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Les alternatives au réacteur nucléaire EPR : 2 fois plus d’électricité, 15 fois plus d’emplois |
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L’année 2006 est une période importante de choix pour la France en matière de politique énergétique. La construction d’un prototype de réacteur nucléaire "EPR" à Flamanville, en Normandie a été décidée, et devrait débuter en 2007.
La France, avec 58 réacteurs nucléaires en service, est largement suréquipée. Le réacteur de type EPR, qui n’apporte aucune amélioration notable quant au risque d’accident ou à la gestion des déchets nucléaires, est pourtant pressenti pour le remplacement des centrales actuelles dans 1 ou 2 décennies.
Cette décision a été prise par EDF et le gouvernement français sans qu’aucune alternative n’ait jamais été sérieusement envisagée, et les débats publics ont été organisés alors que la décision était déjà prise ! Pourtant, un sondage publié le 25 janvier 2006 par la Commission européenne révèle que, pour répondre à la crise énergétique, seuls 8 % des citoyens français (et 12 % des européens) proposent de développer l’énergie nucléaire.
Avec le projet EPR, dont le coût prévu est de 3 milliards d’euros, le nucléaire continue d’accaparer la quasi totalité des budgets publics de l’énergie, et ce au détriment d’un vrai plan de sobriété énergétique et de développement des énergies renouvelables.
C’est dans ce contexte que le Réseau "Sortir du nucléaire" a chargé le cabinet "Les 7 Vents du Cotentin" de Basse-Normandie (Manche) de réaliser une étude sur le thème : "Avec les 3 milliards d’euros prévus pour le prototype de réacteur nucléaire EPR, que pourrait-on faire dans la région "Grand Ouest" de la France, dans le domaine de la maîtrise de la demande d’énergie et des énergies renouvelable, et pour l’emploi ?" Cette étude a été rendue publique à l’occasion du grand rassemblement organisé le 25 avril 2006 à Cherbourg, à l’appel de 275 organisations nationales dans 47 pays, qui a réuni près de 30 000 personnes.
Présentation de l’étude
Un état des lieux énergétique des 4 régions concernées (Bretagne, Pays de la Loire, Haute et Basse-Normandie) a permis de déterminer les potentiels locaux. Les 3 milliards d’euros étant destinés à la seule production électrique, c’est dans le domaine de l’électricité que les potentiels de production renouvelable et d’économie ont été dégagés. Plusieurs actions concrètes sont alors proposées, qui se répartissent selon les thèmes suivants :
La première proposition est de consacrer 10 % du budget à la création et au fonctionnement de 50 Agences locales de l’énergies (ALE) réparties sur le territoire du Grand Ouest, créant plus de 400 emplois. En effet, l’ensemble des propositions implique de sortir du modèle français au profit d’une décentralisation des compétences pour la gestion de l’énergie. Les ALE constituent les acteurs de base indispensables à la mise en œuvre des mesures proposées.
33 % du budget sont attribués à des mesures de maîtrise de l’énergie, pour un objectif d’économie de 7 Twh électrique. Des programmes spécifiques sont prévus, visant différents publics :
- des campagnes d’information sur l’éclairage et l’électroménager économe, ainsi que la chasse aux veilles inutiles dans l’habitat et le tertiaire.
- la mise à disposition de crédits à prix bonifié pour encourager l’achat de matériel économe.
- la promotion de l’habitat bioclimatique et la création d’une subvention de 2000 euros par construction bioclimatique, afin de couvrir une partie du surcoût à l’investissement.
- des mesures de conseil et de "prime à la casse" pour le remplacement des moteurs électriques les moins efficaces dans l’industrie
- la généralisation des actions au sein des collectivités locales telles que diagnostic des consommations des bâtiments communaux, régulation du chauffage et de l’éclairage, investissement dans des équipements économes, construction de bâtiments "basse-énergie"...
22% du budget sont attribués à des mesures visant à remplacer les usages thermiques de l’électricité par une production de chaleur d’origine renouvelable (bois, solaire). L’objectif est de 4 Twh électriques économisés et 4800 emplois créés. Les moyens :
- Campagne de remplacement du chauffage électrique par des poêles à bois à granulés, appareils modernes qui offrent un grand confort d’utilisation. Un programme d’achat groupé permettrait d’une part le développement de la filière, d’autre part la mise en place d’un système d’abonnement pour fournir à l’utilisateur l’appareil et le combustible, pour un coût inférieur à la facture électrique.
- mise en place d’un crédit à taux zéro pour favoriser l’installation de chauffe-eau solaire, renforcé par des campagnes d’achat groupé permettant d’obtenir une baisse des coûts.
25 % du budget sont prévus pour favoriser la production d’électricité, majoritairement renouvelable. L’objectif est de 11 TWh électriques produits et 5500 emplois créés. Les moyens :
- Promouvoir la production de biogaz (gaz produit à partir de la matière organique). Les ressources du Grand Ouest en biomasse agricole, et notamment en lisiers animaux, sont énormes et actuellement très peu valorisées.
- Utilisation du biogaz comme combustible dans des installations de cogénération, qui permettent de produire à la fois de l’électricité et de la chaleur, avec un très bon rendement. L’étude propose de financer 30 % des investissements pour la mise en place des filières de biogaz et de cogénération.
- Favoriser la micro-cogénération : le remplacement des chaudières "classiques" à gaz (ou même au fiul) chez les particuliers par des "cycles Stirling" permettrait de produire efficacement de l’électricité et de la chaleur en cogénération.
- Financer des études sur le capital éolien. Malgré son fort potentiel, l’éolien se développe peu en France. La réalisation d’études de potentiel sur l’ensemble du territoire concerné permettrait de fixer dans la concertation quels sont les lieux d’implantation acceptables, et de déterminer la faisabilité technique et financière. La mesure proposée est de prendre en charge 80 % du coût des études nécessaires, en partenariat avec le communautés de communes. Ce soutien financier vise à créer une dynamique qui relance la filière éolienne et favorise l’implication des acteurs locaux.
Enfin, 10 % du budget sont consacrés à la recherche et le développement d’autres sources d’énergies prometteuses :
- centrales photovoltaïques de démonstration, encore trop coûteux pour une production à large échelle
- recherche sur les énergies des mers, les piles à combustible, filières prometteuses mais pas encore mûres technologiquement
- éoliens offshore, dont le potentiel est énorme dans la région
Résultat et conclusion
L’étude montre qu’avec la même somme (3 milliards d’euros) :
on pourrait obtenir une capacité de réponse aux besoins électriques deux fois supérieure à celle de l’EPR, en ajoutant la production d’électricité à celle qui est évitée.
le nombre d’emplois pérennes dépasserait les 10 000. Le projet EPR quant à lui comptera jusqu’à 2300 personnes en phase de construction. Sur quinze ans, la moyenne cumulée est de 600 emplois créés. L’effectif permanent sera de 250 à 300 emplois.
Ces actions, si elles se concrétisent, engageront le Grand Ouest sur la voie de la productivité énergétique. Plus compétitives, à la pointe de l’innovation, les régions feraient un pas décisif en matière de performances économiques et d’amélioration des conditions sociales et de respect de l’environnement. Véritable tournant en France, amorce vers une politique de décroissance, les évolutions en matière de consommation et de production électriques rendront obsolètes les projets d’EPR et de ligne THT. A la place d’une seule dépense de 3 milliards d’euros - un chantier de quelques années qui ne changera pas la situation énergétique de la France d’un iota (la surcapacité nucléaire sera toujours là) - on pourrait... changer d’avenir.
Cette alternative, par le biais de propositions concrètes, incite chaque personne, chaque collectivité territoriale à devenir un acteur de la politique énergétique, pour le respect des générations futures.
L’étude "un courant alternatif pour le Grand Ouest" est disponible sous 2 formes :
- Document de l’étude complète (114 pages) : 12 euros (port compris)
- Brochure de synthèse grand public (16 pages couleur) : 2,5 euros l’exemplaire, 6 euros les 5, 10 euros les 10 (Port compris).
Commandes auprès du Réseau "Sortir du nucléaire" 9, rue Dumenge 69317 Lyon Cedex 04 (chèque à l’ordre de Sortir du nucléaire), ou téléchargement gratuit sur : www.sortirdunucleaire.fr :
- Synthèse de l’étude (brochure grand public de 16 pages - document pdf de 2Mo)
- Etude complète (114 pages - document pdf de 8Mo)
Le Réseau "Sortir du nucléaire" est une fédération de 720 associations. Son objectif est d’obtenir l’abandon du nucléaire en France grâce à une autre politique énergétique, en favorisant notamment la maîtrise de l’énergie, et le développement d’autres moyens de production électrique. Réseau "Sortir du nucléaire", 9 rue Dumenge, 69317 Lyon Cedex 04. Tel : 04 78 28 29 22. Fax : 04 72 07 70 04. www.sortirdunucleaire.fr
"Les 7 Vents du Cotentin" est une Société Coopérative d’Intérêt Collectif basée dans la Manche. A la fois bureau d’études et Espace Info Energie, elle exerce son expertise dans les domaines du développement de la maîtrise de l’énergie et des énergies renouvelables.
Les 7 vents du Cotentin, 3 rue Gambetta, 50 200 COUTANCES. Tel 02 33 19 00 10
Auteurs divers
Création de l'article : 19 juin 2006
Dernière mise à jour : 19 juin 2006
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