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Procès en appel des Faucheurs à Orléans les 15 et 16 mai 2006 - Témoins de la défense (2) |
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Le 15 et 16 mai 2006, se tient à Orléans le procès en appel des Faucheurs de Gréneville en Beauce et Neuville aux Bois. Après les trois premiers témoignages de la défense puis ceux de la partie civile, les derniers témoins de la partie civile sont entendus.
L’Espagne sinistrée
Jean-Philippe Carrasco est ingénieur agronome, chercheur en phytotechnique, il est membre de Greenpeace Espagne.
Depuis 8 ans, l’Espagne est un immense terrain d’expérimentation. Le maïs Monsanto 810 est présent sous une trentaine de variétés, certaines ne sont pas autorisées, elles sont cultivées illégalement. 60 000 hectares d’OGM sont cultivés sans contrôle. La directive européenne 2001-18 a été mal transposée, il n’y a pas de registre d’essais, on ne sait pas qui cultive quoi, la traçabilité et l’étiquetage sont nuls, rien ne peut être vérifié.
Il y a un lobbying infernal des multinationales semencières sur les fonctionnaires. L’avenir des agriculteurs français est en jeu. Les Faucheurs représentent les citoyens français.
Le danger ? 15 cas de contamination de maïs traditionnel ont été constatés, jusqu’à 12% de MON-810 dans une variété locale.
Quelle est la norme de tolérance dans la norme européenne ? Pour le bio, c’est 0%.
La contamination horizontale ? Certaines bactéries sont capables d’acquérir des gènes de végétaux. Ainsi, le BT-176 a été interdit parce qu’il y avait une énorme probabilité que des bactéries acquièrent son gène de résistance aux antibiotiques.
Est-ce que les transferts de gènes sont dangereux ? Oui, même les transferts de fragments de gènes sont dangereux.
Faucheur lui-même ? Non mais Jean-Philippe Carrasco comprend les Faucheurs. C’est une affaire d’éthique, il s’agit de défendre un système agricole qui, si on ne fait rien, est appelé à disparaître.
Bilan économique ? La province d’Aragon en Espagne était très forte en maïs bio. Actuellement, ce maïs est en voie de disparition, les cultures contaminées par les OGM sont brûlées. L’élevage des porcs bio est aussi en train de disparaître. La stratégie de Monsanto est de tuer le maïs bio afin d’obliger les agriculteurs à acheter des maïs hybrides qui demandent plus d’intrants et plus d’irrigation.
Y-a-t-il des actions en responsabilité civile ? La lutte n’est pas égale entre un agriculteur et une multinationale.
Comment trouve-t-on le pourcentage de pollution d’une culture traditionnelle ? Des ONG et des groupes d’agriculteurs font faire des analyses. Il y a d’abord un test pas trop cher pour déterminer s’il y a ou non des traces d’OGM. Si oui, il faut procéder à une analyse qui coûte 400 euros par échantillon.
L’histoire merveilleuse des abeilles
Maurice Coudoin, 60 ans, est apiculteur dans le Lot et Garonne.
Les abeilles sont sur Terre depuis 65 millions d’années. Elles ont 30 000 espèces de plantes comme nourriture dont elles assurent en retour la fécondation par pollinisation. Le maïs est une plante qui produit beaucoup de pollen, donc très prisé des abeilles.
La loi de 1976 protège l’abeille. L’apiculture, c’est une épine dans le pied de la filière maïs. (Une photo montrant une abeille lourdement chargée de pollen est montrée au Tribunal). En 1998, l’apiculture s’est mobilisée dans la lutte contre le Gaucho. En 1999, une expérimentation a été faite sur le maïs. En 2h15, 400g de pollen de maïs ont été butinés par une ruche. L’abeille se déplace à 60km/h. Son rayon utile est d’ordinaire de 3km autour de la ruche, ce qui lui fait une surface d’activité de 2 826 ha. Mais l’abeille peut excéder cette distance. À 5km, sa surface d’activité est de 7 850 ha. On a même vu des abeilles butiner à 9km de leur ruche, ce qui leur confère une surface d’activité de 25 434 ha.
Trois contre-vérités sont entendues sur l’abeille et le maïs BT. Le pollen BT serait très lourd. Le pollen ne contiendrait pas le gène BT. L’abeille digérerait le pollen. Tout cela est faux.
La contamination est certaine, obligatoire. Les exemples sont là, au Mexique comme en Espagne. Il s’agit d’un crime contre la biodiversité. Les semenciers tentent la politique du fait accompli. Mais, quand bien même ils arriveraient à éradiquer les abeilles, comment vont-ils faire avec le vent ?
Le maïs BT a un impact sur les larves des abeilles qui perdent 15 jours de vie, ce qui représente 1/3 de leur vie totale.
Les Faucheurs volontaires et la non-violence
Jean-Baptiste Libouban, 71 ans, est un paysan à la retraite.
Il a 50 ans de vie dans la non-violence, il est compagnon de l’Arche de Lanza del Vasto. Son engagement date de la guerre d’Algérie. D’abord contre la torture (il note que, maintenant, les militaires ont la possibilité de désobéir), puis pour soutenir les réfractaires et obtenir le statut d’objecteur de conscience, puis contre le nucléaire civil et pour l’arrêt des essais militaires. Puis la lutte des paysans du Larzac contre l’extension du camp militaire et la victoire par la non-violence. La non-violence permet de répondre démocratiquement à un problème posé.
Percy Schmeiser est un paysan canadien dont les cultures de colza traditionnel ont été contaminées par le colza OGM d’un de ses voisins. Monsanto a attaqué Percy Schmeiser pour utilisation illégale du colza OGM et Monsanto a gagné, transformant la victime en coupable et prouvant qu’il est maintenant impossible de cultiver du colza traditionnel dans cette province.
Les Faucheurs sont dans l’esprit de Gandhi, de Martin Luther King. Il est grave de désobéir à la loi et on ne s’y résoud pas facilement. Mais, lorsqu’il n’y a plus aucun recours à cause de la loi ou du manque de loi, que reste-t-il comme solution aux agriculteurs bio et conventionnels qui se sont investis pendant 10 ans dans leurs cultures ? Que reste-t-il comme solution aux consommateurs ? La non-violence, c’est de dire non à la violence. Or Monsanto est violent puisque ses OGM entrent dans le champ du voisin. Le combat des Faucheurs volontaires se fait dans un grand respect des personnes, sans haine, sans atteinte aux biens privés. Les Faucheurs croient en la loi. Les Faucheurs prennent des risques, ils s’exposent aux violences policières et à des condamnations lourdes, comme à Riom et à Toulouse. La demande des comparants volontaires de comparaître auprès des prévenus s’inscrit aussi dans le combat non-violent. La non-violence, c’est lorsque le force de l’indignation se transforme en actions citoyennes.
En août 2003, sur le Larzac, les Faucheurs étaient 400. Ils sont plus de 6000 maintenant. On ne peut arrêter la conscience. Ghandi disait : "Ceux qui s’opposent à la loi, d’abord on se moque d’eux, ensuite on les met en prison et, quand la loi change, on les honore".
Le comptage sociologique des prévenus laisse apparaître une majorité de fonctionnaires, profession libérale et d’enseignants.
Les actions de fauchage peuvent être violentes ? À Toulouse, il n’y a eu aucune violence physique. À Riom, la partie adverse a bastonné les Faucheurs.
Le gendarme blessé à Riom ? Personne n’a été poursuivi pour cet acte.
Le traumatisme des paysans face aux destructions ? Si c’était la DDA qui venait faucher par application d’une décision de justice, est-ce que ce serait considéré aussi comme de la violence ?
Un scientifique universitaire alerte
Christian Vélot, 42 ans, est maître de conférence en génétique moléculaire à Paris Sud.
Les OGM sont produits et utilisés depuis une trentaine d’années dans les laboratoires. Christian Vélot les utilise tous les jours. Ce n’est qu’en 1990 que les OGM sont introduits dans l’alimentation.
La cellule peut être vue comme une micro-usine qui fabrique des protéines. Les gènes sont le mode opératoire de fabrication ce ces protéines. Les OGM de laboratoire servent à la recherche fondamentale et à la médecine. 15% de la pharmacopée est produite par les OGM de laboratoire.
Les OGM produits en milieu confinés ne sont que des outils, on ne les consomme pas. Tandis que les PGM (Plantes génétiquement modifiées) sont des organismes à part entière, consommés comme tels.
Il est urgent de connaître les conséquences de la production de pesticides et de la concentration d’herbicides dans les PGM consommées. Par contre, il n’y a aucune urgence à fabriquer des PGM.
Le mythe de l’intervention chirurgicale dans la cellule pour créer un OGM est erroné. On utilise des chocs électriques appelés canon à gènes pour introduire des gènes dans une cellule. Au niveau de la cellule, c’est très violent et on ne sait pas trop si on a perturbé ou pas les gènes d’origine de la plante. Il y a des gènes qui bougent, entraînant des mutations. On ne maîtrise pas les effets collatéraux des mutations. Ainsi, le champignon qu’étudie Christian Vélot devient stérile si on lui introduit un gène pour qu’il dégrade l’alcool.
Le principe de l’équivalence en substance qui détermine l’innocuité d’une PGM sur la santé est trop restrictif, trop analytique. Nous ne savons pas assez de choses sur l’expression des gènes. Par exemple, le saumon transgénique est équivalent en substance au saumon traditionnel. mais il est beaucoup plus gros, il a la tête déformée, il a du diabète et il est d’une agressivité folle.
99% des PGM sont des plantes à pesticides, soit qu’elles produisent des insecticides, soit qu’elles résistent aux herbicides et donc les concentrent (c’est le cas du maïs NK603). Il faut s’intéresser à l’interaction de la plante avec son environnement. L’accumulation de BT insecticide passe dans les racines et dans le sol. Il n’y a pas eu d’études de faites parce que les délais de mise sur le marché sont trop courts. Il y a aussi des risques de pollution génétique. La transmission verticale est sexuée, c’est celle des parents aux enfants. Pour le maïs, ça concerne uniquement la pollution du maïs conventionnel par le maïs OGM. La transmission horizontale concerne les micro-organismes qui peuvent absorber de l’ADN d’une plante. On ne connaît qu’environ 5% des micro-organismes.
Monsieur Pasteau a dit qu’il n’y a pas d’exemple de transfert horizontal. Il y a des exemples de la betterave à un champignon, du colza à un champignon. De 1994 à 2004, on a compté pas moins de 266 publications sur le sujet. Les fréquences sont certes très faibles. Mais la faible fréquence n’est pas un argument. Les études des laboratoires ne sont pas exhaustives. Les conditions sont favorables au transfert horizontal, il y a concentration du gène polluant et la destruction par broyage est une aberration. Un événement rare aujourd’hui, du fait de l’avantage sélectif que peut donner le gène acquis, sera majoritaire demain. Rare aujourd’hui, majoritaire demain.
Monsieur Pasteau a dit que le transfert horizontal concernait des fragments de gènes, non opérationnels. Oui, mais un fragment de gène peut aussi être le gène complet...
Est-on dans l’inconnu ? On ne connaît pas les propriétés complètes d’un gène. Ainsi, les gènes sont nommés en référence aux fonctions qu’ils induisent. Il y a des gènes qui ont jusqu’à 12 noms différents parce qu’ils ont été étudiés pour des fonctions différentes.
Quels sont les risques ? La nature fait des OGM depuis des millions d’années (l’homme a des gènes de bactéries). Mais à l’échelle géologique. La production d’OGM se fait avec une échelle de temps très courte. Comme exemple de dangers similaires, on peut citer les lapins en Australie ou la perche du Nil dans le lac Victoria. On peut prendre l’exemple de la ravenelle, un adventice du colza. Si une pousse de ravenelle acquiert le gène de résistance au Roundup, cette pousse va être la seule à survivre à un traitement de Roundup, elle va proliférer et va donc devenir, de fait, la ravenelle dominante sur le territoire considéré. C’est la même chose avec les maladies nosocomiales, les bactéries qui résistent aux antibiotiques apparaissent et se développent dans les hôpitaux. Avec le temps, le risque ne se dilue pas, il se concentre.
Est-ce que le confinement de vos recherches en laboratoire est parfait ? C’est la Commission du génie génétique (CGG) qui est chargée des contrôles. Pour les PGM, c’est la Commission du génie biomoléculaire (CGB). Il y a une dichotomie totale entre les deux commissions et ce n’est pas normal.
Le tabac qui fabrique de l’hémoglobine ? Il y a des alternatives aux OGM, il faut prendre le temps de les étudier. La démarche actuelle pour imposer les OGM est anti-scientifique et anti-démocratique. Il faut que les scientifiques alertent.
N’y a-t-il aucun bénéfice pour l’humanité ? Il faut d’abord faire des recherches fondamentales.
Il y a une controverse scientifique sérieuse. Pourquoi ? C’est vrai. Il y a des scientifiques scientistes parce qu’un scientifique peut faire 10 ans d’études sans une seule heure de philosophie ou de sciences humaines. Il y a des scientifiques qui abusent de leurs titres, comme Claude Allègre qui est spécialiste des volcans mais qui n’y connaît rien en génétique. Il y a ceux, comme Jean-Yves Le Déaut, qui n’ont pas touché une pipette depuis 20 ans et qui s’estiment toujours spécialistes. Mais il y a aussi des prises de conscience de scientifiques, comme ceux du CIRAD qui ont fait une pétition pour la libération de José Bové. On ne tire pas les leçons du passé. Quand on n’est pas d’accord sur une conséquence possible grave, il faut avant tout refaire les expériences. La planète n’est pas une paillasse de laboratoire.
Le découragement des scientifiques qui croient aux OGM, comme Monsieur Pasteau. Il est faux de dire que la France prend du retard dans la recherche sur les OGM. Les Faucheurs s’attaquent aux champs, pas aux laboratoires.
Que pensez-vous de l’expérimentation sur les embryons ? Il faut en débattre démocratiquement.
Maître Lebreton, l’avocat de Monsanto, demande à Christian Vélot de traduire un passage d’un article scientifique en anglais qui dit qu’aucun transfert horizontal n’a été mis en évidence par une expérience sur le NK603. Christian Vélot commente : on peut faire 800 km en voiture sans accident et en conclure que les accidents de voiture n’existent pas. Puis il prend l’initiative de traduire un autre article qui dit l’inverse.
Maître Lebreton souhaite que les débats se recentrent sur le NK603 et les affaires de Gréneville et Neuville.
Est-ce que le second article traduit concerne le NK603 ? Le transfert horizontal existe entre tous les organismes. Y compris le NK603.
Monsieur Pasteau a dit que le gène du NK603 est stabilisé. Le maïs a beaucoup de gènes sauteurs, recombinogènes. Une étude sur quatre maïs et un soja a montré qu’il y avait des mutations. Qu’est-ce que Monsanto appelle un gène stabilisé ? On ne peut pas savoir à cause du secret industriel derrière lequel s’abrite Monsanto.
Est-ce que les semences OGM répondent à la réglementation pour être inscrites au catalogue des plantes ? Toutes les plantes inscrites au catalogue des plantes ont été préalablement testées sur les critères d’homogénéité et de stabilité. Mais il n’a pas été ajouté de tests spécifiques pour les plantes OGM, de tests sur les gènes en particulier.
En cas de controverse scientifique, que fait-on ? Prenons l’exemple des articles scientifiques dans les revues à comité de lecture. Un chercheur soumet un article à un éditeur qui le donne à relire à deux scientifiques reviewers. S’il y a désaccord, l’éditeur demande au scientifique de revoir ses expériences pour enrichir le dossier. En soi, le désaccord n’est pas gênant.
La durée de études faites par Monsanto ? Voir avec Monsieur Séralini.
À quels débats avez-vous déjà participé ? Des débats à la demande de municipalités, du Conseil général de l’Isère, du Conseil régional d’Auvergne.
Qu’a décidé le Conseil régional d’Auvergne ? La société Méristem avait le soutien financier du Conseil régional d’Auvergne, bien que le département se soit déclaré hors-OGM. Méristem voulait expérimenter en plein champ un maïs transgénique à caractère pharmaceutique pour soigner la mucoviscidose. Au cours d’un débat contradictoire organisé par le Conseil Régional, Christian Vélot a expliqué les alternatives qui existent pour la fabrication de la lipase gastrique en milieu confiné. Le Conseil général a ensuite décidé de ne plus soutenir Méristem.
Quel rapport avec notre affaire ? Les élus peuvent consulter les scientifiques avant de prendre une décision. Le rapport, c’est l’aspect démocratique.
Quelle est l’utilité des PGM ? Aucune. La pyrale est apparue avec l’agriculture industrielle. Fils d’agriculteur, Christian Vélot a entendu parler de la pyrale pour la première fois quand il s’est intéressé aux PGM. Il n’y a aucune utilité sociale aux PGM.
Un autre scientifique universitaire alerte
Gilles-Éric Séralini, 46 ans professeur de biologie moléculaire à l’Université de Caen depuis 1991. Il est membre de la Commission de génie biomoléculaire (CGB) et du Comité de biovigilance. En 2003, il a été nommé expert auprès de la Commission européenne pour l’affaire du moratoire sur les OGM. Il est membre du CRII-GEN, le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique.
Gilles-Éric Séralini ne représente pas la CGB. La Commission se réunit une fois par mois et il n’y a jamais d’unanimité au sein de cette Commission. Le Gouvernement ne demande pas à la CGB de se prononcer sur l’intérêt des OGM mais simplement sur l’impact des OGM sur la santé. À la CGB, il n’y a pas de représentant des consommateurs.
99,9% des OGM diffusés dans le monde appartiennent à 2 catégories : 1) les 3/4 sont tolérants à un herbicide comme le NK603, c’est ainsi que le Roundup se retrouve dans l’alimentation 2) 1/4 produisent leur propre insecticide comme le maïs BT.
Les OGM sont peu cultivés dans les pays qui réglementent, comme l’Union européenne. Mais, si la loi était vraiment appliquée, il n’y aurait pas d’OGM autorisé aujourd’hui.
Il n’y a pas de décret pour échantillonner les champs voisins des expérimentations. Il n’y a pas de laboratoire indépendant pour doser ce qui est commercialisé. Et Monsanto maintient ses secrets de fabrication. La contamination se fait par le transport des semences, par leur stockage. Même les semences achetées peuvent maintenant être contaminées.
La directive 2001-18 n’a pas de cahier des charges, elle ne prévoit pas de test à long terme sur la santé. Les pesticides ont un cahier des charges qui impose une expérimentation sur les rats durant 2 ans. Il n’y a rien sur les OGM qui contiennent des pesticides comme le NK603, sauf un test de 90 jours sur les rats. Et il a fallu batailler pour obtenir les données concernant ces tests. La CGB n’avait pas le droit d’en parler. Le CRII-GEN est allé soutenir Greenpeace Allemagne pour obtenir les résultats des tests sur les rats nourris pendant 90 jours avec du maïs Monsanto. Ces résultats font apparaître plus de 50 effets significatifs sur la santé. Monsanto l’admet mais prétend que ce n’est pas grave... Les résidus de Roundup ont des effets délétères. Il faut faire des tests sur les pesticides contenus dans les plantes OGM.
Parlons des considérations économiques : si des essais à long terme étaient imposés, si un étiquetage sérieux était imposé, alors les OGM ne seraient pas rentables.
Le Tribunal administratif de Clermont-Ferrand et le Conseil d’État ont déclarés les essais illégaux parce que les parcelles n’étaient pas identifiées. Si la loi était respectée, aucun essai ne serait légal.
98% des OGM alimentaires sont cultivés aux États-Unis, au Canada, en Argentine, en Amérique du Sud. Dans les autres pays, les OGM ne se développent que par contamination.
La génétique est une science moderne. La génétique date d’une cinquantaine d’années. C’est une science qui transforme la vie, comme les nanotechnologies et les sciences de l’information. Les OGM sont commercialisés depuis 20 ans.
Est-ce que la modification du patrimoine génétique est irréversible ? Oui. Et elle s’amplifie avec le temps. Alors que même la pollution nucléaire s’atténue avec le temps !
En milieu confiné ? Il n’y a pas de problème avec les OGM en milieu confiné pour produire de l’insuline ou de la lipase gastrique pour soigner la mucoviscidose.
Quel serait le délai d’expérimentation en milieu confiné ? Pour le Monsanto 863 qui produit un insecticide nouveau, il faudrait faire les tests applicables aux pesticides. On aurait eu le temps de les faire pendant la durée du moratoire.
Pourquoi la directive 2001-18 n’a pas encore été transposée ? Les raisons sont économiques. La diffusion des OGM ne peut se faire que si la réglementation est mauvaise, laxiste. Les enjeux sont colossaux. Si les transnationales semencières arrivent à mettre des brevets sur le maïs, le blé, le soja et le riz, elles contrôleront 60% de l’alimentation de la planète.
Que signifierait une transposition exacte ? La plupart des risques seraient pris en compte, les risques pour l’environnement et l’accroissement de l’utilisation des herbicides comme le Roundup.
Les OGM sont brevetés. Mais les variétés non OGM sont bien réutilisables ? Ce sont les industriels qui mettent les semences au catalogue européen des semences. Ils y mettent ce qu’ils veulent.
Les pouvoirs publics accèdent aux désirs des industriels ? Nous vivons dans un monde libéral.
En Asie, en Afrique ? Aujourd’hui, il y a 90 millions d’hectares OGM cultivés dans le monde, essentiellement du maïs et du soja. Mais le blé et le riz arrivent.
Plus de 2 ans se sont écoulés pour les tests de santé. Il y a eu des expériences nombreuses sur les transferts de gènes mais les tests à 2 ans pour vérifier l’innocuité alimentaire n’ont jamais été faits.
Pourquoi Greenpeace ne fait pas ces tests ? Le CRII-GEN a demandé des fonds pour procéder à ces tests et a obtenu 100 000 euros. Il en faudrait 400 000. De plus, les autorités ne veulent pas se déjuger. Le maïs BT-176 de Novartis a été validé et autorisé sans test alimentaire. Si les tests étaient faits maintenant, ils montreraient l’incurie précédente.
La FAO, l’OMS ? Une faillite absolue ? Ces organismes n’ont jamais réclamé de tests de plus de 3 mois sur les animaux. L’OCDE commence à rédiger un cahier des charges. Il y a quand même une évolution positive.
Qu’est-ce que le CRII-GEN ? C’est le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique. Corinne Lepage en est la présidente. Cet organisme est financé par ses adhérents.
La protéine produite par les maïs BT est utilisée en bio ? Les maïs BT produisent une protéine insecticide qui vient d’une bactérie du sol et qui est parfois utilisée en agriculture bio. Mais cette protéine du maïs n’est pas identique à celle de la bactérie. On a relevé jusqu’à 44% de différences. Alors que pour un médicament, quelques pourcents suffisent à relancer un processus d’homologation.
Les résultats des tests sur les rats ? La justice a imposé la divulgation des résultats des tests à 90 jours sur les rats. Pour le maÎs MON-863, les tests montrent des effets sur le foie et les reins. Monsanto le reconnaît mais prétend que ce n’est pas grave. Pour le NK603, il y a une cinquantaine d’effets significatifs, sur les globules rouges, les globules blancs, le foie, les organes de détoxification, etc., il y a aussi des différences d’effets en fonction du sexe des rats.
Y-a-t-il danger ? Oui.
La CGB a donné en 2001 une autorisation puri-annuelle d’expérimentation sur le maïs. Le Conseil d’État a décidé que cette autorisation était illégale. 95% des demandes d’expérimentation sont faites sans que la CGB ait accès aux parcelles d’expérimentation. La contamination est inévitable mais la CGB considère que ce n’est pas grave.
Fait-on des tests sur les animaux nourris aux OGM ? Non. Les OGM ne sont pas étiquetés aux États-Unis. Il faudrait faire des tests sur les animaux nourris aux OGM. Ce peut être très grave de manger des animaux malades.
Que disent les observateurs de santé publique ? Les registres sur le cancer n’existent pas partout. L’OMS s’intéresse plutôt au paludisme parce que c’est une maladie à court terme et à la causalité évidente.
Y-a-t-il une augmentation significative des cancers ? Oui mais nous n’avons pas d’éléments statistiques précis.
À l’OMC, il y a conflit avec les États-Unis. Il y a un désaccord entre les États-Unis et l’Union européenne sur les OGM. Les États-Unis demandent que les produits OGM ne soient pas étiquetés et que les évaluations de risques ne soient pas faites. Les États-Unis soutiennent que les OGM sont équivalents au croisement naturel. Et à l’OMC, la règle quand on importe, c’est d’accepter les méthodes d’évaluation de l’exportateur. D’où le conflit.
Les assurances ? Les assurances ne couvrent pas les risques qui ne sont pas évaluables.
Les résidus de pesticides que contient le NK603 sont réglementés par ailleurs. Les herbicides comme le Roundup, répandus sur les cultures de maïs comme le NK603 sont en effet homologués. Mais il faudrait faire des tests sur des animaux avec le produit complet, le maïs qui a accumulé l’herbicide. On aurait ainsi les effets des vrais résidus.
Le seuil de 0,9% ? C’est un seuil économique.
L’angoisse d’un paysan
Gérard Soula est paysan bio.
Il dit l’angoisse des producteurs de bio. Aujourd’hui, ils sont 11 402 en France, la progression est de 15% par an, la demande est très forte. Pourtant, si les OGM sont autorisés, les producteurs bio sont condamnés. Le cahier des charges du bio interdit toute présence d’OGM. La pollution est inévitable et reconnue, ce sera un désastre économique.
Quel est le pourcentage d’OGM autorisé dans les produits bio ? Le cahier des charges est clair, c’est 0%.
Qui élabore ce cahier des charges ? Les consommateurs et les transformateurs. Il est validé par le Ministère de l’agriculture.
Qui contrôle ? Les analyses sont obligatoires et se font au frais des producteurs.
Louis Amigo
Création de l'article : 10 juin 2006
Dernière mise à jour : 19 juin 2006
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