« Depuis plusieurs années, la Région Alsace soutient l’agriculture de qualité, souligne Alain Jund, du Réseau « Alsace sans OGM ». Mais aujourd’hui avec le projet de loi sur les organismes génétiquement modifiés qui sera bientôt discuté à l’Assemblée nationale, on marche sur la tête ». Face à cette « contradiction totale » entre le soutien à la filière et l’absence de réaction régionale face aux OGM, le réseau a adressé une lettre ouverte à Adrien Zeller, président de la région Alsace, pour l’exhorter à ne pas gâcher tous les efforts entrepris jusqu’ici, notamment en faveur de l’agriculture biologique.
« Le projet de loi prévoit une tolérance de 0,9 % d’OGM dans les produits biologiques, s’insurge Jean-Marie Defrance, du mouvement de biodynamie Demeter. Mais c’est la tolérance 0 qu’il faut instituer partout. Il est impossible de faire coexister l’agriculture conventionnelle ou bio avec les OGM. A plus ou moins long terme, il y aura forcément contamination ».
L’actualité récente, avec la découverte de riz transgénique non autorisé chinois ou américain dans des produits destinés à la vente en Europe, apporte le l’eau à leur moulin et « pose la question sanitaire de notre alimentation » ajoute Joseph Weber, de la confédération syndicale des familles, association de consommateurs qui a également rejoint le réseau anti-OGM. « D’autant que les règles d’étiquetage des produits contenant des aliments transgéniques sont loin d’être respectées ».
Pour une région non transgénique
Invoquant le principe de précaution, Aloïs Nierenberger, président des jardiniers de l’association pour la culture bio-dynamique d’Alsace et de Lorraine, souligne les mutations incontrôlables observées sur certaines plantes transgéniques. « Qu’en sera-t-il du génome humain après consommation de ces produits ? »
Toutes ces questions et bien d’autres encore, comme le respect de l’opinion publique (un sondage récent fait apparaître q ! ue 78 % des Français souhaitent un moratoire sur les OGM le temps d’en évaluer avec exactitude l’impact sanitaire et environnemental), ont conduit le réseau à demander à Adrien Zeller de signer la charte de Florence qui engage les signataires à préserver l’agriculture biologique et traditionnelle des dangers transgéniques. Vingt régions européennes ont signé cette charte dont l’Aquitaine, la Bretagne, le Limousin, le Poitou-Charentes ou l’Ile-de-France.
Simone Wehrung
© Dernières Nouvelles d’Alsace - 15.9.2006