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Quelques textes sur le Liban

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mercredi 7 février 2007, par Auteurs divers

textes reçus par courriel

Aux citoyens libanais

Entre le gouvernement qui applique ses politiques économiques vouées à l’échec, et l’opposition qui découvre l’économie après des mois de prises de positions "d’opposition" servant à exiger plus de participation au pouvoir (après avoir elle-même participé à l’application de ces politiques économiques, par conviction ou pour des raisons politiciennes), les droits sociaux et économiques des citoyens sont bafoués.

L’association altermondialiste libanaise ATTAC-Liban affirme son opposition au plan de réformes économiques du gouvernement (le "programme de réformes") qui fait abstraction des problèmes fondamentaux dont souffre l’économie libanaise et ne propose pas de réelle réforme. Au contraire, il ancre une orientation économique qui aggrave les inégalités entre citoyens puisqu’il impose des taxes sur les plus bas revenus au lieu de s’appuyer sur l’impôt progressif, il privatise les services publics au lieu de les réformer, il s’appuie exclusivement sur le secteur des services aux dépens des secteurs industriels (la baisse des droits de douanes, comme celle mise en place en 2000, a mené à l’affaiblissement de l’industrie nationale non-concurrentielle pour cause de hausse des coûts, elle a aussi privé l’état de rentrées fiscales importantes).

Nous refusons aussi que les Etats "bailleurs de fonds", les institutions financières internationales et les multinationales qui les inspirent décident de nos politiques économiques. Nous nous opposons à l’augmentation de la dette pour rembourser une dette qui a été imposée aux libanais dans le cadre d’orientations économiques qui n’ont servi que l’élite économique libanaise.

Cette orientation économique prise au Liban suit un courant mondial d’ouverture des marchés, de libéralisation du commerce, de privatisation, de démantèlement de toute forme de sécurité sociale, de privation des citoyens de leurs droits au profit de multinationales, de leur réduction à l’état consommateur sur le marché mondial. Tout ce qui se résume en deux mots : mondialisation néolibérale.

Nous invitons les citoyens libanais à défendre leurs droits économiques et sociaux en s’opposant à la conférence de Paris III et au programme de réformes économiques, et en exigeant une réforme en profondeur de la politique économique sur de nouvelles bases solides :

- soutien au secteur industriel,
- soutien à un développement équilibré des différentes régions libanaises,
- réforme de la fiscalité basée sur l’impôt progressif et la répartition des revenus,
- défense des services publics et des droits de chacun-e d’y avoir accés,
- arrêt des libéralisations sauvages et du processus d’adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce.

Nous appelons de même les citoyens à se réapproprier le débat public, à s’affranchir des slogans publicitaires du type « J’aime la vie » ou « Je l’aime encore plus » qui ne cherchent qu’à occuper nos yeux et nos esprits.

ATTAC Liban
Beyrouth, le18 janvier 2007


La conférence de Paris III pour le soutien au Liban : qui aide qui ?

Le 25 janvier 2007 se tenait, à Paris, la Conférence internationale de soutien au Liban, dite « Paris III », convoquée et présidée par Jacques Chirac. Etaient réunis les représentants de trente-six pays, notamment la secrétaire d’Etat américaine Condolezza Rice, et de quatorze institutions internationales dont le nouveau secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon, le président de la Banque mondiale Paul Wolfowitz ou encore le chef de la diplomatie européenne Javier Solana. C’est la troisième conférence en moins de dix ans ayant lieu à Paris qui est consacrée à l’aide au Liban, la première datant de 1998 et la deuxième de 2002.

Le but officiel de cette conférence était de mobiliser une aide financière « pour soulager la dette et créer une dynamique », selon les responsables français, après la terrible guerre d’agression de l’été 2006 menée par Israël (avec le soutien des Etats-Unis) en violation de la charte de l’ONU et de multiples dispositions des Conventions de Genève régissant le droit humanitaire. Les dégâts ont été évalués à environ 3,5 milliards de dollars. Au sortir de la guerre, la dette publique est alors de 41 milliards de dollars ; ce qui fait du Liban un des pays les plus endettées au Monde par rapport à son nombre d’habitants (3,5 millions d’habitants).

Cette conférence a débouché sur des promesses d’aide de la communauté internationale s’élevant à 7,6 milliards de dollars. Les Etats-Unis ont annoncé un soutien de 770 millions de dollars (soit 594 millions d’euros), tout comme la Commission européenne (400 millions d’euros), la Banque mondiale et la Banque européenne d’investissement (768 millions d’euros), l’Arabie saoudite (846 millions d’euros). La France, quant à elle, accorde un prêt de 500 millions d’euros mais « à des conditions avantageuses dont la moitié sera versée cette année », a précisé le Président. Sous cette apparence de générosité, le véritable soutien est de nature politique.

Après la journée de manifestations du 23 février contre le gouvernement pro-occidental et néolibéral de Fouad Siniora qui a fait 3 morts et 130 blessés, les participants à la conférence ont voulu lancer un signal fort contre le Hezbollah, leader de cette protestation populaire. Malheureusement, l’aide financière promise ne bénéficiera pas à la population libanaise au final puisqu’elle est octroyée en contrepartie de réformes économiques néolibérales qui vont frapper durement les plus démunis.

Pour atteindre l’objectif « ridicule » de faire passer la dette de 180% à 144 % du PIB en 2011, Siniora a annoncé début janvier la liste des mesures prévues : augmentation de la TVA à 15% contre 10% actuellement ; privatisation du secteur de la téléphonie mobile ; élimination du déficit budgétaire en cinq ans ; des initiatives pour attirer les investisseurs étrangers ; renforcer le système de la sécurité sociale (ce qui paraît incompatible avec l’objectif d’élimination du déficit budgétaire) et réformer l’administration. Nul doute que ces mesures néolibérales profiteront aux multinationales du Nord qui pourront gagner de nouveaux marchés, ce qui explique sans doute la déclaration du porte-parole du Ministère français des affaires étrangères Jean-Baptiste Mattéi à propos des derniers évènements au Liban : « la contestation n’est pas de nature à mettre en cause le programme de réformes du gouvernement libanais qui servira très largement de base à la conférence de Paris III ».

Mais les Libanais ne sont pas dupes et ont compris que ces réformes sont les recettes des plans d’ajustement structurel (PAS) imposés par le FMI et la Banque mondiale depuis un quart de siècle et qui servent en priorité les intérêts des grandes puissances. Le chef de la Confédération syndicale des travailleurs du Liban, Ghassane Ghosn, a d’ailleurs dénoncé ce plan de réformes « mijoté par la Banque mondiale en vue d’appauvrir les Libanais ». C’est pourquoi il a appelé à des manifestations pour demander le retrait de ce plan gouvernemental. Le Hezbollah et des dirigeants chrétiens ont ensuite rejoint le mouvement syndical et exigent à présent la démission du gouvernement et la tenue d’élections législatives anticipées. Depuis la guerre d’Israël, le gouvernement est en pleine crise de légitimité (six ministres ont démissionné en novembre) alors que le Hezbollah jouit d’une grande popularité dû notamment à l’aide financière qu’il a apporté dans la reconstruction de nombreuses maisons.

Enfin, il y a de quoi être inquiet quant aux résultats de cette conférence de Paris III car elle est dans la lignée des précédents plans de reconstruction du Liban qui ont été des échecs. En effet, la conférence Paris II s’était conclue sur un plan qui reposait sur 3 piliers pour réduire l’endettement : des prêts de 4 milliards à des taux préférentiels (en réalité, seulement 2,4 milliards ont été effectivement déboursés) ; le deuxième pilier concerne des réformes de la fiscalité et le troisième porte sur la privatisation des services publics. On retrouve l’esprit de l’ajustement structurel.

En réalité, il n’est pas étonnant de voir l’imposition des mêmes politiques depuis la fin de la guerre civile au Liban en 1990 puisque ce sont les mêmes hommes qui sont aux commandes de l’Etat et soutenus par les mêmes pays riches. Siniora, proche de Rafic Hariri qui était le Premier ministre du Liban de 1992 à 1998 puis de 2000 à 2004, a été formé dans le secteur bancaire et est devenu ministre d’Etat chargé des finances puis ministre des finances.

Entre 1990 et 2006, la dette publique est passée de 3 à 41 milliards de dollars. Avant la guerre, la dette extérieure était déjà insupportable pour la population puisque, fin 2004, elle s’élevait à 22,2 milliards de dollars pour 3,5 millions d’habitants (ce qui représente 6260 dollars par habitant). En 2004, le Liban a remboursé 4,4 milliards de dollars pour le service de la dette extérieure et, en 2006, le service de la dette a absorbé 80% des recettes de l’Etat.

Or, les prêts n’ont pas profité à la population car la dette a progressé sous les gouvernements de Rafic Hariri à un rythme régulier indépendant de celui de la reconstruction, dont le coût des travaux n’a pas excédé 7 milliards de dollars.

Depuis des années, la politique économique et financière libanaise est désastreuse. Pour la période 1993-2000, moins de la moitié des 10 milliards de dollars d’investissement du Plan « Horizon 2000 » ont effectivement été réalisés. De plus, les priorités initiales de ce plan n’ont pas été respectées, favorisant les secteurs fonciers et financiers ainsi que le tourisme de luxe au détriment de l’agriculture et de l’industrie. Enfin, la majeure partie de ces dépenses a pris la forme de profits rapatriés par les multinationales engagées dans l’exécution des grands projets d’infrastructure, de financements affectés à l’importation d’équipements et de salaires versés à la main-d’œuvre non-libanaise impliquée massivement dans ces projets.

Il y a donc fort à parier que la Conférence de Paris III ne résoudra en rien l’endettement honteux du Liban et qu’elle aggravera même les conditions de vie des Libanais puisqu’elle entérine et légitime les réformes néolibérales annoncées par le gouvernement. Un changement de logique et donc de dirigeants s’imposent donc afin de satisfaire les besoins humains fondamentaux. L’annulation totale et inconditionnelle de la dette du Liban est une première étape indispensable. Elle doit également s’accompagner de la création d’un fonds destiné à sa reconstruction qui serait alimenté par des réparations versées par Israël et les Etats-Unis pour la guerre dévastatrice qu’ils ont menée.

Renaud Vivien (CADTM)

Ce à quoi j’ajoute : L’impression donnée par cette conférence tend à confirmer ce que plusieurs interlocuteurs "proche-orientaux" m’ont souvent dit, que ce soit en Palestine ou au Liban : « la base du problème est la propagation du libéralisme à travers le monde : chez vous, c’est par la politique ; chez nous, c’est par la guerre. » En effet : Israël, fer de lance du libéralisme au Proche-Orient, attaque ; puis les pays occidentaux, sous prétexte d’aider à la reconstruction, imposent des politiques libérales ; enfin, les firmes occidentales débarquent dans ce pays désormais ouvert à leur voracité et se partagent le gâteau...
Il faut avouer que c’est bien vu, non ?


Liban : les fausses solutions de la conférence de Paris

Ce jeudi 25 janvier a eu lieu à Paris en grande pompe une troisième conférence des pays riches afin de trouver des fonds pour le Liban. C’est à coup de centaines de millions de dollars que la France ou les Etats-Unis d’Amérique prétendent aider ce pays déjà étranglé par sa dette et victime d’une agression militaire de la part d’Israël à l’été 2006.

Dès août 2006, le CADTM écrivait : « Désormais, pour se reconstruire, le Liban va encore faire appel aux capitaux étrangers. Cela implique une nouvelle augmentation de la dette et de nouvelles mesures économiques d’ajustement structurel qui la conditionnent. De ce fait, le peuple libanais va devoir payer très cher, dans les années à venir, pour les conséquences de cette guerre infligée par Israël en violation des traités internationaux régissant les relations entre Etats [1]. » Chacun de ces mots reste plus que jamais d’actualité.

Une part importante des 7,6 milliards de dollars promis lors de la Conférence de Paris correspond à des prêts qui devront par conséquent être entièrement remboursés. Ils viendront gonfler une dette colossale, qui atteint déjà 41 milliards de dollars et représente 180% du PIB !

Cette dette permet aux créanciers d’assurer leur mainmise sur l’économie libanaise, voilà pourquoi le Premier ministre libanais Fouad Siniora a proposé un plan de réformes qui sert leurs intérêts. Le CADTM dénonce ce programme de réformes ultra-libéral qui frappe durement les plus démunis mais profite à une minorité de la population et aux grandes entreprises des pays riches : augmentation de la TVA, privatisations de plusieurs entreprises dont la téléphonie mobile en 2007 et Liban Telecom en 2008, réduction du nombre de fonctionnaires...

Cette aide très intéressée des pays riches vient donc renforcer le gouvernement Siniora qui sert leurs intérêts politiques. Loin d’apparaître comme une solution pour le peuple libanais, la conférence de Paris ne cherche en rien à lutter contre la pauvreté ou à briser le puissant mécanisme de domination que représente la dette.

Une fois de plus, le CADTM affirme que la seule solution possible pour le Liban réside en l’annulation immédiate de la dette, l’abandon des politiques d’ajustement structurel et la création d’un fonds destiné à la reconstruction, qui serait alimenté par des réparations versées par Israël. Une contribution des Etats-Unis, qui soutiennent et financent l’Etat israélien, doit s’y ajouter. C’est à ce moment seulement qu’il sera possible de dire que justice a été rendue au peuple libanais.


Dépêche AFP - le 26/01/2007 11h16

Liban : le CADTM dénonce augmentation de la dette et réformes trop libérales

Le Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM) dénonce l’augmentation de la dette du Liban, qui a levé 7,6 milliards de dollars jeudi lors de la Conférence de Paris, ainsi que le programme de réformes "ultra-libéral" qui assortit l’aide des pays donateurs.

Dans un communiqué vendredi, le Comité demande, comme il l’avait déjà fait au mois d’août, "l’annulation immédiate" de la dette du Liban et la création d’un fonds pour sa reconstruction, qui devrait selon lui être financé par Israël et les Etats-Unis.

"Une part importante des 7,6 milliards de dollars promis lors de la Conférence de Paris correspond à des prêts" qui "viendront gonfler une dette colossale, qui atteint déjà 41 milliards de dollars et représente 180% du PIB !", affirme le CADTM dans un communiqué vendredi.

"Cette dette permet aux créanciers d’assurer leur mainmise sur l’économie libanaise", poursuit l’organisation, jugeant que le Premier ministre libanais Fouad Siniora "a proposé un plan de réformes qui sert leurs intérêts".

Le CADTM dénonce "ce programme de réformes ultra-libéral qui frappe durement les plus démunis", notamment "l’augmentation de la TVA, privatisations de plusieurs entreprises dont la téléphonie mobile en 2007 et Liban Telecom en 2008, réduction du nombre de fonctionnaires...".

"La seule solution possible pour le Liban réside en l’annulation immédiate de la dette, l’abandon des politiques d’ajustement structurel et la création d’un fonds destiné à la reconstruction, qui serait alimenté par des réparations versées par Israël" et une "contribution des Etats-Unis, qui soutiennent et financent l’Etat israélien", conclut le CADTM.

Le conflit de l’été 2006 entre Israël et le Hezbollah, accompagné de nombreuses destructions, a aggravé la situation économique du pays, déjà préoccupante depuis de nombreuses années.

L’aide promise au Liban lors de la Conférence de Paris mêle des dons et des prêts à plus ou moins brève échéance. Le programme de réformes proposé par le gouvernement Siniora, comprenant notamment des privatisations, a suscité de violentes protestation au Liban.

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