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Contre la tyrannie des croyances de l’agriculture toxique |
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Ce communiqué de Kokopelli, suite au procès en appel que nous avons perdu à Nîmes, est une réponse aux divagations du GNIS, de la FNPSP, et autres auto-proclamés d’une mouvance pétainiste, qui ont sévi pendant plus de 60 années et qui ont fait de notre beau pays, la France, une poubelle agricole génératrice de cancers.
Nous nous étonnons du ton quelque peu provocateur du dernier communiqué du GNIS, à l’encontre de l’Association Kokopelli, qui dénote de la part de fonctionnaires de l’Etat. Mais là est bien toute l’ambiguïté du GNIS (Groupement National Interprofessionnel des Semences), un groupement interprofessionnel sous tutelle de l’Etat et dont certains fonctionnaires sont en même temps officiers assermentés de la Répression des Fraudes ! C’est un drôle d’hybride qui fut concocté par le Maréchal Pétain en 1941 !
Nous allons reprendre point par point les assertions mensongères du GNIS et de la FNPSP mais tout d’abord, nous souhaitons remercier la FNPSP (Fédération Nationale des Professionnels des Semences Potagères et Florales, celle-là même qui s’est portée partie civile contre Kokopelli) pour son soutien inattendu, affirmé et fantastique à notre combat dans sa défense des variétés non-hybrides. Dans son communiqué de presse en date du 29 janvier 2007, elle déclare (sans doute motivée par la fébrilité écologique prévalant dans un climat de réchauffement !) que :
"Par ailleurs, les utilisateurs jardiniers ou professionnels ont toujours le choix entre semences hybrides et non-hybrides. Ces dernières étant plébiscitées par les utilisateurs pour leurs qualités particulières : meilleure résistances aux agressions, rendements supérieurs, régularité des fruits... on voit mal les semenciers aller à l’encontre des demandes de la majorité de leurs clients !"
Chassez le naturel, il revient au galop ! Après de nombreuses années d’errance, la FNPSP vient de prendre conscience que les variétés non-hybrides sont plébiscitées par les utilisateurs ! Quelle réconfortante reconnaissance du travail de Kokopelli et de tous ces pionniers qui ont ouvert le chemin depuis trois décennies : des semenciers, Sylvia Schmidt, Philippe Desbrosses, Philippe Baumaux (bon d’accord, quand il était plus jeune !) ; des jardiniers collectionneurs, Victor Renaud, Jean-Baptiste et Nicole Prades, Jean et Colette Achard, Pierre Bourgois, Gérard Brossette, André Hatesse ; des organisateurs d’expos de la biodiversité, Madame de Curel, Jean Aubourg, etc.
Un grand merci à la fédération pour ce baume au coeur.
Peut-être pourrions nous conseiller au GNIS l’accompagnement thérapeutique de la même agence de publicité !
De la réglementation.
La création de l’UPOV en 1961 (l’année même de la "restructuration" du GNIS !) a permis le rachat d’une grande partie des entreprises semencières de la planète par une poignée de multinationales. Les variétés reproductibles ont alors été inexorablement éradiquées et remplacées par des hybrides F1 générant un marché captif. Selon les experts de la FAO, nous avons perdu en Europe 98% de la biodiversité agricole en l’espace d’un siècle. Les réglementations françaises n’ont fait qu’aggraver ces processus d’érosion génétique. Le catalogue français créé en 1905 pour "protéger de nouvelles obtentions" a dérivé pour devenir un catalogue excluant la production et commercialisation de variétés non inscrites.
Pour reprendre l’exemple des carottes : dans le catalogue de 1977, il y avait 46 variétés inscrites dont 5 hybrides F1 et 19 anciennes variétés ; dans le catalogue 2006, il y a 93 variétés enregistrées dont 81 hybrides F1 et 8 anciennes variétés. Les hybrides F1 représentent donc maintenant 87 %.
Pour reprendre l’exemple des tomates : la situation est pire. Sur les 401 variétés enregistrées en 2006, seulement 1 % d’anciennes variétés.
En conclusion, les réglementations ne sont pas protectrices de la biodiversité, elles créent l’érosion génétique. Dans 10 ans, il n’y aura plus que des variétés hybrides F1 dans le catalogue français.
Quant au fait que l’inscription soit gratuite dans le catalogue pour variétés amateurs, c’est un mensonge. Que le GNIS nous présente le nouveau décret de loi instituant cette gratuité. De plus, la FNPSP, dans son communiqué sus-cité, vient d’affirmer le contraire. Peut-être faudrait-il que nos attaquants accordent leurs violons et que l’on ne nous joue plus du pipeau ?
Soulignons aussi que ces "variétés amateurs" sont interdites de vente aux paysans et maraîchers. Enfin, théoriquement, car nous avons retrouvé certaines de ces variétés dans certains catalogues professionnels et surtout depuis deux années, nous avons observé de très nombreuses variétés de courges (de la liste "amateurs") dans les supermarchés de la grande distribution ! Cela veut-il dire que les supermarchés achètent leurs courges à des petits jardiniers qui cherchent à lutter contre la précarité ?
De très nombreux maraîchers bios, sur les marchés de province, commercialisent une pléthore de variétés anciennes non inscrites. Pourquoi donc, au fait, cette interdiction aux maraîchers de cultiver des variétés amateurs ? Est-ce parce qu’elles sont trop savoureuses et qu’elles risqueraient de provoquer des mouvements de foule sur la voie publique ?
Soulignons d’ailleurs que Kokopelli, en décembre 2002, avait demandé l’inscription de toute sa collection dans une liste de conservation (en respect de la réglementation Européenne). Notre requête fut refusée. Cette liste de conservation permettrait aux paysans et maraîchers de pouvoir cultiver librement les variétés dites de conservation.
En parlant de réglementation, la multinationale Syngenta (dont le chiffre d’affaire provient à 95 % de la vente de pesticides) a introduit à grands bruits une nouvelle variété de tomate brune-noire de marque déposée : la Kumato qui doit révolutionner les saveurs. (Dit en passant, Kokopelli a, dans sa gamme, 23 variétés de tomates noires succulentes, reproductibles et libres de droits, et bien sûr non issues de pipettes). Pourrait-on nous expliquer pourquoi cette Kumato n’est inscrite nulle part, ni dans le catalogue français, ni dans le catalogue européen ? Cela fait un an que nous consultons désespérément la base variétale européenne du GNIS et d’information, point nous ne trouvons. Est-elle inscrite en Suisse ou bien alors sous un nom de code secret ? Les tomates de marque déposée échappent-elles à la réglementation ? Sommes-nous confrontés au privilège du prince (de la chimie) ? La Kumato est distribuée en France par Monoprix, Auchan, Cora, Casino, etc.
Le groupe Syngenta commercialise également la pastèque Solinda, de marque déposée, qui est absente de tout catalogue européen.
Mais qu’attend le gouvernement pour créer une nouvelle brigade de choc contre les irréductibles producteurs de variétés potagères non inscrites qui ne respectent pas les lois républicaines ? De la sécurité jusqu’au coeur du légume, c’est cela la démocratie !!
De la protection du consommateur.
Selon le GNIS, certaines variétés de Kokopelli "ne répondent pas aux critères scientifiques d’identification, ce qui sème un doute sur la qualité de la conservation de ces variétés". Les fonctionnaires du GNIS pourraient-ils nous éclairer quant aux critères scientifiques permettant d’identifier, pour une tomate, la saveur, le parfum, et l’appartenance à une culture et un terroir ?
Le GNIS joue ensuite sur un registre très prisé à notre époque, la peur du méchant loup ! "Infractions", "Ne pas abuser les acheteurs", "Mauvaise surprise", etc.
Il semblerait que les consommateurs soient très heureux d’acheter leurs semences bios chez Kokopelli car :
nos ventes de semences ne cessent d’augmenter.
certains des plus grands chefs français se fournissent chez Kokopelli.
de très nombreuses collectivités nationales sont nos clients depuis de nombreuses années : des mairies (Paris, Poitiers, Besançon, Mulhouse, Montpellier, etc.), des conseils généraux (Rhone, Guadeloupe, Landes...) et autres structures telles que la Parc du Lubéron, le Château de Versailles, etc.
le conservatoire de tomates du château de la Bourdaisière du Prince Louis-Albert de Breuil s’est créé grâce à notre collection.
Mais parlons encore de protection du consommateur. Toutes les variétés modernes mises sur le marché n’ont pas été sélectionnées pour la nutrition, pour la saveur, pour leur parfum, pour leur capacité à croître selon des méthodes agricoles respectueuses de l’environnement. Elles ont été strictement hybridées tout d’abord pour générer un marché captif, et ensuite pour pouvoir être véhiculées pendant des milliers de kilomètres, pour se conserver assez longtemps à l’étal des commerces et pour être adaptées aux conditions de l’agriculture toxique : fertilisants de synthèse, herbicides, fongicides, insecticides, irrigation à outrance. Et c’est bien pour cela que les multinationales qui ont racheté tous les semenciers sont aussi les entreprises de l’agro-chimie.
En ce sens, le GNIS est la représentation de tous les empoisonneurs ou complices d’empoisonnement. Nous sommes, en effet, convaincus que le problème majeur actuel de l’agriculture n’est pas la perte de la biodiversité mais bien l’utilisation massive et sans cesse croissante de biocides.
La lutte contre les poisons agricoles devrait être l’objectif premier de toute campagne politique digne de ce nom. L’Association Kokopelli se consacre à la diffusion de semences de vie qui sont la condition première de toute pratique agro-écologique et c’est pour cela que notre logo est "Libération de la Semence et de l’Humus".
Mais plus que libérer la semence et l’humus, ce sont les consciences humaines qu’il faut libérer. C’est ainsi que nous comprenons l’appel de notre Président Chirac à "révolutionner les consciences" ! Nous le comprenons d’autant mieux que le message primordial de Pierre Rabhi, agro-écologiste, écrivain, poète, conférencier et vice-président de l’Association Kokopelli a été depuis 15 années "l’Insurrection des Consciences" !!
Mais oui, "aujourd’hui, le temps est venu de la lucidité" et il faut "reconnaître que nous sommes parvenus au seuil de l’irréversible, de l’irréparable" (en direct de la Présidence de la République). La France se meurt de cancers, dont la majorité sont provoqués par l’empoisonnement alimentaire. Nos sols agricoles sont brûlés par la chimie. Selon les enquêtes publiées par l’IFEN, 96 % de nos cours d’eaux et 61 % de nos nappes phréatiques sont pollués par 230 pesticides différents : la molécule la plus présente étant l’atrazine qui génère cancers (du sein et des ovaires), maladies cardio-vasculaires, dégénérescences musculaires, lésions des poumons et des reins, etc. Que fait l’Etat Français ?
L’Union Européenne vient de publier les résultats de ses études quant à la teneur en pesticides des fruits, légumes et céréales pour l’année 2005. Ces résultats témoignent d’une accélération du pourcentage d’aliments contenant des doses de pesticides "dépassant la norme permise". Le concept de "norme permise" est d’ailleurs très caractéristique de l’aspect mortifère de notre fin de civilisation. Empoisonnement légal, empoisonnement létal : les cancers n’attendent pas pour se manifester que les "normes permises" soient dépassées.
Ce ne sont pas les pirouettes sémantiques du GNIS et autres empoisonneurs qui changeront quoi que ce soit au fait que le Titanic Agricole soit en train de sombrer dans l’océan de ses vanités. Combien de cancers dans chaque famille de France ?
En conclusion, pour protéger l’environnement humain, animal, végétal et minéral, nous proposons qu’aujourd’hui même tous les biocides (herbicides, fongicides, insecticides, hélicides et engrais de synthèse) utilisés dans l’agriculture soient strictement prohibés.
Quant aux réglementations semencières impulsées par le Maréchal Pétain en 1941, ce ne sont pas des lois cosmiques et elles ne sont pas non plus d’origine divine. Il n’y a qu’à les modifier (ou les éradiquer !) pour qu’elles soient réellement au service des consommateurs (et non des multinationales) et au service de la biodiversité (et non de la création de clones ou de chimères génétiques).
Nous proposons la suppression du catalogue national de variétés potagères et céréalières et nous proposons la création d’un réel catalogue national des poisons agricoles, (totalement accessible au grand public et présenté sur internet) précisant la nature du produit, les quantités utilisées en agriculture ou en jardinage, la multinationale qui en détient le brevet, le montant des ventes annuelles et tous les cancers et autres pathologies qu’il génère.
Ce n’est évidemment pas sur le site internet du très officiel et édulcoré Observatoire des Résidus de Pesticides que l’on peut trouver ce type d’informations.
Par contre, nous informons tous les amis de Kokopelli que Fabrice Nicolino et François Veillerette publient chez Fayard, le 1er mars, l’ouvrage "Pesticides. Révélations sur un scandale français". Cet ouvrage révèle "Un système né après 1945, grâce auquel l’industrie des pesticides a pris le pouvoir, tous les pouvoirs". Nous vous invitons à consulter, à partir du 15 février, le site http://www.pesticides-lelivre.com.
Bravo. Un tel ouvrage était attendu. Que le peuple français se porte partie civile contre tous les empoisonneurs et complices d’empoisonnement.
Qui contrôle la semence ?
Au jour d’aujourd’hui, 5 multinationales contrôlent 75 % de la semence potagère sur la planète, la première étant Monsanto. Ce même Monsanto, multinationale de la chimie, est à l’origine de l’agent orange (le défoliant utilisé durant la guerre du Vietnam et en ce moment en Amérique Latine), de l’aspartame (sans doute l’additif alimentaire le plus toxique), des hormones bovines de croissance, d’une majorité des OGMs qui polluent notre planète, et bien sûr du très célèbre Round Up, un des produits les plus cancérigènes et mutagènes de l’agriculture. Monsanto vient d’ailleurs d’être condamné en France d’une somme symbolique pour publicité mensongère lors d’un procès qui aura duré 6 années. Monsanto prétendait en effet que le Round Up est biodégradable.
Voyons maintenant comment se manifeste ce contrôle pour le Catalogue Français 2006 des variétés potagères dont le GNIS a la charge :
Pour les Tomates. 401 variétés y sont enregistrées. Trois multinationales possèdent 254 variétés, soit 64 % du total enregistré (Limagrain : 198, Monsanto : 31, Syngenta : 25). De plus, les grands semenciers Hollandais et Israéliens possèdent respectivement 50 et 28 variétés, soit 20 % du total enregistré.
En conclusion. Trois multinationales et 6 firmes Hollandaise ou Israéliennes possèdent 84 % des variétés de tomates enregistrées dans le catalogue français.
Pour les Carottes. Deux multinationales détiennent 96 % des 81 variétés hybrides F1 inscrites dans le catalogue français 2006 (Limagrain 72 variétés et Monsanto 6 variétés).
Pour les Courgettes. Trois multinationales détiennent 85 % des 106 variétés hybrides F1 enregistrées dans le catalogue français 2006 (Limagrain : 71, Monsanto : 13, Syngenta : 6).
En fait, cette main-mise des multinationales de la semence (et de l’agro-chimie) est quasi-totale pour toutes les espèces potagères. Où se cachent donc les PME franco-françaises et les artisans-semenciers ? Sont-ils petits et moyens à ce point qu’ils en deviennent invisibles ?
Qu’en est-il de la "diversité" présentée dans le catalogue français ?
Pour les Tomates. En 2006, il y 401 variétés enregistrées dont 380 sont des hybrides F1, soit 95 %. Il y a 21 variétés fixées dont 4 anciennes variétés. Sur ces 25 variétés fixées, 8 sont radiées ou en cours de radiation. Les anciennes variétés représentent donc 1 % des variétés inscrites.
De plus, ainsi que l’expriment si bien Henri Latterot et Jacqueline Philouze, de l’INRA, "Le turn-over variétal est très rapide, la concurrence entre établissements de sélection très dure". En effet, par exemple, dans le catalogue 2004, sur les 400 variétés de tomates hybrides F1, 301 variétés avaient moins de 10 années d’âge.
Pour les Carottes. En 2006, 93 variétés sont enregistrées dont 12 fixées ( 8 anciennes variétés). Les hybrides F1 représentent donc 87 % et les anciennes variétés représentent 8,5 %.
Pour les Courgettes. En 2006, 114 variétés sont inscrites dont 106 hybrides F1, à savoir 93 %. Il reste 8 variétés fixées dont 5 anciennes variétés, soit 4 %.
Conclusion. Le chiffre de 2565 variétés de tomates inscrites dans le catalogue Européen n’est que de la poudre aux yeux. Les variétés inscrites dans le catalogue français sont en majorité des hybrides F1, non reproductibles, et donc générant un marché captif. Nous n’avons pas fait l’analyse du catalogue Européen mais il est à l’image du catalogue français puisque ce sont les mêmes multinationales qui sont en contrôle.
Concernant l’aspect non reproductible des hybrides F1, nous avons peine à croire que la FNPSP puisse proférer de telles âneries quand elle affirme (dans le communiqué du 29 janvier 2007) que "... les hybrides comme n’importe quelle autre plante fleuriront et produiront des semences. Ces semences, seront parfaitement viables et donneront une grande diversité de légumes, preuve que la bio-diversité n’a pas été perdue. Ainsi, un hybride de tomate à fruit moyen, qui résulterait du croisement d’un parent à gros fruit avec un parent à petit fruit. L’amateur qui ressèmerait sa récolte aurait à la fois des fruits moyens, des gros fruits et des petits fruits."
Le publiciste s’est assurément inspiré de l’histoire des trois petits cochons !
Prend-on les jardiniers pour des imbéciles ou est-ce une nouvelle tendance qui se profile à l’horizon : la vente de semences F2, de semences F3 et de semences F4, garante de la biodiversité ?
Pour en revenir au catalogue national, que ce soit pour les tomates ou pour les autres espèces potagères, toutes ces inscriptions ne méritent pas le terme de variété : ce sont des clones dont la base génétique ne représente aucune diversité. Les 380 variétés de tomates F1 du catalogue 2006 ne représentent pas plus de 10 phénotypes. Et nous sommes sans doute très généreux !
De plus, ces hybrides F1 sont protégés par des brevets. Tout cela n’est qu’une vaste affaire de marketing !
Les fondements de l’Association Kokopelli.
Tout d’abord précisons les fondement de notre association. Il a toujours été très clair que nous nous sommes engagés à protéger une collection planétaire de variétés potagères et à les distribuer. Cependant, nous n’insisterons jamais trop sur le fait que Kokopelli lutte pour redonner la liberté aux jardiniers de gérer leurs propres semences. Notre combat est tout aussi important pour la protection de la biodiversité alimentaire que pour la libération des jardiniers de l’emprise de la gangrène des multinationales qui détruisent notre planète.
C’est pour cela que l’Association Kokopelli organise une douzaine de séminaires de production de semences, chaque année, et c’est pour cela que l’ouvrage de Dominique Guillet "Les Semences de Kokopelli" est avant tout un ouvrage de production de semences.
Un peu d’histoire agricole.
Le GNIS ironise sur le fait que Kokopelli, censé protéger la biodiversité de nos "aïeux", distribue des variétés provenant des USA et même d’autres parties du monde.
Nous avons assurément une notion très planétaire de la biodiversité de nos aïeux ! En effet, que pensez-vous que nous mangerions si l’on n’avait dans nos assiettes que la biodiversité agricole consommée du temps des Gaulois ? Et bien, du seigle, du panais, quelques choux et peut-être quelques carottes. C’est tout. Il suffit d’ailleurs de lire les aventures d’Astérix le Gaulois pour découvrir que nos ancêtres se délectaient avant tout de sangliers ! (en fait, les civilisations de chasseurs-cueilleurs jouissaient d’une alimentation très équilibrée parce que très diversifiée ; cela est amplement démontré par les découvertes archéologiques récentes mais c’est une autre histoire).
Tout ce qui constitue la base de notre alimentation quotidienne vient d’ailleurs :
d’Amérique centrale : tournesol, maïs, courge, piment, amaranthe à grain, ananas, papaye.
d’Amérique Latine : pomme de terre, piment, tomates, courge, quinoa, amaranthe à grain, arachide, haricots, manioc, cacao.
d’Asie : riz, sarrazin, aubergine, melon, concombre, thé, soja, pois chiche, radis, laitue, mangue, banane, citron, orange, échalotte, oignon, orge.
d’Afrique : pastèque, sorgho, millet, riz, gombo, café.
d’Europe orientale : blé.
d’Europe du nord : betterave, chou-rave, côte de blette.
d’Europe méridionale : chou, chicorée.
De plus, si tant est que nous en ayons le souhait, il nous serait très difficile de protéger les anciennes variétés potagères françaises des siècles passés qui ont été éradiquées et remplacées par des hybrides F1 non reproductibles.
Quant au fait que "de nombreuses variétés distribuées par Kokopelli proviennent des Etats-Unis", nous souhaitons maintenant rappeler aux pseudo-historiens (à la mémoire courte) du GNIS que les USA sont un pays jeune et même très jeune. Les peuple indigènes exterminés par les blancs en Amérique du nord cultivaient certaines espèces abondamment et certaines autres peu ou pas du tout. La tomate fut une espèce très peu cultivée aux USA avant le milieu du 19 ème siècle.
Un peu d’histoire de la tomate.
Les tomates sont originaires de l’Amérique latine. Elles étaient abondamment cultivées au Mexique mais très peu par les peuples d’Amérique du nord. Elles commencèrent à être cultivées dans les pays méditerranéens aux alentours de 1540.
Aux USA, les tomates furent principalement introduites à partir de 1745, d’une part, par les Anglais et les Irlandais : par exemple, Dr. John de Sequeyra en 1745, Dr Samuel Green en 1771, Robert Squibb en en 1780, David Hepburn en 1780 ; et d’autre part, par les Français : par exemple, des semences de tomates étaient exportées de France vers Philadelphie en 1793 et de nombreuses variétés arrivèrent également aux USA avec les Français et les Créoles réfugiés après la révolte des esclaves à Haïti en 1791. Thomas Jefferson (troisième président des USA et très grand jardinier) ramena aux Etats-Unis des semences de tomates de Paris et commença à les cultiver dans ses jardins de Monticello en 1781. En 1809, Thomas Jefferson reçut des semences de tomates espagnoles envoyées par le Général John Mason.
Il fallut, cependant, attendre 1830/1840 pour que la culture de la tomate commence à prendre son essor aux USA, à savoir 300 ans plus tard qu’en Europe méridionale. Le plus grand sélectionneur de tomates aux USA que fut Alexander Livingston travailla (entre 1870 et 1893) à partir de variétés de tomates améliorées, sélectionnées par des générations de jardiniers et de paysans originaires de tous les pays d’Europe. En 1886, Liberty Hyde Bayle, agronome, évalua 76 variétés de tomates distribuées par les semenciers US. En 1887, il évalua 147 variétés de tomates dont la moitié provenait de semenciers Anglais, Français et Allemands.
Il y eut un flux ininterrompu de tomates et d’autres espèces potagères entre l’Europe et les USA à partir du 17 ème siècle (période d’introduction des tomates par les Espagnols en Floride, Georgia et Caroline) jusqu’à ces jours puisque les nombreuses expéditions impulsées par le Seed Savers Exchange (une association soeur de Kokopelli quant à ses fondements) ont introduit aux USA une impressionnante collection de tomates, piments, melons, courges en provenance d’Europe de l’Est et des pays de l’ancienne zone soviétique.
La grande majorité des tomates que nous distribuons avec des noms "américains" sont en fait soit des variétés introduites aux USA par les colons Européens, soit des sélections ou améliorations de ces mêmes variétés.
Donc, en fait, Kokopelli ne fait que "rapatrier" des USA des variétés de tomates originaires d’Europe !
Le grand charme de la biodiversité alimentaire, c’est qu’elle a beaucoup voyagé sur toute la planète. Prenons l’exemple des pastèques (qui originellement viennent d’Afrique). La grande majorité des variétés de pastèques modernes que l’on trouve aux USA (et donc aussi dans nos pays d’Europe occidentale) est en fait issue de la biodiversité russe et au-delà. En 1898, l’agronome US Niels Ebbesen Hanse ramena de Moscou, de Transcaucasie, de la Volga et du Turkestan 287 variétés de pastèques et de melons "au service" de l’agriculture états-unienne.
Que distribue Kokopelli ?
Le GNIS nous accuse de ne distribuer "que" 286 variétés de tomates. Le GNIS a oublié que nous avions aussi 177 variétés de tomates dans notre gamme collection !
En effet, en sus du millier de variétés que nous distribuons commercialement, nous avons une gamme "collection" de 520 variétés potagères et de céréales qui sont distribuées GRATUITEMENT à nos adhérents actifs et bienfaiteurs.
Le concept de gratuité est sûrement totalement étranger aux intérêts financiers qui se cachent derrière le GNIS. Mais c’est aussi un des fondements majeurs de notre association et c’est pour cela que l’an passé nous avons distribué GRATUITEMENT de très grandes quantités de semences bios à près de 300 communautés rurales dans tout le Tiers-Monde.
Nous sommes très fiers que notre petite association, sans subventions de l’Etat, puisse sauvegarder 463 variétés de tomates et en fait nous en sauvegardons encore plus que cela car des centaines de parrains et de marraines se sont engagés à en préserver des variétés dans leurs jardins.
Le GNIS : de l’argent public jeté par la fenêtre.
Dans son communiqué, le GNIS mentionne "ces variétés précieuses" (et l’on peut presque entendre les trémolos d’émotion dans la voix de son directeur des communications) et ces "entreprises de semences, qui, aux côtés d’un certain nombre d’associations, se sont investies dans la conservation de milliers de variétés anciennes, souvent depuis des dizaines d’années, et qui sont à l’origine des grandes collections nationales françaises."
Sans plaisanter, tout cela est émouvant. Une telle abnégation des entreprises de semences (à savoir les trois multinationales qui contrôlent 80 à 85 % des variétés potagères dans le catalogue français). Au service de quoi ? Au service de la biodiversité ou au service de leurs propres intérêts ? Car les progrès technologiques ne permettent pas encore de créer des clones ou des chimères génétiques à partir de l’air du ciel. On subodore donc, qu’en effet peut-être, il existe une certaine conservation de variétés à partir desquelles sont créées les hybrides F1.
Cependant, les maraîchers n’y ont pas accès, les jardiniers n’y ont pas accès et Kokopelli n’y a pas accès non plus.
Pourrions-nous demander au GNIS une liste de variétés de conservation ouverte au public et que Kokopelli pourrait régénérer dans son réseau de producteurs ou son réseau d’adhérents parrainant une variété ?
Par ailleurs, nous serions bien curieux de connaître le budget du GNIS, organisation "sous tutelle de l’Etat" et la partie de son budget consacrée aux vastes campagnes de communication que d’aucuns qualifieraient plutôt de campagnes d’intoxication.
L’apologie des OGMs est en effet totale sur leur site internet et le GNIS, au service soi-disant des consommateurs, semble oublier que 86% des consommateurs ne veulent pas d’OGMs dans leurs assiettes.
La fiche technique sur la déficience en vitamine A et le riz génétiquement modifié (http://www.gnis-pedagogie.org/pages...) est admirable de construction logique à partir de fausses prémisses. Le GNIS présente le couplet habituel de la déficience en vitamine A sans préciser bien sûr les causes de cette déficience pour en arriver à la création d’un riz OGM augmenté en vitamine A tout en passant par l’IRRI qui conserve dans ses banques 80 000 variétés de riz. De la poudre aux yeux.
La réalité est toute autre. En Inde, par exemple, la grande farce de la révolution verte a détruit les systèmes d’alimentation traditionnelle diversifiée en imposant des monocultures de blé et de riz pour l’export. En Inde, il reste une cinquantaine de variétés de riz en culture (sur les 150 000 qui existaient avant la révolution verte) et les variétés modernes sont un échec total, complètement dépendantes des poisons agricoles et d’une irrigation forcenée et avec une moyenne nationale de productivité d’1,7 tonne par hectare.
La supercherie de ce riz génétiquement modifié avec un gène de jonquille a déjà été amplement dénoncée.
Les OGMs continuent de semer le chaos en Asie. En Inde, dans un seul district de l’Etat d’Andhra Pradesh, un paysan cotonnier se suicide toutes les 8 heures. Maintenant.
Des dizaines de milliers de paysans-cotonniers se sont suicidés en Inde depuis quelques années. Ce sont les résultats spectaculaires de la première révolution verte et de la seconde révolution bio-technologique.
Pourquoi ne pas proposer un moratoire planétaire de 20 ans sur les OGMs ? Pendant ces 20 années, les dirigeants et actionnaires des multinationales pourraient se dévouer à ne consommer que des aliments génétiquement modifiés (afin de prouver leur non-nocivité) avec, en apéritif, pourquoi pas, un petit verre de Round-Up biodégradable ou tout autre pesticide inoffensif pour l’environnement (selon les "normes autorisées" par la réglementation en vigueur).
Impossible, nous répliquera-t-on ! Pourquoi ? Parce que les grandes sociétés d’assurances refusent d’assurer les OGMs. Difficile, en effet, d’imaginer que des PDGs de multinationales puissent se passer de solides polices d’assurance. (sans parler d’autres polices !).
Mais, au fait, pourquoi, ne peut-on pas assurer les risques liés aux OGMs puisqu’ils ne représentent aucun risque ?
Des directives Européennes.
Selon le GNIS, ce n’est pas de la faute de la France (la bonne élève, c’est bien connu !) que les directives ne soient pas appliquées. Et pourtant, Mr Guiard du GEVES avait bien précisé dans un courrier, l’an passé, à l’un des nos producteurs (qui demandait les modalités d’inscription dans la liste de conservation) que la France était en train de travailler à une mise en application.
Comment se fait-il, d’ailleurs, que la région de Toscane en Italie ait déjà mis en application une directive Européenne de protection des variétés de conservation ? Peut-être les Italiens sont-ils plus gourmets ?
Quant à la précision du GNIS que ce n’est pas une directive de l’Europe qui va permettre à Kokopelli "de vendre des variétés américaines non inscrites, nullement menacées d’érosion génétique", nous souhaiterions préciser que :
ces mentions répétitives de "variétés américaines" frisent l’obsessionnel. Et pourtant, dans le catalogue de "variétés pour amateurs" du GNIS, 44 parmi les 83 variétés de tomates inscrites portent bel et bien un nom à résonance anglo-saxonne ?
une grande partie des variétés de tomates "américaines" sont menacées d’extinction. Indeed.
Voici une analyse pour les seules tomates de couleur verte de la gamme de Kokopelli quant à leur distribution en Amérique du nord :
Charlie’s Green : non mentionnée dans le Garden Seed Inventory.
Dorothy Green : distribuée par 4 semenciers parmi les 274 semenciers répertoriés en 2004.
Evergreen : distribuée par 37 semenciers parmi les 274 semenciers répertoriés en 2004.
Green Sausage : distribuée par 2 semenciers parmi les 274 semenciers répertoriés en 2004.
Green Velvet : distribuée par 5 semenciers parmi les 274 semenciers répertoriés en 2004.
Green Zebra : distribuée par 55 semenciers parmi les 274 semenciers répertoriés en 2004.
Lime Green : distribuée par 5 semenciers parmi les 274 semenciers répertoriés en 2004.
Moldovan Green : distribuée par 1 semencier parmi les 274 semenciers répertoriés en 2004.
Raisin Vert : distribuée par 43 semenciers parmi les 274 semenciers répertoriés en 2004.
Green Bell Pepper : distribuée par 2 semenciers parmi les 274 semenciers répertoriés en 2004.
Green Pineapple : distribuée par 3 semenciers parmi les 274 semenciers répertoriés en 2004.
Ainsi sur 11 variétés de tomates vertes, seules 3 variétés sont largement distribuées aux USA et au Canada. Les autres sont quasiment inconnues.
Pour être encore plus précis quant à la fragilité de la biodiversité aux USA même, voici quelques précisions. En 2004, il y avait 8494 variétés potagères non-hybrides aux USA (et Canada). Cependant, 4226 variétés ( à savoir 50 %) ne sont accessibles que d’une seule source. Qui plus est, 10 compagnies semencières seulement (sur les 274 en existence) sont la source de 58,1 % de ces 4226 variétés.
Qui plus est encore en 2004, de ces 274 semenciers, 261 ont moins de 20 ans d’âge. En effet, en 1984 il y avait 230 compagnies semencières proposant des variétés non-hybrides. Vingt années après, il n’en restait que 13 : toutes les autres avaient fermé ou été rachetées par de grands groupes semenciers.
Nous espérons que ces chiffres très officiels permettront définitivement de faire taire tous les bruits de couloirs mal aérés. Kokopelli est réellement au service de la protection de variétés potagères en danger d’érosion génétique.
Que ceux qui nous critiquent nous donnent 5 % de leur budget annuel et nous ferons mieux, beaucoup mieux.
Du communiqué de la FNPSP (Fédération Nationale des Professionnels des Semences potagères et Florale).
Nous apprenons tout d’abord, de ce communiqué, que cette fédération est "associée au GNIS". Le GNIS est-il une association de loi 1901, à but non lucratif ? On voudrait bien comprendre comment cette bande de bons copains semenciers fonctionne ! Une fédération privée (regroupant les multinationales et autres PMEs et artisans semenciers) est associée au GNIS dont les fonctionnaires sont payés par les deniers publics et dont certains sont "réprimeurs de fraudes".
Vu le contrôle quasi total que possèdent les multinationales de la semence dans le secteur semencier, on pourrait s’interroger sur les risques de pression que ces grands groupes pourraient exercer vis à vis de l’Etat.
Cela pourrait expliquer pourquoi, l’an passé, l’Etat français avait "omis" de signaler quelques milliers d’hectares de production de chimères génétiques. Mais ce n’est qu’une supposition, nous ne voulons froisser personne !
Nous n’allons pas reprendre tous les points de ce communiqué de la FNPSP, cela prendrait trop d’espace. L’Association Kokopelli organise des séminaires de production de semences qui sont très techniques et cela serait notre plaisir d’y accueillir le publiciste de la fédération pour lui parler d’agronomie.
Nous avons relevé quelques perles et à lecture de ces dernières, on se demande parfois si on vit sur la même planète et si on parle le même langage :
Selon la FNPSP, ce seraient 100 000 variétés de légumes qui seraient préservées dans les conservatoires Européens et "cultivables à tout moment". Nous en sommes fort aises que ces conservatoires ne soient pas des morgues car les études publiées aux USA avaient mis en valeur que 80 % des variétés conservées dans la banque de Fort Collins au Colorado (la plus grande banque de semences du monde) ne germaient plus.
Ces 100 000 variétés de légumes sont-elles accessibles aux maraîchers, aux jardiniers, aux associations ? Kokopelli "revendique" seulement 1500 variétés mais elles sont accessibles aux jardiniers, aux maraîchers, aux paysans.
Selon la FNPSP, ce sont 400 nouvelles variétés (hybrides F1 évidemment) qui sont créées tous les ans en France et qui viennent "enrichir la biodiversité alimentaire disponible". Il s’ensuit que cette fédération considère les F1 comme de la biodiversité. Quel est donc le pourcentage des 100 000 variétés conservées (si tant est que ce chiffre ne soit pas totalement fantaisiste !) qui sont des hybrides F1 ?
Selon la FNPSP, "aujourd’hui, le catalogue européen, qui recense la totalité des variétés commercialisables comprend 19 000 variétés potagères et 10 000 d’entre elles sont mises en vente par les semenciers membres de la FNPSP". Décidément, le publiciste aime bien les chiffres avec tout plein de zéros ! La FNPSP veut-elle prétendre que 10 000 variétés potagères soient produites en France par les maraîchers ?
Comment la fédération peut-elle se permettre de publier de tels chiffres alors que sur le site internet très officiel du GNIS, celui-ci déclare que ce sont 20 000 variétés potagères et de grande culture (à savoir céréalières, oléagineuses, etc.) qui sont inscrites sur le catalogue européen.
En conclusion, des mensonges, de grands chiffres, encore de la poudre aux yeux (toute l’agriculture moderne est basée sur de la poudre de perlin pinpin !), et une grande majorité d’hybrides F1 (clones).
Selon la FNPSP , "chaque année, les mainteneurs mettent en culture plus de 5000 variétés anciennes à des fins de conservation". Magnifique. Peut-on avoir une carte géographique des sites, peut-on visiter, peut-on prendre des photos, peut-on envoyer des journalistes ?
Nous présumons que ces "plus de 5000 variétés anciennes" , patrimoine de la France et de l’humanité, sont partageables et accessibles. Comment peut-on obtenir un formulaire de requête ?
Selon la FNPSP, "Si le semenciers se félicitent du regain d’intérêt de nombreux jardiniers et cuisiniers pour les légumes anciens, il serait illusoire d’imaginer qu’un tel retour puisse concerner la totalité du marché des légumes. En effet, les variétés anciennes ne peuvent à elles seules nourrir 60 millions de français."
Mais pourtant, dans une autre partie de son communiqué, le publiciste affirme que les variétés non-hybrides sont plus productives, sont plus résistantes.... Décidément, la dialectique de cette fédération nous paraît bien entachée d’incertitudes quantiques.
D’autre part, cette fédération pourrait-elle nous expliquer comment une population de 42 millions de français en 1950 ou de 50 millions de français en 1960 a pu survivre alors que nous étions privés de variétés potagères hybrides F1 ? Cette fédération considère-t-elle que l’humanité a vécu dans un état de barbarie total avant l’introduction des clones et des chimères génétiques ?
Selon la FNPSP, "Enfin les semenciers n’ont jamais interdit aux utilisateurs de faire leurs propres semences et n’ont aucunement l’intention de s’opposer à cette pratique. Un jardinier passionné a donc parfaitement le droit de conserver une partie de sa récolte ou de chercher a sélectionner lui même les plantes qu’il préfère."
Tant mieux. La fédération pourrait-elle nous expliquer comment, au cas où l’on interdise définitivement à Kokopelli de distribuer des anciennes variétés non inscrites, les jardiniers pourront-ils obtenir ces anciennes variétés afin de les cultiver et d’en faire de la semence, en toute liberté, dans leur jardin. Est-ce auprès des mainteneurs, des services publics, des banques de semences ?
C’est bien gentil d’autoriser les jardiniers à faire leurs semences mais encore faut-il que les variétés reproductibles soient accessibles. En effet, nous tenons à souligner de nouveau que, contrairement à ce qu’affirme le publiciste de la FNPSP, les hybrides F1 ne sont pas reproductibles. Le travail de déshybridation d’un F1 demande de longues années de travail avant de pouvoir obtenir une variété digne de ce nom, et encore faut-il que le matériel génétique de départ représente un quelconque intérêt, ce dont nous avons des doutes quant à la majorité des hybrides F1 sur le marché.
Selon la FNPSP, "Entre le catalogue Vilmorin de 1900 et le catalogue actuel, beaucoup de nouvelles variétés (hybrides ou non) sont apparues, beaucoup de vieilles variétés ont été retirées (mais non perdues) et l’espérance de vie est passée de moins de 40 a plus de 80 ans. Toutes les études nutritionnelles démontrent que les légumes y sont pour quelque chose !"
Nous ne saisissons pas bien le lien entre l’apparition de variétés hybrides, l’éradication d’anciennes variétés et l’allongement de la durée de vie moyenne. Le publiciste de la fédération veut-il insinuer que c’est grâce à la création de nouvelles variétés hybrides F1 que la durée de vie aurait doublé en l’espace d’un siècle ? Veut-il encourager la population à consommer encore plus de clones (ou de chimères génétiques) afin, de nouveau, de doubler la population et d’arriver à l’âge moyen de 160 ans en 2100 ?
Le publiciste de la fédération doit se tromper de planète ou bien trop lire de science-fiction de piètre qualité. En France en 1900, la durée de vie n’était pas de moins de 40 ans mais presque de 50 ans.
Nous sommes convaincus que la consommation de légumes ne peut que favoriser une vie saine et équilibrée, mais encore faut-il qu’ils ne soient pas pourris de pesticides ou de modifications génétiques allergisantes.
Nous attirons, de plus, l’attention de la FNPSP, sur l’étude très scientifique publiée par l’USDA (le ministère de l’agriculture des USA) sous la direction du Professeur Donald Davis de l’Université d’Austin au Texas et qui met en valeur une très forte baisse de la qualité nutritionnelle dans 43 espèces potagères aux USA entre 1950 et 1999, en particulier en ce qui concerne les protéines, la vitamine C, la riboflavine, le calcium, le fer et le phosphore.
Selon l’étude, les causes de cette baisse dramatique de nutriments sont de deux ordres : tout d’abord les conditions culturales, à savoir une agriculture toxique mais surtout la pression de la sélection moderne dans les plantes potagères qui a "échangé" plus de productivité, plus de résistance, plus de capacité de transport, plus de conservation, contre une perte sérieuse de qualité nutritionnelle.
L’agriculture de France étant un copier-coller de l’agriculture des USA quant à la toxicité des pratiques et quant à la nature des variétés, il n’y a aucun doute que nos plantes potagères modernes françaises soient victimes de la même dégénérescence nutritionnelle.
L’amélioration de la nutrition est bien le dernier des soucis des multinationales de la semence, de l’agro-chimie, et de la pharmacie. De toutes façons, ils possèdent des secteurs de diversification vendant tout plein de vitamines, de compléments alimentaires en bocaux pour les citoyens les moins abîmés et une vaste panoplie de remèdes très chers pour les citoyens les plus abîmés, témoin par exemple, le fantastique chiffre d’affaires de Novartis (du groupe Syngenta) pour l’année 2006.
Nous invitons le publiciste de la FNPSP à corriger sa copie et nous tenons à la disposition de toute personne intéressée le document (en anglais) relatant cette étude.
En conclusion, mieux vaut manger bio et de préférence des anciennes variétés ou des variétés modernes sélectionnées et améliorées avec amour par des jardiniers amateurs ou des paysans : il y en a tout plein dans la collection de Kokopelli.
Selon la FNPSP, "Ces règles permettent également de réguler le marché et de protéger les petits semenciers professionnels spécialisés dans les semences anciennes qui constituent une part importante de la FNPSP et des semenciers français".
Les semences anciennes, une part importante vraiment ? Pourrait-on avoir des chiffres plutôt que des voeux pieux ?
Selon la FNPSP, "L’uniformisation actuelle des produits découle de l’uniformisation des modes de vie et non l’inverse. Chaque année les semenciers proposent des centaines de nouvelles variétés qui ne trouvent pas d’acheteurs. C’est en moyenne 9 nouveautés sur 10 qui sont rejetées par les acheteurs sur des critères de performance ou de « différence »."
Quel gâchis ! Cela n’est pas étonnant que le monde paysan soit dans un tel désarroi. Cela veut-il dire que pour 9 variétés sur 10 nouvelles, les paysans et les maraîchers les produisent sans trouver de débouchés ? On voit mal l’intérêt de tout cela.
Doit-on en déduire logiquement que 90 % des gros milliers de variétés potagères hybrides F1 qui constituent le catalogue européen ne sont que du vent, de l’agitation fébrile de semenciers en proie à l’obsession du nouveau, du toujours plus nouveau ?
Doit-on en déduire logiquement que 90 % des 10 000 variétés potagères prétendument mises en vente par les semenciers membres de la FNPSP sont des variétés orphelines qui ne trouveront jamais d’acheteurs. Tout cela est bien consternant.
Selon la FNPSP, "Ce travail continu de toilettage de la gamme est nécessaire. Aucun semencier ne pourrait proposer une gamme de 19 000 variétés de tomates, aucun agriculteur ne pourrait cultiver de façon rentable une infinité de variétés d’un même légume et aucun maraîcher ne pourrait faire de même en proposant sur son étal 100 sortes de tomates, 100 sortes de navets..."
En ce qui concerne les anciennes variétés, le terme de "toilettage" est un euphémisme ! ( ce serait plutôt ce qu’on appelle communément le bol à zéro !) Comme nous l’avons déjà évoqué, aussi bien en Europe qu’en Amérique du nord, les experts s’accordent sur le chiffre de 98 % d’érosion génétique en ce qui concerne les variétés potagères et ce en un siècle.
Quant à l’impossibilité pour un maraîcher de proposer 100 variétés de tomates sur son étal, peut-être. En tout cas, nous connaissons une pléthore de maraîchers bios qui proposent des dizaines de variétés de tomates de la collection de Kokopelli sur leur étal et qui écoulent leur production sans souci tout au long de l’été. Mais peut-être que le publiciste de la FNPSP ignore qu’il existe encore des marchés de proximité ?
Quant à l’impossibilité pour un semencier de proposer 19 000 variétés de tomates, cela tombe sous le sens et on se demande à qui s’adresse ce communiqué et à quoi correspond ce besoin obsessionnel d’allonger des zéros.
Selon la FNPSP, ce serait une idée reçue que de déclarer que la biodiversité alimentaire est en danger. Reçue ou pas reçue, il reste que la FAO (Nations Unies) affirme sur son site internet que "les trois quarts environ de la diversité génétique agricole ont disparu au cours du siècle passé".
Peut-être la FNPSP pourrait-elle se porter partie civile contre la FAO qui n’est pas impressionnée par les guirlandes de zéros et qui manifestement cherche à démolir le moral des troupes semencières !
Selon la FNPSP, "L’inscription au catalogue garantit aussi la non introduction et la non diffusion de parasites et de maladies des plantes sur le territoire européen."
Faisons le point : à part les variétés de quelques irréductibles Gaulois de type Kokopellien, toutes les variétés cultivées dans ce pays sont inscrites au catalogue et ce depuis des décennies si l’on en croit les communiqués du GNIS et de la FNPSP quant aux gentils semenciers qui respectent les lois républicaines.
Question : comment se fait-il donc qu’une telle quantité de pesticides soit utilisée dans ce pays ? Sont-ils utilisés à titre préventif ? Pouvons-nous avoir une réponse conséquente à cette question cruciale vu le nombre sans cesse croissant de cancers dans les foyers français ?
Selon le Mouvement pour le Droit et le Respect des Générations Futures, "lors de la pulvérisation 25 à 75 % des quantités de pesticides appliquées partent dans l’atmosphère". Tout le bénéfice pour les multinationales de l’agro-chimie.
Selon la FNPSP, "Si l’on peut intellectuellement déplorer l’uniformisation de l’offre produit au sein d’une même espèce (moins de variétés de tomate), on ne peut nier le fait qu’elle a conduit a faire baisser de manière spectaculaire les couts a la production de ces produits, et permis ainsi une offre d’espèces plus nombreuses (des tomates, des poivrons, des aubergines, des courgettes, etc...) qui étaient absentes des tables de nos parents, et parfois inconnues de nos grands parents."
Dans ce communiqué, la FNPSP nous parle de "moins de variétés de tomates" alors que par ailleurs on nous claironne qu’il y a de plus en plus de variétés de tomates qui tous les ans s’ajoutent à la biodiversité grâce au travail acharné des sélectionneurs et bla-bla-bla... S’il vous plaît, la stricte vérité : c’est plus de variétés ou moins de variétés de tomates !
Nous sommes très perplexes quant à l’affirmation que "des espèces plus nombreuses, des tomates, des poivrons, des aubergines, des courgettes, étaient absentes des tables de nos parents et parfois inconnues de nos grands-parents". Il est vrai que les courgettes n’ont pas toujours été aussi communes, du moins sous la forme qu’on leur connaît maintenant, parce que, en fait, les historiens agricoles considèrent que le pâtisson jaune verruqueux connu en 1590 était sans doute issu d’un croisement entre un pâtisson et une courgette jaune verruqueuse. Plus encore, tout dépend de ce que l’on entend par courgette puisque cette rubrique "courgette" dans la liste de "variétés amateurs" est un joyeux fourre-tout de Cucurbita pepo incluan t les courges-glands, les pâtissons, etc, qui sont donc connus en Europe depuis le 16 ème siècle.
En tout état de cause, prétendre que les tomates, les poivrons, les aubergines étaient absentes de la table de nos parents frise l’indécence. Le publiciste de la FNPSP n’a-t-il pas trébuché dans une faille spatio-temporelle ?
Selon la FNPSP, "Le COV est le système adopté en Europe pour protéger la propriété intellectuelle des semenciers. Le COV garantit au créateur de chaque variété nouvellement crée et qui résulte d’années de recherche, une juste rémunération de son effort de recherche pendant une période limitée de 25 ans." (par respect de la biodiversité culturelle, nous avons partout conservé les fautes d’orthographe du communiqué officiel de la FNPSP). NB : COV signifie certificat d’obtention végétale.
Nous osons affirmer que la recherche agricole, si tant est qu’elle doive être institutionnalisée, devrait être une recherche d’état au service du peuple. N’était ce pas en fait les fondements de la création de l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) ? Quel niveau de corruption et de magouilles n’a t-on pas atteint pour qu’une poignée de multinationales dicte sa loi à l’ensemble de la planète ?
COV/UPOV : même combat. Rappelons que la création de l’UPOV (Union pour la Protection des Obtentions Végétales) par la Convention de Paris en 1961 a été concomitante du rachat de plus d’un millier de semenciers de l’hémisphère nord par les multinationales (en fait le cadre juridique qui a permis de). L’année 1961 fut un très mauvais crû pour la planète : création de l’OCDE, création de l’UPOV, création de l’Alliance pour le Progrès, début de la grande farce de la révolution verte (verte par la couleur du dollar) et restructuration du GNIS. En bref, une offensive très concertée pour lancer la mondialisation commerciale, le capitalisme à l’assaut de la planète et la destruction de tous les écosystèmes. En bref, le lancement d’une civilisation de l’extraction : de l’eau, du pétrole, des minerais, de la bio-masse, de l’humus, du poisson, des gènes, des organes, du bois de forêt, etc.
De l’extraction jusqu’à épuisement des réserves et jusqu’à ce que la Planète en crève ! Nous y sommes.
Mais oui, "aujourd’hui, le temps est venu de la lucidité" et il faut "reconnaître que nous sommes parvenus au seuil de l’irréversible, de l’irréparable". (en direct de la Présidence de la République).
Le climat se réchauffe. Que fait la Recherche Publique Agronomique ? Est-elle en train de sélectionner des variétés agricoles adaptées au réchauffement climatique ? Est-elle en train de promouvoir les pratiques agro-écologiques qui constituent l’unique solution pour que l’agriculture continue de nourrir les peuples ?
Le pétrole s’épuise. Selon Michael Ruppert, l’agriculture industrielle utilise 10 calories pour produire, conditionner et transporter jusqu’au consommateur... une seule calorie. Que fait la Recherche Publique Agronomique ? Ne parlons pas de bio-diesel ! Nous avons visité plusieurs centrales aux USA de production d’éthanol. Pour fonctionner, une centrale utilise 300 tonnes de charbon par jour et 1500 litres d’eau par minute. (afin de transformer le maïs chimérique ou le soja chimérique).
La solution est simple : éradication de l’agriculture industrielle.
Des infiltrés dans les forums de l’internet.
De nombreux adhérents et amis de Kokopelli nous ont signalé, outrés, les délires mensongers postés sur de nombreux forums de la toile. Nous les en remercions mais nous ne pouvons pas matériellement répondre aux accusations abjectes ou fantaisistes qui sont proférées sur ces forums. Les attaques des Captain Igloo, des Michel Chauvet et autres anonymes (qui n’ont pas le courage de laisser leur signature informatique) ne peuvent qu’irriter les militants au service d’une planète plus harmonieuse.
Notre planète aura toujours son lot de révisionnistes, handicapés de la joie de vivre et autres cerbères au service du totalitarisme.
Les 42 475 visites durant le mois de janvier 2007 sur le site de l’Association Kokopelli témoignent de l’intérêt que le peuple français porte à notre lutte.
Les quelque 150 000 signatures que nous avons recueillies pour notre pétition pour la Libération des Semences, témoignent aussi de cet intérêt. Nous allons visualiser d’atteindre les 500 000 signatures avant la fin de l’année 2007.
De la vie économique de Kokopelli
Notre bilan pour l’année 2006 n’est pas encore clôt. Voici cependant quelques chiffres arrondis présentant nos activités de l’an passé qui, nous l’espérons, feront taire les divagations circulant sur internet.
Le chiffre d’affaire de Kokopelli fut TTC de 1. 007 180 euros, donc un peu plus d’un million d’euros dont voici les principaux postes en TTC (non exhaustifs) :
Semences : 522 450 euros
Ouvrages "Semences de Kokopelli" : 206 580 euros
Adhésions : 116 150 euros
Dons : 62 500 euros
Port : 49 450 euros
L’Association Kokopelli emploie au siège d’Alès 13 salariés permanents et 7 salariés temporaires durant la saison d’hiver.
Notre réseau de producteurs de semences bios est constitué de paysans certifiés en agriculture biologique.
Notre campagne M.A.I.S. 2007 contre les chimère génétiques.
Nous sommes très heureux d’annoncer le lancement de notre campagne M.A.I.S. (Mensonges Avérés de l’Industrie Semencière) qui contribuera, grâce aux semences reproductibles de l’Association Kokopelli, aidée par un engagement citoyen, à dénoncer les contaminations transgéniques, dont se rendent coupables les toxisemenciers et l’état français.
Nous distribuerons au printemps des sachets de semences de maïs doux. Nous convions les jardiniers à les cultiver en leur jardin, à les savourer et à en garder une poignée de grains secs afin de l’envoyer, à l’automne, au Ministère de l’Agriculture et d’en demander une analyse de non-contamination génétique.
Invitez vos ami(e)s jardiniers et jardinières à participer à cette campagne constructive d’éradication des chimères génétiques. Nous sommes sûrs que le Ministère de l’Agriculture apprécierait grandement de recevoir quelques dizaines de milliers d’échantillons de semences de maïs doux de variétés anciennes. Nous préciserons les modalités techniques de cette campagne dans les semaines à venir.
Un grand merci à toutes celles et ceux qui nous soutiennent depuis des années. Un grand merci à la presse française (écrite, radio et télévisée) qui a magnifiquement relayé la lutte de Kokopelli pour la Libération des Semences.
Continuons le combat et interpellons tou(te)s les candidat(e)s à la présidentielle quant à leur position sur le problème crucial des pesticides et de la perte de biodiversité alimentaire.
Kokopelli. 6 février 2007.
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Auteurs divers
Création de l'article : 12 février 2007
Dernière mise à jour : 7 février 2007
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