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Une génétique inquiétante pour 3 colzas OGM autorisés en Europe |
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Ce texte date de quelques semaines mais mérite d’être diffusé
Hier, la Commission européenne a autorisé la mise sur le marché de 3 nouvelles variétés de colza OGM de la société Bayer. Dénommés Ms8, Rf3 et Ms8xRf3 [1], ces colzas ont été génétiquement modifiés pour être tolérant à l’herbicide glufosinate-ammonium produit par cette même société : le Basta F1 [2].
L’autorisation, d’une durée de 10 ans, s’applique à l’importation et à l’utilisation des colzas pour l’alimentation animale et à des fins industrielles. L’autorisation de culture a été refusée (suite à la demande du fabricant), tandis que l’utilisation pour l’alimentation humaine n’était pas demandée. Bien que ces OGM aient officiellement fait l’objet ’...d’une stricte évaluation des risques préalables à la mise sur le marché... qui a démontré qu’ils offraient les mêmes garanties de sécurité que le colza traditionnel’, l’autorisation est assujettie de recommandations à Bayer sur la réaction appropriée en cas de dissémination accidentelle.
D’un point de vue sanitaire et environnemental, cette autorisation soulève plusieurs inquiétudes. De nombreux avis scientifiques opposés ont été émis, y compris de structures habituellement favorables aux OGM, comme le Conseil Consultatif de Biosécurité, par exemple.
La culture de ces colzas transgéniques nécessite l’emploi d’un herbicide total qui éradique toutes les plantes exceptées celles qui sont manipulées génétiquement pour ne pas en mourir. Les graines de colza ayant une grande capacité de dissémination avec une dormance d’une dizaine d’années, les agriculteurs voient leurs autres cultures parasitées de pieds de colzas sur lesquels les principaux herbicides n’ont plus d’effet. En outre, par l’intermédiaire de leur pollen, ces colzas pourraient se croiser avec des plantes sauvages courantes [3], dont la prolifération dans les cultures pourraient être ainsi facilitées, en devenant elles-mêmes insensibles à l’herbicide... [4].
Au niveau sanitaire, le colza Ms8xRf3 intègre un enzyme stérilisateur connu pour être un poison cellulaire puissant, la barnase, qui provient d’une bactérie présente naturellement dans le sol. Or, en laboratoire [5], la ribonucléase barnase s’est montrée toxique chez des reins de rats et serait cytotoxique [6] pour des souris et des lignées cellulaires humaines. Ainsi, même si elle est exprimée à un faible niveau, cette enzyme pourrait se révéler toxique pour certains animaux mis en contact avec le colza et ses dérivés, sachant qu’il est probable qu’elle puisse également pénétrer dans l’alimentation humaine par l’intermédiaire des abeilles (pollen...).
Conformément à la réglementation européenne, les produits contenant du Ms8, Rf3 ou Ms8xRf3 devront être étiquetés de manière à indiquer clairement qu’ils contiennent du colza génétiquement modifié. Par contre, le consommateur final, acheteur de viande ou d’œufs par exemple, n’aura toujours pas le moyen de savoir si ces produits proviennent d’animaux ayant été nourris avec ces OGM. Cette autorisation est la sixième à être donnée pour une dissémination volontaire d’organismes génétiquement modifiés dans l’environnement, depuis 2001 :
maïs NK 603, le 19 juillet 2004 ;
maïs MON 863, le 8 août 2005 ;
colza GT73, le 31 août 2005 ;
maïs 1507, le 3 novembre 2005 ;
maïs MON863xMON810, le 16 janvier 2006.
Pascal Farcy
Notes
[1] Cette dernière dénomination, Ms8xRf3, signifie qu’il s’agit d’un OGM à caractères empilés, autrement dit une plante à laquelle ont été intégrés un minimum de 2 gènes supplémentaires. Ainsi, de plus en plus d’OGM à caractères empilés intègre à la fois un gène de résistance à un insecte et un autre de résistance à un herbicide spécifique.
[2] Le Basta F1, produit par la société Bayer, est un herbicide à absorption foliaire (par la feuille du végétal), non sélectif, à très large spectre d’efficacité.
[3] L’hybridation d’un colza transgénique avec la ravenelle a été démontré par une expérimentation de l’INRA qui mis en avant un cas de ravenelle hybride présentant la même résistance à l’herbicide que le colza. Partant de cette base, la ravenelle pourrait à son tour contaminer un radis... l’inter-fertilité semblant être un fait assuré pour l’Université de l’Ohio (source Semences de Kokopelli).
[4] Au Canada, des agriculteurs rencontrent ce type de problème avec un colza similaire, résistant à un herbicide total.
[5] 5- Selon l’institut britannique ISIS (Institute of Science in Society).
[6] Se dit des substances nocives pour les cellules, ayant la propriété de les détruire.
Auteurs divers
Création de l'article : 3 avril 2007
Dernière mise à jour : 30 mars 2007
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