Où s’arrête la guerre ? Le quart des habitants du pays dorment en dehors de leurs maisons. Le quart des habitants du pays sont émigrés, réfugiés, déplacés. Le pays est bombardé. Qu’est ce que tu fais quand le pays est bombardé ? Les bombes tombent du ciel. Qu’est ce que tu fais quand les bombes tombent du ciel ? Est-ce que les maisons se solidifient ? Est-ce que tu as un refuge sous la maison ? Mais à quoi sert le refuge ? Les gens meurent sous la terre.
Tel est notre pays. Ici on naît. Et ici on meurt. Ce n’est point de l’héroïsme. L’habitude. L’habitude. Les habitudes se font tuer. La répétition des mêmes expressions aussi. Blinkos a cité un homme qui ne dit jamais un mot une seule fois. Chaque fois qu’il prononce une expression il la répète deux fois.
Il était peu bavard et il utilise peu de vocabulaire et avec ce peu de mots il essaie de construire une formulation de son univers. Que peuvent les mots ? Shakespeare a douté d’eux. Qu’écrirait l’auteur de « Macbeth » s’il traversait le monde d’aujourd’hui ? Ecrirait-il des romans historiques ? Un millions de déplacés nous dit l’ONU. Les frontières sud du pays se vident de ses gens. Le feu les chasse, comment peuvent-ils rester ?
Homère a compté aux débuts de l’Iliade des troupes et des armées. Aujourd’hui on ne compte pas d’armées. On compte des déplacés. Homère a compté les troupes de l’armée d’attaque, il a compté les Grecs. Il a compté aussi les troupes de l’armée de défense, les troupes de Troie et leurs alliées. Il a cité les dirigeants, il a compté les navires, il a compté les chars et les chevaux. Il était obsédé des noms et des chiffres. Qu’est ce que les guerres ? Des groupes d’humains fauchés par la faux de la mort. On compte les noms ensuite on compte les tombeaux. Quel monde étrange ?
Entiers
La cité est vide et en même temps pleine. A Sidon il y cent vingt mille réfugiés. Un demi-million à Beyrouth ? La montagne libanaise est pleine de réfugiés. Plus de cent mille réfugiés ont traversé les frontières vers la Syrie. Toutes les pancartes publicitaires de Beyrouth n’ont pas été changées depuis le début de la guerre. Une seule est nouvelle et sur laquelle on peut lire « les lignes aériennes syriennes : des vols depuis la Latké vers tous les pays du monde, le transfert terrestre est assurée par nos soins ». Des bus climatisés et non climatisés ont transporté des réfugiés de Beyrouth vers la Latké. Des avions les ont pris par la suite vers des points dispersés sur la carte.
Maintenant les routes sont coupées. La route de Damas est coupée. La route du « Masnaa » [le Masnaa (usine en traduction) est le point de passage frontalier du Liban en Syrie] est coupée. La route du nord est coupée. Ils ont bombardé tous les ponts. « Mdiraj » aussi. Et le grand et le petit « Moamiltin ». Comment peuvent nous aider les lignes aériennes syriennes maintenant ? On fuit vers la mer alors. Des bateaux viennent de L’île de Chypre. Est-il permis qu’ils arrivent ? Parfois on permet aux pétroliers de rentrer dans le port de Beyrouth. D’autres fois non. L’électricité peut se couper définitivement. Nous n’allons pas citer la queue devant les stations d’essence. Mais comment on ne peut pas les citer ? Sans carburants comment tu peux lire ces lignes ? L’essence ici est une nécessité. Sans elle comment peut se mouvoir le monde moderne. L’essence, le gaz et le gasoil. L’électricité est coupée. L’obscurité a attaqué la feuille, les doigts, les yeux. Qu’est ce que nous allons faire dans ces grottes ? Quand finira cette guerre ? Est-ce qu’elle s’arrêtera et nous sur terre ?
Recette de haricots.
Une femme prépare des haricots dans le jardin de Sanayeh. D’où est ce qu’elle a ramené ces haricots ? De l’UNICEF ? La femme qui s’est déplacé de « Majdal Salm » à « Rouis » au jardin des déplacés sourit en faisant bouillir les haricots dans une petite casserole. La flamme de la cuisinière tremble à cause d’un léger souffle d’air. La femme sourit et dit que sa fille a ramené les haricots qu’elle a cueillis de la clôture. Une autre femme assise à coté de la femme qui prépare le plat raconte que la petite fille était debout derrière les barreaux de la barrière observant les passantes et les passants. Une femme des habitants du quartier est passée emportant des sacs verts dans la main. Elle a vu la petite fille regardant ses sacs, elle lui a dit prend celui-là. Le sac était rempli de raisins, mais la petite fille n’aime pas le raisin, elle a demandé un autre plein de haricots.
Il y a cinq jours, L’UNICEF est venue au jardin public et a déposé des réservoirs d’eau pour les déplacés. Ces réservoirs en plastique sont alignés sur le mur du lac sec. Maintenant ils peuvent se laver avec ces eaux. Et boire aussi. Ils ont ramené des tentes aussi. Pas beaucoup. Tous dorment sous les étoiles et les nuages sauf les familles qui ont pu avoir une tente. Les conditions dans le jardin se sont améliorées. Cette amélioration n’apparaît pas de prime abord mais c’est réel. Les comités de secours distribuent des repas chauds à l’heure du déjeuner. Des lentilles cuisinées, des pois chiche, des fèves et des betteraves qui ne réparent pas la faim de tous mais qui les fait tous manger.
Un immeuble dans lequel il y a un village
Dans une allée qui part de l’avenue de Lyon à Hamra, un immeuble destiné à être démoli a été envahi par les déplacés. L’immeuble est debout. Il contient des étages, des chambres et des toilettes, et sur son toit des réservoirs. Ils n’avaient pas encore enlevé les réservoirs du toit élevé. Ils l’avaient promis à la destruction quand les bombardements ont commencé et les bombes sont tombées. L’immeuble s’est rempli du sud et de la Dahié (banlieue).
Homère ne va pas compter ces noms. Il ne va pas compter les gens et leurs villages. S’il était là, il l’aurait fait. Mais il n’est pas là. Qui peut recenser les noms de ceux qui habitent dans cet immeuble ? Ici on recense les noms des morts. On appelle les forces de la sécurité intérieure et on demande les noms. On attend le maire de Tyr et on publie les noms de ceux qui sont inhumés dans la fosse commune. On ne recueille pas les noms des vivants. A-t-on peur pour eux ? Un immeuble qui grouille de gens. Une chambre à coté d’une autre. Une chambre sur l’autre. Le lieu est étroit et ne suffit pas. Les chambres sont élargies par les balcons, et vers les marches aussi. Les lits se multiplient sur les toits. Nous dormons par trois sur le même lit. Le grand balcon est pour le linge. Le linge est sur les murs. Nous changeons le visage de la Cité. Qu’est ce qu’on peut faire ? Comment on vit si on ne lave pas nos habits. Et comment on peut s’habiller si les habits sont humides ?
Dans un seul immeuble se rencontrent des villages entiers. Des enfants jouent sur les marches. Ils dansottent et rient. Est-ce qu’on peut rassembler dans un immense immeuble comme celui là un petit village ? Les villages sont vides maintenant. Les maisons tombent. Sous les débris, des corps. Qui va retirer ces corps ? Qui va les laver, les ensevelir, les inhumer dans le ventre de la Terre ? Regrets sur l’humanité. « Bin Jbil », seul village où les caméras ont pu pénétrer. A coté de Tyr des villages nombreux ont été démolis sans que les caméras puissent y entrer. Des villages qui se perdent sur les collines. Des maisons égarées sur les plateaux et perdues dans les ruisseaux. Est-ce qu’on verra ces maisons et ces villages une autre fois comme elles étaient ? Est-ce que le sud tel qu’on l’a connu est fini ?
Comment, de ce point éloigné peut-on connaître le niveau de la destruction ? Combien d’immeubles ont été aplatis dans la banlieue sud et le quartier de « ouzaii » ? 100 ? 200 ? Moins ou plus ? Combien de villages ont été brûlés sur la frontière sud ? Ne comptons pas les habitants de l’immeuble de l’allée qui part de l’avenue de Lyon. Comment peut-on recenser ceux qui ont trouvé refuge dans les écoles de « Caracas », « Salim Salam », « le Gouvernera », « Basta », « Mousitba », « Cola », « Achrafieh » et « Borj Hamoud » ? Des tentes sont plantées dans le terrain du stade de « Borj Hamoud ».
Notre pays est un pays de réfugiés. Dans le passé, sur cette terre, sont venues les familles arméniennes qui ont fuit l’oppression turque. Elles sont arrivées ici et ont demeuré ici. La vallée était des jardins de mûriers et d’orangers. Aujourd’hui la vallée est devenue une ville. Notre pays est un pays de réfugiés. Le plus important est qu’il reste vivant. Sur le toit d’une allée qui part de l’avenue « Spirz » des jeunes jouent aux cartes. Ils jouent aux cartes et fument des cigarettes. Le soleil ne tape pas sur leur tête, ils ont prévu un parasol. D’où est ce qu’ils ont eu ce parasol en nylon épais ? Comment ont-ils atteint ce toit de la région « Spirz » ? Où a commencé leur périple ? Il n’a pas commencé de la banlieue. Il n’a pas commencé de « Harat Hreik », « Bir il Abd », « Rouis » ou « Jisr il Matar ». Il n’a pas commencé du « Chayah » et non plus de « Mouawadh ». Ils sont venus de villages lointains. Ils sont restés un temps dans le quartier de « Ouzaii », ensuite les bombardements les ont écartés vers ce toit. Est-ce qu’ils reviendront un jour à leurs villages lointains. Les arbres verts, la vieille demeure et le patio spacieux leurs manqueraient-ils ? Préféraient-ils la ville ? Qui saurait ce qu’ils préfèrent ? Ils sont venus de « Zebkine », de « Inata », de « Majdal Zoun ». Ils sont venus de « Kalila », de « Kfar Jouz » et de « Haris ». Ils sont venus de « Khiyam », « Chebaa », « Yater », « Chouhour » et « Safad Al battikh ». Ils sont venus de « Aita il Chaab », de « Tayri » et de « Kfar Tibnit ». Ils sont venus de « Taybé », de « Zoutaré » et « Arabsalim ». Ils sont venus de loin, de très loin et se sont installés dans cette ville.
De Tyr à Beyrouth il y a 83 km qu’on parcourt en une heure, qu’on parcourt en deux heures. Aujourd’hui on ne peut plus les parcourir. La route est coupée. Le taxi pour Tyr demande 100 dollars si tu en trouves. Le jour de la courte trêve, la semaine dernière, le voyage par taxi de « Bint Jbil à Beyrouth » a couté 1000 dollars US. Des gens qui exploitent des gens. L’homme est incroyable.
Les loyers se sont multipliés. Tous veulent gagner plus. Même dans ces temps noirs. Les bénévoles dans les organisations de charité et les comités de secours sont nombreux. Mais les mauvais sont nombreux aussi. « Les mauvais », nous dit la vieille femme assise sur les marches de « Ain Mraissé » et qui mange un bout de gâteau, sont nombreux. D’où vient cette vieille ? Où est ce qu’elle va ? « Les mauvais » a dit la vieille, que Dieu les décime.
Dragon
Cette vieille n’a pas vu le serpent noir qui a apeuré « Al Achrafiéh », mi juillet. Un serpent long de deux mètres est apparu. La peur s’est propagée dans le quartier. Des jeunes ont pris les pierres et les ont lancées sur le serpent rampant au milieu de la route. Ils ont lancé dessus des pierres qui tuent un dragon. Ils l’ont tué. Des grands et des petits se sont mis en cercle autour du serpent mort. Ils l’ont observé. D’où vient ce serpent dans ces temps noirs ? Une femme a ramené un balai et l’a poussé vers le trottoir. Qui va jeter ce serpent dans les bacs de poubelles publiques ? Ces grands bacs verts sont pleins à craquer. Les éboueurs ont quitté la ville. Le serpent est resté sur la l’asphalte. Le soleil l’a pourri. Les vers sont sortis. Les mouches ont bourdonné. Des jours se sont suivis et le serpent n’a pas été dégagé de l’asphalte. Qui dégagera ces mauvais jours ?
Le village de l’enfance
L’homme qui est entré dans le village sinistré a dit qu’il ne l’a pas reconnu. Il a vécu dans ce village les années de son enfance et sa jeunesse. Il le connaît ruelle par ruelle, maison par maison. Il connaît les chambres à l’intérieur des maisons. Où est le village maintenant ? L’homme qui s’est rendu au village pour emmener son grand père à Beyrouth a dit qu’il n’a pas trouvé le village. Il a trouvé la maison de son grand père. Il a trouvé son grand père vivant et en bonne santé mais pas guéri. Les bruits l’ont dérangé mais pas beaucoup. La vieillesse aide. Son ouïe est lourde. Les bombardements ne l’ont pas tué mais quand il est parti avec son petit fils il est soudainement apparu vieilli. Chez lui il n’était pas aussi vieux. Il a regardé les débris des maisons, il a regardé vers les chemins perdus. Où sont-ils ? Il a regardé l’arbre dont les branches ont disparu et dont les racines sont apparues en dehors de la terre. Il a regardé l’extérieur et n’a pas su comment bouger. Le petit fils lui dit vient grand père, vient grand père, la voiture est là et t’attend et lui montre son stationnement lointain et lui ne bouge pas. Il est sorti à l’instant de la porte de sa maison où il a vécu toute sa vie. Il est sorti de la porte de sa maison vers un lieu qu’il n’a jamais connu. Qu’est ce que ce lieu ?
Des tours.
Réfugiés vers des jardins, des écoles et des places. Pauvres et non pauvres. Réfugiés vers des maisons et des hôtels. Vers « l’hôtel de ville », vers le « Daouk résidence » vers le « como garden », vers des stades et des immeubles délaissés, vers les maisons de proches et d’amis. Un million de réfugiés et des ponts à terre. Les ponts tombent et les villes tombent. Un million de réfugiés que dispersent des bombardements sans fin.
1000 morts, dont une partie inhumée et une autre partie est encore sous les débris. Que nous cache l’avenir ? Du toit d’un grand immeuble à « al hamra » tu peux voir le sommet du « Marian Tower’s » et du « Holiday Inn ». Le « Holiday Inn » a été inauguré en 1975. Dès qu’ils l’ont ouvert, la guerre civile a commencé. La guerre des deux années a incendié cet hôtel. Le « Marina Tower’s » n’a pas été ouvert encore. Pendant l’année des voitures (2005) ils l’ont élevé encore plus haut. Quand vont-ils l’ouvrir ? On suppose qu’ils l’ont achevé. Il s’élève plus haut que le « saison’s Hotel ». Il n’a pas atteint la hauteur prévue par les plans. Quand atteindra t il cette hauteur ? Le chantier est arrêté. Les chantiers côté mer sont délaissés. Le chantier du « village estival 2 » sur la place des martyrs est vide. Les ouvriers ont quitté la ville à l’heure des mauvais sorts.
La coupole du cinéma « Cité Palace » qui demeure depuis les temps de désolation n’apparaît plus muette en cette heure. Elle parle mieux que les hautes tours. Elle dit des mots audibles et d’autres pas. Qui va écouter une coupole de ciment qui demeure depuis les temps de désolation ? Le « Holiday Inn » est plein de chambres vides. La tour de « Borj Il Mor » aussi. Trente six étages jamais habités. Lors de la guerre civile, des snipers ont utilisé cette tour. Par la suite l’immeuble s’est transformé en un lieu de rencontre des partis et une prison. La tour est complètement délaissée maintenant. Les réfugiés n’occuperont pas cette tour. Ils n’occuperont pas le « Holiday Inn » non plus. Personne n’approche ces immeubles. Sont-ils habités par des êtres non visibles ? Le passant à côté des ruines de la guerre civile entend une voix qui vient des entrailles de la terre, de son ventre. Est-ce qu’on l’entend ?
Le vendeur de bonbons
Une femme sort de l’église de notre dame « Achrafieh » et se pose la question : pourquoi se multiplient les moustiques ? Le vendeur de bonbons sous les murs de l’église sème du sucre fin sur du pop corn et dit que c’est à cause des poubelles. Il dit que les reptiles sortent des fissures à cause des bombes et que la cause des moustiques est la poubelle. Les mains du monsieur sont énormes. La couleur de sa peau est rouge et son sourire est beau. Il dit que les clients sont peu nombreux. Sur son visage des rousseurs. Sur sa gauche « Soudour il mouchabbak », le « maakaroun » et le « awam ». Sur sa droite le « Saj » [plateau rond et bombé sur lequel on cuit le pain servielle]. Sous la planche en bois la bouteille du sirop de sucre. Il dit que les visages qu’il connaît sont devenus rares. Il est probable qu’ils sont partis ou dans leurs maisons ou encore dans la montagne libanaise.
Le Soleil.
Le Soleil, rouge sang, apparaît derrière la montagne de « sanin ». Le triangle montagneux est d’un bleu sombre. Un pigeon s’envole et quitte la cache des pigeons, ce matin, après les bombardements de la nuit, le roucoulement terrible et les bombardements successifs. Le Soleil apparaît encore plus rougeâtre dans les vapeurs du matin. La ville dort, fatiguée. Un coq comme s’il était enfoui après un tremblement. « Al Makrisi » a raconté qu’un tremblement avait par le passé bougé une montagne et enfoui des villages entiers. Les habitants de la montagne du Liban ont appris de leurs aïeux l’histoire de coqs enfouis par un tremblement de terre et qui ont continué à crier de sous terre. Les coqs se sont fait piéger sous la terre et ont crié pendant cinq jours avant d’étouffer de manque d’air. Leurs cris se sont tus. Le Soleil est rouge sang ce matin. Combien de villages enfouis sans tremblement de terre ce matin ? Les villages ne se font pas enfouis de la sorte. Combien de maisons sont enfouies sous les débris ? Le sud a-t-il fini tel qu’on l’a connu ? Où sont les maisons en pierres blanches bâties par les immigrés de « Bin Jbil » ? Où sont-elles ? Les villages à l’est de Tyr qui ira les recenser et qui s’en rappellera après cet été ? Le Soleil est rouge brûlant ce matin. Le pays bombardé, comment voit-il le ciel à l’aube ? Le ciel change et les yeux changent après la nuit des navires de guerre et des bombardements.
Des enfants et des arbres
Le jeune homme volontaire a accompagné des enfants réfugiés à l’université américaine de Beyrouth. Il leur a montré les locaux. Ils ont marché sous l’ombre des arbres et se sont assis sur des bancs verts. Sous le figuier sycomore, la fille a dit qu’ils ont un arbre comme celui là devant leur maison à « Zararié ». Sa sœur a dit que celui-ci n’est pas comme l’autre. La troisième a dit que c’est vrai, c’est le même et il salit les voitures, c’est le même. Elles disent toutes, c’est vrai, oui c’est vrai.
On boit l’eau et on regarde la mer, entre les arbres et on oublie que c’est Beyrouth
12 cyprès ont été plantés par Daniel Palace en 1880. Les cyprès se sont élevés comme des flammes sombres dans un tableau de Van Gogh. Les enfants comptent les cyprès. Loin, en bas, apparaît la corniche du phare. La corniche est vide non comme à l’habitude. Le chantier du nouveau stade dans la partie inférieure de l’enceinte universitaire est arrêté. Un oiseau, noir d’ailes, bleu de ventre, blanc de cou, bourdonne sur un arbre de discorde. Les enfants surveillent l’oiseau. Il survole des orangers, et va vers un arbre dont les fleurs sont jaunes. Une couleur jaune luisante qui remplit les yeux.
Ils boivent l’eau de bouteilles en plastique et regardent la mer. La mer est bleue et infinie. Où est tu ? Comme si tu étais en dehors du monde. Des gouttes du Soleil brillent comme de l’or sur la surface de la mer. Pas de bateaux. Ni de mouettes. Pas de fumée. Le lieu est encerclé. Au-delà de ce mur l’orage continue.
Rabiî Jaber
Traduction CCIPPP (Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien)
Le site de la CCIPPP a ouvert une page Liban.
http://www.protection-palestine.org/