Le réchauffement climatique fait pousser l’herbe comme jamais. Désormais, les tondeuses tournent toute l’année.
Le plus souvent, il s’agit d’un tondeur. Grands, petits, gros, maigres, jeunes et vieux, tondent et participent ainsi un petit peu au réchauffement du climat.
L’un tond à la vue de la moindre fleur de pissenlit, l’autre tond quand sa femme lui dit que l’herbe menace de conduire les serpents dans la maison.
Ils tondent.
Le boucan abrutissant de la tondeuse oblige parfois le tondeur à se réfugier dans ses pensées. Il songe alors au réchauffement climatique qui limite le phytoplancton et par-là même la nourriture des baleines.
Bref, la tondeuse menace la baleine.
Mais en mangeant le phytoplancton, la baleine diminue la capacité de ces algues microscopiques à fixer le gaz carbonique de l’atmosphère, songe le tondeur de gazon pour se justifier. Et quand il pense au gâchis de toute cette herbe fraîchement coupée alors que des ruminants en manquent, aussitôt sa pensée lui rappelle qu’en broutant les herbivores flatulent et aggravent ainsi le réchauffement climatique.
Enfin le vacarme assourdissant de l’engin revient chasser la pensée et les pales coupantes expulsent les débris d’un jouet oublié dans l’herbe.
Le tondeur tond.