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Genève - XXI-ème anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl |
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Action permanente devant le palais de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour obtenir que cette agence de l’ONU recouvre sa liberté d’action en faveur des populations contaminées par la radioactivité, conformément à sa Constitution.
Depuis quelques décennies l’humanité est entrée de plain-pied dans l’ère nucléaire, mais ne connaît pas encore les multiples conséquences pour la santé humaine de l’action chronique des faibles doses de radiations ionisantes et des effets toxiques produits par les substances radioactives artificielles, disséminées en grande quantité dans l’environnement par l’industrie atomique militaire et civile.
L’incorporation chronique des radionucléides dans l’organisme de millions de personnes (le césium, le Cs137, disparaîtra seulement dans trois siècles), condamnées à se nourrir avec des aliments radioactifs, est un fait absolument nouveau, produit par la catastrophe de Tchernobyl, dont l’humanité n’a aucune expérience. Cela vaut également pour le "syndrome du désert" en Irak et pour la santé des populations serbe et albanaise en Yougoslavie où des tonnes d’uranium 238 (dit "appauvri" qui diminue de moitié au bout de 4 milliards et demi d’années) ont été projetées. La science, si elle a étudié en secret les conséquences de ces calamités sur la santé et sur l’environnement, ne semble pas encore prête, dans ses institutions officielles, à faire bénéficier de son savoir les populations de la planète.
Des témoignages et des documents recueillis en 15 ans d’enquêtes, accusent les plus hautes instances politiques, institutionnelles et scientifiques internationales d’un crime prémédité à Tchernobyl : crime contre l’humanité et crime contre la vérité scientifique. Par un contrôle systématique de la recherche et par le déni de la réalité observée dans les territoires contaminés par des chercheurs indépendants, le lobby nucléaire et la médecine officielle condamnent des millions de cobayes humains (Kofi Annan a parlé de 9 millions de personnes touchées) à expérimenter dans leur corps des pathologies nouvelles dans le vaste « laboratoire » des territoires contaminés par Tchernobyl.
Les victimes de cette « expérimentation » témoignent de leur abandon au milieu de la radioactivité qui ronge leur vie depuis 20 ans et les tue, eux et leurs enfants, dans les souffrances et l’indifférence du monde. Elles ne comprennent pas pourquoi le monde ne les voit pas, ne les entend pas, alors que ce dont elles souffrent menace aujourd’hui tous les habitants de la planète. La réponse à leur étonnement existe et elle est révoltante.
Pourquoi l’OMS n’a-t-elle rien fait dans les territoires de Tchernobyl ? Pourquoi a-t-elle passé la main et laissé faire son travail de radioprotection par les promoteurs des centrales nucléaires ? L’opinion publique dans son ensemble ignore encore l’existence d’un accord signé entre l’OMS et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui empêche l’OMS d’agir librement dans le domaine nucléaire si elle n’a pas l’assentiment de l’AIEA. Formée de physiciens et non de médecins, cette dernière, dont l’objectif principal est la promotion des centrales nucléaires dans le monde, est la seule agence spécialisée des Nations Unies qui dépende directement du Conseil de sécurité. Elle impose son diktat à l’OMS, dont le but pourtant est « d’amener tous les peuples au niveau de santé le plus élevé possible ».
Aujourd’hui plus que jamais, l’indépendance de la recherche et de la connaissance dans le domaine de l’atome sont nécessaires à la survie de l’humanité. L’écologiste suisse Franz Weber a publié récemment dans son journal les terribles photographies des corps des enfants ravagés par l’uranium appauvri en Iraq. Les mêmes malformations, les mêmes blessures profondes sont observées chez les « liquidateurs » qui ont éteint l’incendie de Tchernobyl et chez leurs enfants. Les mêmes chez les enfants américains dont les pères ont combattu la guerre du Golfe et chez ceux des populations des Balkans bombardées par l’OTAN. Le vent transporte les poussières radioactives de l’uranium céramisé par l’explosion à de grandes distances en peu de temps et les distribue aux habitants de la Terre.
Depuis la fin de la guerre froide, depuis la fin de « l’équilibre de la terreur » atomique, il semble que plus rien ne peut limiter la démesure du pouvoir de l’argent et des armes indifférent à la vie. La société civile, - une opinion publique consciente, informée, créative, politiquement active, - constitue la dernière ressource, le seul espoir pour s’opposer à cette domination corruptrice incontrôlée, installée au cœur même des institutions qui sont préposées à la sécurité et à la paix dans le monde...
« Chaque être humain a le droit de savoir tout ce qui a trait à sa santé, à la santé de ses enfants et de ses proches, ce qu’il faut éviter et pourquoi » [1]. Sans la divulgation de la vérité scientifique sur les effets de la radioactivité pour la santé humaine dans les territoires contaminés de Tchernobyl et dans ceux des guerres à l’uranium appauvri la vie de tous est menacée, telle est l’ampleur de la catastrophe sanitaire qui sévit et s’aggrave dans ces territoires.
Chaque année, au mois de mai, les ministres de la santé de tous les pays du monde participent à l’Assemblée Mondiale de l’OMS. Chaque année, les organisations non gouvernementales réclament aux ministres de leurs pays l’amendement de l’accord signé en 1959 entre l’AIEA et l’OMS, qui empêche cette dernière de faire son métier dans le domaine du nucléaire. Et chaque année, l’Assemblée Mondiale de la Santé reste sourde et muette.
Le 12 février 2001, deux ONG, la suisse CONTRATOM et la française CRIIRAD, ont tenu une conférence de presse devant le palais de l’ONU à Genève, en posant une série de questions au Secrétaire Général Kofi Annan et au Directeur d’alors de l’OMS, Mme Gro Harlem Brundtland. Les questions posées étaient :
Pourquoi a-t-il fallu 5 ans à l’OMS pour commencer ses études et son aide sur le terrain après la catastrophe de Tchernobyl ? PAS DE RÉPONSE.
Pourquoi 3 délégués de l’OMS ont-ils donné leur accord, en juin 1989, à la révision à la hausse en multipliant par 2 ou 3 les niveaux de contamination admis en Union Soviétique, condamnant ainsi des centaines de milliers de personnes à vivre en territoires contaminés ? PAS DE RÉPONSE.
Pourquoi, après Tchernobyl, l’OMS n’a-t-elle pas retenu comme thème de recherche prioritaire les atteintes au génome comme le recommandait son groupe d’étude (1957) au lieu d’étudier la sécheresse de la bouche et les caries dentaires ? PAS DE RÉPONSE.
Pourquoi le compte-rendu de la Conférence Internationale de l’OMS ayant rassemblé 700 médecins à Genève (20.11.95) sur le thème "Les conséquences de Tchernobyl sur la santé", document promis pour mars 1996, n’est-il pas encore publié à ce jour ? PAS DE RÉPONSE. [En juin 2001, l’ex-directeur général de l’OMS, Hiroshi Nakajima, a répondu à la télévision suisse qui lui a répété cette question, que la publication des actes promis aux 700 participants de sa conférence a été bloquée par le veto de l’AIEA, en vertu de l’Accord de 1959.]
Pourquoi l’OMS n’est-elle pas intervenue contre un projet européen autorisant la présence de substances radioactives dans nos biens de consommation ? PAS DE RÉPONSE.
Pourquoi l’OMS est-elle absente du dossier crucial des seuils à partir desquels des matériaux contaminés issus du démantèlement des installations nucléaires pourront être recyclés dans notre environnement ? PAS DE RÉPONSE.
Pourquoi l’OMS n’est-elle jamais intervenue pour empêcher les industriels et les gouvernements d’utiliser et de disséminer dans l’environnement de l’uranium dit "appauvri", toxique tant sur le plan chimique que radiologique ? PAS DE RÉPONSE.
Pourquoi l’OMS a-t-elle attendu le 1er février 2001 pour "lancer un programme de recherche sur 4,5 ans pour 22 millions de $" sur les effets de l’uranium appauvri utilisé en Irak et dans les Balkans, alors que les Américains ont publié, en 1990 déjà, un rapport - accessible à la presse - démontrant l’extrême dangerosité de ce matériau radioactif et la qualifiant "d’inacceptable politiquement" ? PAS DE RÉPONSE.
Pourquoi l’OMS a-t-elle gardé le silence alors que l’explosion des munitions à uranium appauvri condamnait les populations des zones bombardées à vivre désormais dans un environnement contaminé ? PAS DE RÉPONSE.
La lettre à Kofi Annan se terminait par ces phrases :
« Le moment est venu, pour l’OMS, de s’affranchir des contraintes contre nature qui la lient à l’AIEA, promoteur officiel du nucléaire commercial. ...
Sur des sujets aussi préoccupants pour l’avenir de notre Planète que Tchernobyl, les faibles doses de radiations et le recours croissant à l’uranium appauvri pour usages civils et militaires, le monde entier attend de l’OMS qu’elle soit en mesure de s’exprimer librement sur la base de travaux scientifiques irréprochables, et d’agir conformément à sa Constitution.
Les soussignés vous demandent instamment d’entreprendre sans tarder toutes les démarches qui permettront à l’OMS de retrouver une totale indépendance. » PAS DE RÉPONSE.
Le 26 avril 2007, les ONG Enfants de Tchernobyl Belarus, CRII-RAD, Réseau Sortir du nucléaire, Contratom Genève (et d’autres encore) lancent une action permanente à durée indéterminée devant le palais de l’OMS à Genève et invitent toutes les ONG amies du monde à y prendre part, en adressant à leurs ministres de la Santé respectifs des milliers de signatures sur la pétition demandant que l’amendement de l’Accord signé entre l’OMS et l’AIEA en 1959 (Rés. WHA 12.40) soit mis à l’Ordre du Jour de la prochaine Assemblée Mondiale de la Santé.
Contacts pour l’action OMS - Genève et pour la pétition internationale :
André Larivière (Réseau Sortir du nucléaire) 0033 (0)4 71 76 36 40 ou 06 76 69 54 98
Paul Roullaud (SDN Loire et Vilaine) 0033 (0)2 40 87 60 47
http://www.independentwho.info
Notes
[1] John W. Gofman - Chernobyl accident, Radiation consequences for this and future generations. 1993
Auteurs divers
Création de l'article : 17 avril 2007
Dernière mise à jour : 17 avril 2007
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