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Condamnation de José Bové : la forfaiture des pouvoirs |
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par Jean Dornac
jeudi 8 février 2007.
Certains vont se dire que Dornac est gonflé de parler encore de José Bové ! D’autres vont carrément me trouver extrémiste puisque je parle de forfaiture des pouvoirs... Eh bien, j’assume !
La condamnation que vient de subir José Bové fait, certes, le bonheur d’un certain nombre de gens. Je pense aux inconscients qui n’ont pas compris grand-chose au problème des OGM ; je pense aussi aux autres candidats à la présidentielle qui doivent espérer que Bové ne pourra pas mener une campagne correcte et efficace ; je pense, bien entendu, aux multinationales et agro-semancières, empoisonneuses professionnelles qui doivent être confortées dans leurs manœuvres comme dans leurs espérances en vue de la prise du pouvoir alimentaire sur les peuples du monde...
La folie d’un jugement
Voyons d’abord les résultats d’une enquête de journalistes. J’ai retranscris quelques extraits de la vidéo qui fait quelque bruit, ces derniers jours sur Internet : « Les OGM sont-ils dangereux pour la santé ? L’étude qui accuse » sur Google Vidéo ( video.google.fr) [1]
Quelques courts extraits :
Le journaliste : Deux études scientifiques réalisées sur des rats montrent que les ogm modifient les organes. S’ils modifient les organes des souris, il y a fort à parier aussi qu’ils modifient les nôtres. Et ce que montre l’enquête de Michel Despratx, c’est comment les firmes ogm et les gouvernements occidentaux ont tout fait pour minimiser et cacher les résultats de ces études scientifiques.
1er cas
Un soja ogm que l’on peut manger sans risques, selon son fabricant, Monsanto. Une équipe scientifique italienne indépendante des fabricants d’ogm a procédé à une étude.
Ils ont testé pendant deux ans, sur des souris, un soja ogm Monsanto. Mais là, problème ! Les souris qui ont mangé l’ogm ont subi des altérations !
Manuella Malatesta et son équipe ont pris 300 souris. La moitié a mangé du soja naturel ; l’autre moitié, le soja ogm Monsanto. Ensuite, les scientifiques ont analysé les organes de chaque souris pour voir ce qui se passait à l’intérieur...
Journaliste : Vous avez constaté des différences ?
Manuella Malatesta : Oui, nous avons constaté quelques différences dans le foie, le pancréas et les testicules...
Journaliste : Si à long terme beaucoup de cellules se mettent à fonctionner différemment, ça peut avoir un effet sur la santé, j’imagine ?
Manuella Malatesta : Mais oui ! Si plusieurs cellules de plusieurs tissus marchent moins bien, ça pourrait apporter des problèmes de santé.
Il est donc crucial de poursuivre cette étude. Mais curieusement, le gouvernement italien (de Berlusconi) refuse de financer plus loin cette recherche.
Manuella Malatesta : On avait demandé le renouvellement, mais malheureusement on a reçu une réponse négative. J’ai reçu la réponse par e-mail où on disait : « Comme il n’y a pas de données scientifiques qui démontrent que les ogm ont des effets négatifs sur la santé, il est inutile de faire de la recherche à ce sujet... » Autrement dit, le gouvernement Berlusconi ne veut pas en savoir plus sur les risques du soja transgénique...
Deuxième cas... En France...
Pour rassurer les consommateurs, le gouvernement a mis en place un comité d’experts au nom impressionnant : La commission du géni bio-molléculaire ! En quoi consiste son travail ? Les firmes qui souhaitent vendre leurs ogm en France doivent envoyer à nos experts, des études scientifiques sur des animaux prouvant que leur maïs ou leur soja ne sont pas toxiques pour la santé. Les experts du ministère de l’agriculture lisent les études fournies par le fabricant et évaluent si, oui ou non, il est dangereux de mettre cet ogm sur le marché. Pour le chef des experts français, ce système est efficace. Il affirme que les firmes ogm n’oseront jamais soumettre aux experts un ogm dangereux. Selon le président du comité, le gouvernement français n’aurait jamais vu arriver un ogm toxique !
Résumé de l’histoire d’un ogm qu’on a voulu dissimuler, car les résultats étaient inquiétants !
Cette histoire concerne un maïs produit également par Monsanto. Monsanto accompagne son maïs d’une étude de toxicité sur les rats. Les experts français consultent cette étude et concluent que les rats sont en bonne santé. Donc, ils envoient au ministre un avis favorable.
Corinne Lepage a mis sont nez dans cette affaire... Elle dirige un comité de scientifiques indépendants. Elle surveille les ogm arrivant en France et demande les études sur le maïs Monsanto au ministère de l’agriculture qui la détient. Le ministère lui envoie par la poste une enveloppe de documents. Et, là, surprise ! C’est effectivement une étude, mais pas sur la bonne bête ! C’est une étude de 93 qui concerne des vaches, alors que l’étude demandée date de 2003 et concerne des rats...
Corinne Lepage redemande la bonne étude. Et, là, le ministère lui dit enfin la vérité : C’est couvert par le secret industriel ! Et c’est Monsanto qui a demandé la confidentialité de ces études-là ! Notre gouvernement a donc fait passer le souhait d’une multinationale américaine devant la transparence due aux citoyens !
Corinne Lepage : Le gouvernement ne veut pas qu’il y ait un débat scientifique honnête pour savoir si oui ou non il y a un impact sur la santé humaine !
C’est en Allemagne que l’on connaîtra la vérité. Greenpeace a mené une bataille juridique contre le gouvernement allemand. A Berlin, un juge a donné raison aux écologistes. Un scientifique a analysé l’étude Monsanto. Il est formel : Les rats qui ont mangé le maïs ogm ont vu leurs organes modifiés. Ils ont subi des lésions aux reins, au foie, au sang ! Les scientifiques indépendants dénoncent une manipulation des statistiques dans son étude par Monsanto !
Monsanto va tout faire pour vendre son maïs ogm en Europe. Qui en décide ? Les ministres de l’environnement européen. Une majorité d’Etats européens a voté contre ce maïs, mais il fallait une majorité absolue ! Deux mois plus tard, sans surprise, la commission européenne de Bruxelles, autorise le maïs Monsanto à l’alimentation en Europe...
Fini les tests sur les rats, les cobayes, désormais, c’est nous !! Risques possibles pour notre santé ? Totalement inconnus !
Le président du comité bio-molléculaire dit, après le vote de la commission : Il faut tout de même de la biovigilance ! Auparavant, il affirmait qu’il n’y avait aucun danger...
Il continue en disant que les rats ont été nourris à 90 jours... « Peut-être que au bout de 4 ou 5 ans, peut-être qu’on va avoir quelque chose... Je ne peux pas éliminer la possibilité que au bout de 10 ans, 20 ans il n’apparaisse pas quelque chose.. je ne peux pas l’éliminer... »
Comme dit l’expert : Bon appétit et rendez-vous dans 4, dans 10 ou dans 20 ans...
* * *
Ces études démontrent que les ogm, et en tout cas un certain nombre d’entre eux, sont dangereux puisqu’ils altèrent l’organisme des rats et souris nourris avec ces produits de laboratoire. A partir de là, il n’est pas difficile de comprendre à quel point la condamnation de José Bové est inique et cette remarque est valable pour tous les faucheurs volontaires condamnés et pour quelques-uns pillés au seul profit des multinationales.
La condamnation de José Bové, hier, 7 février 2007, à quatre mois de prison ferme montre que les pouvoirs, tous complices, n’hésitent devant rien pour imposer l’empoisonnement de la nature et des humains pour le seul profit de quelques multinationales malfaisantes. Que ces dernières soient totalement malhonnêtes, comme le démontre le film dont j’ai tiré quelques extraits, comment s’en étonner lorsqu’on comprend que le but ultime des firmes monstrueuses, sans âme ni conscience, est la prise du pouvoir alimentaire sur l’ensemble de l’humanité ? C’est inacceptable et justifie pleinement l’action de José et celle de tous les faucheurs volontaires.
A priori, on pourrait être étonné de la duplicité du pouvoir en France. Car, l’étude filmée démontre une manipulation du gouvernement qui a cherché à tromper Corinne Lepage et qui, ensuite, s’est retranché derrière un humoristique « secret industriel » pour tenter de justifier sa forfaiture envers le peuple français. C’est tout le peuple qui a été sciemment trompé par le gouvernement, c’est à ne pas oublier au moment où les élections présidentielles puis législatives vont se dérouler. Mais peut-on être réellement étonné d’une telle façon d’agir lorsqu’on constate qu’en aucun domaine, ce pouvoir ne respecte la volonté et les intérêts du peuple qu’il prétend encore représenter ? La remarque est bien sûr valable également pour la Commission européenne dont on sait depuis longtemps qu’elle ne représente plus les intérêts des peuples européens, mais uniquement les intérêts des milieux d’affaires et l’idéologie néoconservatrice qui sévit dans tous les pays occidentaux.
Le cas de la Justice...
Le cas de la Cour de Cassation m’intéresse particulièrement en termes de réflexions. Les juges en question n’ont pas pris leur décision par rapport aux dangers que peuvent représenter les ogm. Ils se sont contentés de juger le droit de propriété mis en cause par les actions des faucheurs et de José Bové. Ils n’ont pas voulu tenir compte de « l’état de nécessité » pourtant évident dans cette affaire. Qu’est-ce qui pouvait les empêcher de sauter ce pas que leurs collègues des Cours précédentes ont pourquoi sauté ? L’immobilisme ? Le conservatisme ? L’application stricte et, bien entendu, aveugle d’un droit décidé et voté par les législateurs ? Ou des consignes venues du pouvoir ?
Ce qui est complètement fou, c’est qu’en condamnant l’action des faucheurs au travers de la personne de José Bové, ils nous condamnent tous, eux-mêmes et leurs enfants y compris, à un très grave danger pour notre santé et, au-delà, pour la vie sur terre. Ont-ils eu la moindre conscience de la responsabilité qu’ils ont prises par leur condamnation de José Bové ?
Mise en accusation...
Le bilan sur les responsabilités des pouvoirs dans l’affaire des ogm est accablant :
- Monsanto fait tout pour cacher la réalité de la dangerosité de ses produits ogm. Cette constatation est valable pour toutes les firmes qui se sont lancées dans la conquête du pouvoir alimentaire au travers des ogm. Ces firmes n’ont que faire de la santé des humains ! J’appelle ça des pratiques mafieuses.
- Les gouvernements occidentaux, dont le gouvernement français, sont totalement complices des actes criminels des firmes ogm. Nos gouvernements trompent sciemment les scientifiques indépendants ou s’abritent derrières de fantaisistes « secrets industriels ». Ils font tout pour nous imposer les ogm et, par les autorisations de cultures en plein air, font tout pour que l’empoisonnement soit déjà irréversible. J’appelle ça des actes de forfaiture.
- Les juges, en tout cas au niveau de la Cour de Cassation, sont complices des actes des multinationales et des gouvernants. Certes, en théorie, ils sont liés à l’application stricte du Droit. Mais qu’est-ce qui les empêchait sérieusement de prendre en compte l’état de nécessité puisque nous savons, et ils ne peuvent l’ignorer eux-mêmes, que certains ogm sont dangereux pour la santé ? En refusant d’aller de l’avant, de tenir compte de la nécessité de protéger les populations, ces juges ont décidé de rester aveugles ; ils ont gardé le bandeau sur leurs yeux ! J’appelle ça de l’inconscience.
Ces trois responsabilités graves, ces mises en danger de notre santé, justifient totalement les actions entreprises par José Bové et tous les faucheurs d’ogm. Eux agissent dans notre intérêt et méritent tout notre respect. Nous devons également leur apporter notre soutien, notre solidarité très active.
José Bové n’est pas un criminel passible de la loi, mais un résistant contre les pratiques mafieuses des multinationales et les actes de forfaiture des gouvernants. Rien qu’à cet égard, sa candidature à la présidentielle se justifie pleinement. Il est, effectivement, même si ce n’est pas reconnu en France, « un futur prisonnier politique ».
Droit à la vie avant le droit de propriété
Rien ne se réglera avec les législateurs actuels, c’est une évidence absolue. Pour que les juges de la Cour de Cassation ne se sentent plus obligés par l’application stricte du Droit, la seule vraie possibilité est de changer et de faire évoluer ce Droit. C’est impossible avec les députés de la majorité actuelle ou d’une majorité de sociaux-libéraux.
Si une majorité de Français comprend cela, elle doit voter, lors des prochaines législatives, pour des novateurs, des gens qui ont compris vers quel abîme nous mène le système actuel tourné exclusivement en faveur d’un monde marchandisé.
Il me semble évident, que le premier devoir des députés, s’ils appartiennent au camp des novateurs, sera d’inscrire la priorité du droit à la vie et à la santé sur le droit de propriété. C’est bien le fait de mettre le droit de propriété comme le droit absolu qui met la santé et la survie des humains en danger très grave. C’est vrai par rapport aux ogm, mais c’est vrai aussi par rapport aux produits chimiques, aux pesticides et à toutes les causes de pollution mortelle.
Si le droit à la vie était supérieur au droit à la propriété, nous n’aurions pas assisté à la condamnation ubuesque de José Bové. Ce n’est pas lui qui se serait retrouvé devant les Cours successives, mais les dirigeants de Monsanto et autres Limagrain, ainsi que nos gouvernants.
A quand l’application de la peine
C’est un point épineux pour nos dirigeants. S’ils décident de jeter José Bové en prison, dès les prochains jours, il est évident qu’ils en feront un martyre. Et, il est tout aussi évident, que nous tous, sites altermondialistes, alternatifs, résistants, nous ferons tout pour dénoncer de façon permanente le scandale d’un tel emprisonnement. Le pouvoir peut compter sur nous ! José Bové et les faucheurs volontaires également !
On peut donc penser que les pressions sur le juge d’application des peines seront intenses ces jours-ci. A partir de là, le plus vraisemblable, est que l’emprisonnement n’aura lieu qu’après les élections présidentielles et peut-être même après les législatives. Cela ne changera rien à notre détermination de défendre José Bové, victime des forfaitures gouvernementales.
Je crois que, de toute façon, à cause de la condamnation vraiment inique de José Bové sous le seul prétexte du droit à la propriété doit nous renforcer dans notre détermination à faire voter pour lui, dans un premier temps, et à faire voter pour des députés se réclamant du camp de l’alternative unitaire, les seuls qui m’apparaissent comme étant capables d’être des novateurs.
Même s’il ne faut pas tout attendre d’une chambre où se trouveraient nombreux et pourquoi pas majoritaires ces députés-là, nous pouvons espérer que le droit à la vie et à la santé serait inscrit comme le droit suprême dans notre Droit et notre Constitution, avant le droit de la propriété. Il faut que cesse la confusion du Droit. Sans la vie et la santé, le droit à la propriété est un leurre, une blague de mauvais goût...
Notes
[1] http://video.google.fr/videoplay?do...
Auteurs divers
Création de l'article : 8 février 2007
Dernière mise à jour : 8 février 2007
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