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Agent Orange Vietnam : la bombe !

mardi 12 décembre 2006

Le journal anglais « The Guardian » [1], repris par « Libération » [2] et « Le Nouvel Observateur » [3], lâche une bombe qui tue la sacro-sainte crédibilité aveugle envers la science qui, au travers de Sir Richard Doll, a nié la dramatique réalité des victimes vietnamiennes de l’Agent Orange.

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L’éminent Sir Richard Doll

Pape de la communauté scientifique internationale, Richard Doll est né en 1912 à Hampton, Middlesex, Oxford. Professeur à l’université d’Oxford en 1969, puis lauréat de la Royal Medal en 1986, le célèbre épidémiologiste est anobli en 1971. Sir Richard Doll participait de deux découvertes : l’absence de liens entre le milieu socioprofessionnel et les ulcères de l’estomac ( !?) mais, par-dessus tout, au rôle du tabagisme dans l’histoire des cancers pulmonaires : « nous avons découvert le lien entre le tabagisme et le cancer des poumons en 1950, mais l’industrie du tabac s’est obstinée pendant des dizaines d’années à prétendre que nos résultats ne justifiaient pas notre conclusion... »

Lorsque Richard Doll s’intéressa à de possibles effets cancérigènes de certains produits toxiques sur l’homme, le quotidien britannique « The Guardian » dit que le célèbre scientifique était rémunéré par des sociétés de l’industrie chimique qui ne voulaient pas qu’apparaissent des liens de cause à effet entre leurs produits et les cancers. « Ses travaux sont d’ailleurs souvent repris par les détracteurs du projet européen REACH » signale le site Actualites News Environnement.

Sir Richard Doll a travaillé sur l’Agent Orange utilisé par l’Armée américaine au Viêt Nam, ainsi que sur le chlorure de vinyle contenu dans le plastique. Toujours d’après le journal britannique, dans les années 80, la société américaine Monsanto a payé le chercheur en honoraires de conseil 1500$ par jour, tandis que Richard Doll effectuait des recherches sur les liens entre l’Agent Orange (fabriqué, entre autres, par Monsanto) et les cancers. Sir Richard Doll conclura devant une commission australienne qu’il n’y a pas de liens entre eux. Alors qu’aujourd’hui tout prouve le contraire. Les vétérans australiens victimes de l’Agent Orange, ayant combattu au côté des étasuniens, attendent toujours comme tant d’autres. En 1999, lorsque le président Bill Clinton se rendit au Viêt Nam, les autorités vietnamiennes évoquèrent le malheur de l’Agent Orange et Madeleine Albrigth répondit : « Il faut des preuves scientifiques ! » Le quotidien britannique prend appui sur un contrat entre Richard Doll et Monsanto daté du mois d’avril 1986 prolongeant un accord de coopération de mai 1979.

Le journal « The Guardian » ajoute avoir retrouvé des dossiers prouvant que Sir Richard Doll a perçu des honoraires d’un montant de 22 188 € (15 000 £) de l’Association des producteurs chimiques et des groupes américains Dow Chemical (aussi fabricant de l’Agent Orange) et britannique ICI concernant une étude sur le chlorure de vinyle qui, là encore, montrait qu’il n’y avait pas de lien entre ce produit et cancer (exception faite du cancer du foie), ce que réfute l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Le site adiu.fr dit : « Or Doll est devenu un consultant secret du secteur industriel de l’amiante et entre 1970 et 2001 il a soutenu que l’amiante n’était pas responsable des cancers professionnels constatés chez les travailleurs au contact des poussières d’amiante. »

A 91 ans, peu avant sa mort, Sir Richard Doll a reconnu que la majorité des cancers étaient dus à des expositions aux produits chimiques. Il meurt le 25 juillet 2005, à Oxford.

Si le Sir Richard Doll a vendu son âme au diable, cette révélation risque d’affaiblir considérablement la défense des compagnies chimiques et changer la donne du procès des victimes de l’Agent Orange en cours à New York.

André Bouny, père adoptif d’enfants vietnamiens, président du « Comité International de Soutien aux victimes vietnamiennes de l’Agent Orange » (CIS).


[1 http://www.guardian.co.uk/frontpage... :

Renowned cancer scientist was paid by chemical firm for 20 years
Sarah Boseley, health editor
Friday December 8, 2006
The Guardian

A world-famous British scientist failed to disclose that he held a paid consultancy with a chemical company for more than 20 years while investigating cancer risks in the industry, the Guardian can reveal.

Sir Richard Doll, the celebrated epidemiologist who established that smoking causes lung cancer, was receiving a consultancy fee of $1,500 a day in the mid-1980s from Monsanto, then a major chemical company and now better known for its GM crops business.

While he was being paid by Monsanto, Sir Richard wrote to a royal Australian commission investigating the potential cancer-causing properties of Agent Orange, made by Monsanto and used by the US in the Vietnam war. Sir Richard said there was no evidence that the chemical caused cancer.

Documents seen by the Guardian reveal that Sir Richard was also paid a £15,000 fee by the Chemical Manufacturers Association and two other major companies, Dow Chemicals and ICI, for a review that largely cleared vinyl chloride, used in plastics, of any link with cancers apart from liver cancer - a conclusion with which the World Health Organisation disagrees. Sir Richard’s review was used by the manufacturers’ trade association to defend the chemical for more than a decade.

The revelations will dismay scientists and other admirers of Sir Richard’s pioneering work and fuel a rift between the majority who support his view that the evidence shows cancer is a product of modern lifestyles and those environmentalists who argue that chemicals and pollution must be to blame for soaring cancer rates.

Yesterday Sir Richard Peto, the Oxford-based epidemiologist who worked closely with him, said the allegations came from those who wanted to damage Sir Richard’s reputation for their own reasons. Sir Richard had always been open about his links with industry and gave all his fees to Green College, Oxford, the postgraduate institution he founded, he said.

Professor John Toy, medical director of Cancer Research UK, which funded much of Sir Richard’s work, said times had changed and the accusations must be put into context. "Richard Doll’s lifelong service to public health has saved millions of lives. His pioneering work demonstrated the link between smoking and lung cancer and paved the way towards current efforts to reduce tobacco’s death toll," he said. "In the days he was publishing it was not automatic for potential conflicts of interest to be declared in scientific papers."

But a Swedish professor who believes that some of Sir Richard’s work has led to the underestimation of the role of chemicals in causing cancers said that transparency was all-important. "It’s OK for any scientist to be a consultant to anybody, but then this should be reported in the papers that you publish," said Lennart Hardell of University Hospital, Orebro.

Sir Richard died last year. Among his papers in the Wellcome Foundation library archive is a contract he signed with Monsanto. Dated April 29 1986, it extends for a year the consulting agreement that began on May 10 1979 and offers improved terms. "During the one-year period of this extension your consulting fee shall be $1,500 per day," it says.

Monsanto said yesterday it did not know how much work Sir Richard did for the company, but said he was an expert witness for Solutia, a chemical business spun off from Monsanto, as recently as 2000.

[2 http://www.liberation.fr/actualite/... :

Chimie. Le chercheur britannique aurait été sous contrat avec Monsanto.
Sir Richard Doll à la solde des industriels ?
Par Dino DIMEO
QUOTIDIEN : samedi 9 décembre 2006

Le célèbre épidémiologiste britannique Richard Doll, surtout respecté pour avoir établi la corrélation entre le cancer du poumon et le tabac, a travaillé toute sa vie à étudier les effets sur la santé de certains produits toxiques industriels. Selon le quotidien britannique The Guardian de vendredi, il aurait reçu d’importantes sommes d’argent de l’industrie chimique pendant plus de vingt ans. Le journal affirme que, dans les années 80, Richard Doll aurait ainsi perçu 1 200 euros par jour de la part de la société chimique américaine Monsanto, et cela pendant un an. De quoi mettre en doute certaines de ses conclusions scientifiques.

Décédé en juillet 2005 à l’âge de 92 ans, Doll avait également mené des recherches sur les effets de l’« agent orange », l’herbicide utilisé par les Etats-Unis pendant la guerre du Vietnam et produit par Monsanto. Le journal affirme avoir vu le contrat liant le chercheur à Monsanto, indiquant une collaboration de mai 1979 à mai 1986. Richard Doll affirmait alors à une commission australienne qu’il n’y avait aucune relation entre les deux, alors que l’on sait aujourd’hui que ce produit a été des plus nocifs pour la population vietnamienne.

Un autre document montre que Doll avait également touché 22 000 euros de la part de plusieurs multinationales de la chimie, dont Chemical Manufacturers Association, Dow Chemical et ICI, pour avoir publié une étude assurant qu’il n’y avait aucun lien entre le chlorure de vinyle (utilisé dans les matières plastiques) et le cancer (sauf celui du foie). Une conclusion que l’OMS (Organisation mondiale de la santé) conteste toujours.

Cette affaire risque de déchirer le monde scientifique : sir Richard Doll restera un pionnier pour avoir sauvé des millions de personnes, tout au long de sa vie au service de la santé.

[3 http://tempsreel.nouvelobs.com/actu... :

CANCER
Un chercheur rémunéré par l’industrie chimique
| 10.12.2006 | 17:15

Le chercheur britannique Richard Doll, premier scientifique à avoir établi un lien entre le tabac et le cancer du poumon, a été rémunéré par des sociétés de l’industrie chimique alors qu’il menait des recherches sur les éventuels effets cancérigènes de certains produits toxiques, ce qui remet en question ses conclusion, d’après un article de The Guardian publié vendredi 8 décembre.

Richard Doll, décédé en juillet 2005 à l’âge de 92 ans, avait notamment mené des études similaires avec l’agent Orange, herbicide utilisé par les Etats-Unis au Vietnam, et le chlorure de vinyle qui est un composant du plastique.

Or, au milieu des années 80, la société chimique américaine Monsanto a payé le chercheur en honoraires de conseil 1.500 dollars par jour (1.128 euros). Le quotidien britannique appuie ses dires sur un contrat entre le chercheur et Monsanto daté d’avril 1986 et qui prolongeait un accord de coopération remontant à mai 1979.

L’agent Orange et le cancer

A cette époque, Richard Doll, qui effectuait des recherches sur le lien entre l’agent Orange -produit par Monsanto- et le cancer, avait conclu devant une commission australienne qu’il n’y avait pas de relation entre les deux.

Il est aujourd’hui prouvé que l’agent Orange est responsable de maladies diverses, dont de nombreux cancers dans la population vietnamienne.

En outre, le journal assure avoir retrouvé des documents qui prouvent que Richard Doll a également perçu des honoraires de 15.000 livres (22.188 euros) de l’Association des producteurs chimiques, ainsi que des groupes américain Dow chemicals et britannique ICI pour une étude sur le chlorure de vinyle (présent dans les plastiques).
Là encore, l’étude avait écarté tout risque de cancer, sauf pour le cancer du foie, conclusions que dément l’Organisation mondiale de la santé, selon le journal.

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