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Lettre ouverte aux abandonnés |
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Texte reçu par courriel d’un certain Pierre Fosséprez
Toi, qui fais la grève de la faim pour obtenir des papiers. Toi, le sans-abri, condamné à la survie. Toi, qui es parqué avec ton peuple dans une réserve. Toi, qui vois ton cadre de vie, la nature, la terre, Ta Mère, mise en esclavage. Toi, l’artisan de la paix, l’artiste ou le poète magnifique, contraint souvent au RMI pour te nourrir, qui les accompagne.
Je vous dis, vous êtes tous, chacun de vous, des êtres exceptionnels !
Tu as traversé le désert et la mer pour arriver là où tu croyais trouver un espoir. Tu as traversé les déserts et l’amertume de l’homme pour en arriver là, poussé par le désespoir.
Aujourd’hui, tu es assis au pied d’un mur. Le mur de l’exclusion. Découragé, tu regardes tes poings ensanglantés, meurtris jusqu’à l’os d’avoir frappé ce mur à mains nues. Mais ces blessures aux mains, tu les sens à peine. Tu es blessé jusqu’à l’âme, parce que tu as cru pouvoir y arriver. Et tu t’es fais casser.
Alors, forcément, quand je te dis que tu es quelqu’un d’exceptionnel, tu hausses les épaules. Toi qui en es réduit à te dire que, tant qu’à faire de crever, autant choisir et espérer que ta mort puisse servir à quelque chose, pour les autres. Et tu espères encore. Un Miracle.
Que fais-tu de tes Talents ? Tu les enterres. Ne vois-tu pas que le miracle, c’est Toi, justement ?
Voilà une chose bien étonnante : combien êtes-vous ? Deux cent millions à mourir de faim chaque année. Huit cent millions qui seraient prèts à se lever. Sur plus de six milliards qui courbent l’échine, face à quelques centaines de multi milliardaires. Et tu dis ne rien pouvoir faire ?
Tu me diras : « Mais qui es-tu, toi, pour parler ! Que sais-tu de nos vies ? ». Qui je suis pour parler ? Rien. Un berger mis en liquidation il y a des années. J’ai été révolté. Je me suis battu. Parfois, je me tape de gros délires. Partir du Limousin où j’habite, pour me rendre à Gaza en stop, sans argent, sans papier, pour la Paix. Ce que je sais de vos vies ? Ce que j’en ai vécu. Je n’ai pas de diplôme. Chacun de mes apprentissages sont marqués au fer rouge dans mon âme. Ou dans les cicatrices de ma chair. Depuis l’âge de dix-sept ans. J’en ai quarante-sept.
Je ne suis ni Alexandre, ni Jésus, ni Mohammed, ni Gandhi. Je m’appelle Pierre et il m’est bien assez d’être qui je suis. Mais moi, le poète pouet, le mariole de service, je te dis : « Lèves-toi et marche ! » Sors ! Sors de ta grève de la faim et mange ! Nous avons tous besoin de toi. Sors de ton église et aime ! Sors de ton isolement et parles ! Sors de ta drogue et prends soin de ton corps ! Nourris-toi. Entraîne-toi. Fortifie ton corps et prends-en soin. Respecte-toi. Montres-toi. Lève la tête et sois fier : tu es un être exceptionnel. Ecoute. Si l’on te fait des critiques ? Souris, le chat ne te mordra pas ! Si l’on te fait des menaces ? Tu seras toujours là où tu dois être pour rencontrer ceux que tu dois rencontrer.
Avec toi, je voudrais partager une conscience : « Tu n’es pas seul ! ». C’est bien ce pourquoi le pouvoir se donne tant de mal à te le faire croire. Parce que la plus grande peur du pouvoir de l’argent, c’est que tu prennes cette conscience et que tu la fasses tienne : tu n’es pas seul ! Parce que face à cette conscience, le pouvoir ne peut rien, mais absolument rien. Ce pourquoi le pouvoir utilise la peur, la division et l’assistance. Pour te faire croire que tu es moins que rien. Mais tu es un être exceptionnel, et tu es entouré d’êtres exceptionnels. Alors, quand petit à petit tu prends conscience qu’il y a un, dix, cents êtres exceptionnels autour de toi, qui t’aiment et que tu peux aimer, tu réunis une force énorme, prodigieuse. Et ce mur de l’exclusion contre lequel tu t’échinais, tous ensemble nous n’auront qu’à souffler dessus, pour qu’il disparaisse dans un grand éclat de rire ! Parce que nous serons des centaines de millions armés des armes de l’amour : la parole pour épée et le rire pour bouclier. Eh oui ! Le rire. Le rire désarme et ouvre le cour de gens !
Propositions concrètes :
Deux choses.
D’abord, organiser une structure. J’ai appelé çà UMAN, parce que en anglais, çà se prononce comme « humain » : United Minorities and Associations Net. Réseau d’associations et de minorités unies. Mais peu importe le nom. L’idée n’est que de réunir. Non pas réunir seulement tous les Sans Papier ou les Sans terre qui se battent chacun dans leur coin de par le monde. Ou toutes les tribus. Ou tous les défenseurs des droits de l’homme. Ou tous les poètes. Il n’est pas question de réinventer la roue. Mais de réunir tout le monde autour d’un projet commun. Construire une société où chacun a sa place. Une société où l’on a dépassé le jugement. Un monde en harmonie, chacun en harmonie avec son voisin et avec la Terre. Est-ce une utopie ou un projet d’avenir ? Si c’était une utopie, le monde ne connaîtrait pas d’avenir. Si c’est un projet d’avenir, il nous faut le construire. En apportant chacun sa pierre.
Ensuite, dans le cadre de cette structure, organiser un évènement, pour marquer les consciences. Pour dépasser les paroles et passer à l’acte. J’ai proposé des Marches Intercontinentales pour la Paix, du 11 septembre au 21 septembre. Parce que ces Marches sont un évènement humain incomparable.
Parce que çà nous laisse un an pour nous préparer. Cela paraît très long, mais nous allons y être très vite. Et quand nous sommes portés par un projet, le temps paraît tellement court !
Il y a déjà eu des Marches de paysans, de sans papier, de précaires. Cette fois-ci, ce sera tous ensembles, à l’occasion de parcours festifs organisés sur les cinq continents, pendant dix jours, que nous marcherons. Mais pour réunir ce monde pendant dix jours, il faudra une année de travail. Du travail sur chacun de nous. Du travail tous ensemble.
Mais n’est-ce pas se moquer du monde que de demander d’agir à des gens qui n’ont même pas de quoi se nourrir ou accès à l’eau potable ?
Ce ne sont pas les moyens qui génèrent l’action mais c’est l’action qui génère les moyens.
Fais le premier pas. Les moyens suivront. Cela paraît complètement fou ?
Raison de plus : plus c’est frapadingue et plus grand sera le mérite, plus grande sera la démonstration. Ne t’occupes pas des medias, ils ne font qu’informer. Passe la conscience à ton voisin. Par effet boule de neige, tu verras des millions de convaincus. Tu connais de la famille au pays. Des gens qui connaissent des gens. Ton voisin de trottoir. Il y a du boulot pour tout le monde, à le changer !
Qu’est-ce que çà va changer pour moi aujourd’hui, un projet qui se déroulera peut-être, dans un an. Justement : à travailler à ce projet, tu vas te voir changer, toi, d’abord, et ta vie, et tout de suite, parce que tu auras quelque chose ou quelqu’un en quoi tu pourras croire. Et ce quelque chose, c’est ton travail. Et ce quelqu’un, c’est toi ! Et tu auras conscience d’appartenir à un groupe, lié par un sentiment qui te rendra une force que tu croyais perdue : l’amour. Ne dis pas je vais essayer. Non. Tu fais ou tu ne fais pas.
Lève-toi, et marche !
Auteurs divers
Création de l'article : 29 décembre 2006
Dernière mise à jour : 22 décembre 2006
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