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13 mai 2006 - 15h00
Paris
Dans deux mois, le 30 juin. Les vacances.
Les milliers d’expulsions annoncées par le ministre de l’Intérieur.
Baratin. Impossible. Evidemment impossible, techniquement, politiquement : comment expulser des centaines de milliers d’ “irréguliers” ? A moins que ce pays passe d’une république dure à un état totalitaire et mette l’armée au turbin. Hypothèse peu crédible.
Donc, effet d’annonce, et traitement évidemment inefficace en ce qu’il prétend résoudre la question de l’immigration “clandestine”. Mais baratin dangereux et tout à fait efficace pour répandre la peur, accentuer la peur chez ceux qui vivent au quotidien la situation du danger, de la traque. Et les “clandestins”, coupables d’avoir fui la misère, les conflits, pour vivre, simplement pour vivre - comme nous l’aurions fait, comme l’auraient fait ceux qui ordonnent leur traque, dans les mêmes situations - sont instrumentalisés par un pouvoir cynique.
La fin justifiant les moyens, le gouvernement cogne à bras raccourcis sur les droits liés à la personne. Circulaire des ministres de l’Intérieur et de la Justice du 21 février (relative aux conditions de l’interpellation d’un étranger en situation irrégulière, garde à vue...), projet de loi CESEDA, tous les moyens sont bons :
les contrôles d’identité sont multipliés dans les endroits publics, au domicile, aux abords et même dans les foyers ;
les sans-papiers peuvent être arrêtés aux guichets des prefectures où ils auront été convoqués pour les piéger, dans des tas d’autres lieux, même à l’hôpital...
les régularisations vont devenir de plus en plus difficiles, voire impossibles, même après dix ans ou plus de présence en France ;
le regroupement familial est soumis à de telles conditions de ressources et de logement qu’il devient quasiment impossible ;
les mariages mixtes sont systématiquement suspectés comme certaines reconnaissances en paternité ;
la décision est prise d’exclure de la complémentaire CMU des malades étrangers, pour la majorité atteint de pathologies de longue durée, titulaires d’une APS (autorisation provisoire de séjour) ;
promotion d’une immigration “choisie” : l’utilitarisme migratoire perfectionné...
... voir l’analyse du CEDEDA sur : www.contreimmigrationjetable.org/article.php3 ?id_article=251
Alors, ces vacances seront dangereuses.
Il y aura des rafles, des expulsions. Des cris, des larmes, des séparations, d’infinies souffrances, des blessures, des bavures. Pour “faire du chiffre”. Pour que la parole du ministre ne soit pas totalement discréditée. Pour ramasser les suffrages en brandissant le couple maléfique immigration/insécurité.
A moins qu’on empêche cela.
Parce que, partout dans le pays, indignation et colère stupéfaite quand les gens découvrent des situations qu’ils n’imaginaient simplement pas possibles. Parce qu’ils connaissent - il s’agit de leur élève, du copain de leur enfant, de leur voisin...- celle ou celui qu’on veut arracher à son école, son collège, son lycée. Et ils se mobilisent. Et sauvent.
Déjà, quelques dizaines de milliers de signataires des pétitions du Collectif “Uni(e)s contre l’immigration jetable” contre le projet de loi CESEDA et du RESF “Nous les prenons sous notre protection !”. Il faut plus, beaucoup plus, et déclencher un véritable mouvement d’opinion contre cette politique inhumaine et liberticide.
Tous les enfants de sans-papiers, tous les jeunes scolarisés sans-papiers doivent retrouver leur école à la rentrée de septembre 2006.
Ne laissons pas faire tranquillement le sale boulot de l’expulsion.
Signons et diffusons les pétitions :
www.educationsansfrontieres.org/article.php3 ?id_article=24 Réseau éducation sans frontières
www.contreimmigrationjetable.org/article.php3 ?id_article=7 Uni(e)s contre une immigration jetable
Manifestation 13 mai 15h place de la République (Paris)
Parce qu’il n’existe pas d’êtres sous-humains
Uni(e)s contre une immigration jetable
Après le CNE et le CPE, le gouvernement poursuit sa marche forcée vers la précarisation et l’inégalité des chances.
C’est le tour des étrangers. Des rafles massives à la couleur de la peau se multiplient partout en France ; une circulaire scandaleuse du 21 février dernier sur les conditions d’interpellation détaille les moyens de piéger les sans-papiers. Une loi sur la validité du mariage multiplie les obstacles aux mariages entre Français et étrangers. Le ministre de l’intérieur ne craint pas d’épouser les propos xénophobes de l’extrême-droite stigmatisant les migrants. Le terrain est ainsi préparé pour faire passer ce nouveau projet de loi « relatif à l’immigration et à l’intégration ».
Derrière l’« immigration utile » se cache une conception archaïque de l’humanité selon laquelle certains êtres humains sont, par nature, les outils des autres.
Derrière l’« immigration subie », se cache l’idée que ces êtres humains n’ont pas de droits par eux-mêmes, que leur vie familiale, leur vie privée, leurs besoins de protection sont négligeables s’ils ne sont pas utiles à la prospérité de la France.
Si ce projet de loi était accepté :
la France deviendra un pays où les étrangers qualifiés de « subis » se verront refuser le droit à mener une vie familiale normale et au respect de la vie privée ;
la France deviendra un pays où les étrangers seront des outils sélectionnés selon leurs compétences ou selon les besoins provisoires de l’économie et jetables après usage ;
les sans-papiers seront condamnés à la clandestinité à vie puisque le projet de loi supprime la régularisation des sans-papiers au bout de dix ans de présence en France ;
le travailleur migrant jetable sera souvent au mieux en situation marginale au regard droit du travail, au pire exclu ;
l’accès au séjour dépendra du bon vouloir du préfet ;
l’accès à un titre de séjour de longue durée, condition de l’intégration, sera soumis à des conditions inaccessibles en situation instable.
Comme le CPE, ce projet de loi
enfreint les droits fondamentaux et les principes constitutionnels
ouvre la voie à un projet de société précaire pour tous
doit être retiré
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