En 1990, Vassili Nesterenko, Membre de l’Académie des Sciences du Belarus, physicien de niveau international, crée avec le soutien de Andrei Sakharov l’Institut indépendant de radioprotection « Belrad » pour venir en aide aux enfants des territoires touchés par les retombées radioactives de Tchernobyl. Dans les villages les plus contaminés du Belarus il organise 370 Centres locaux de contrôle radiologique (CLCR), où il forme à la radioprotection les médecins, les enseignants, les infirmières du lieu : il met gratuitement à la disposition des populations des zones contaminées les moyens de contrôler la radioactivité des produits alimentaires.
En 1994, l’Institut « Belrad », avec l’aide d’ONG occidentales, introduit des spectromètres pour rayonnements humains (SRH). Ces fauteuils mobiles mesurent la radioactivité dans le corps humain et sont reliés à un ordinateur qui enregistre les rayonnements gamma spécifiques des radionucléides incorporés : le césium-137 soluble, le plus répandu dans les sols des villages, des champs et des forêts contaminés par Tchernobyl est présent dans la chaîne alimentaire. Les équipes mobiles atteignent, par petites routes, les villages et hameaux les plus reculés.
Nesterenko est le seul scientifique qui mesure systématiquement la radioactivité artificielle interne. Ses mesures ont révélé des contaminations huit fois plus élevées que celles que publie le ministère de la Santé biélorusse, qui se contente de mesurer la radioactivité dans les sols et les produits alimentaires et qui a tenté de le bloquer. Son activité étant légale, il n’a pas réussi à le faire plier. En 12 ans, 284 000 enfants ont été mesurés par « Belrad », parmi lesquels seulement 10-15% ne nécessitaient pas de radioprotection obligatoire.
En 1996, Nesterenko adopte avec succès l’additif alimentaire à base de pectine de pommes, recommandé par le Ministère de la santé ukrainien comme adsorbant du césium137 (Cs137). En un mois de traitement la charge en radionucléides de l’organisme de l’enfant peut baisser de 60-70%.
UNE CONJONCTION SCIENTIFIQUE EXCEPTIONNELLE
Dans la même période, Nesterenko fait la connaissance du professeur Youri Bandajevsky, qui effectue, depuis 1991, à l’Institut Médical de Gomel qu’il dirige, des recherches sur les pathologies nouvelles chez les habitants des territoires contaminés. Bandajevsky découvre que la fréquence et la gravité des altérations morphologiques et fonctionnelles du cœur augmentent proportionnellement à la quantité de césium radioactif incorporé dans l’organisme. La corrélation entre les faibles doses de radioactivité incorporée et la destruction des organes vitaux est établie. Elle explique pourquoi au Bélarus les enfants en bonne santé étaient 80% en 1985 et seulement 20% en l’an 2000 [1].
LA PUNITION
Ces deux scientifiques allaient à l’encontre de la version diffusée à l’échelle internationale par l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) depuis 1996, dix ans après la catastrophe, affirmant que l’accident de Tchernobyl avait provoqué en tout 32 morts et 2000 cancers de la thyroïde chez l’enfant [2]. Bandajevsky, pour avoir diffusé publiquement le résultat de ses recherches qui contestaient ce bilan, a été mis en prison puis en relégation, de 1999 à 2005. L’Institut Gomel dût changer d’orientation de recherches.
Nesterenko, qui a subi de fortes pressions, échappé à 2 attentats dans les années 90, fait l’objet d’une autre stratégie : celle de l’étranglement par manque de subsides. Dans un premier temps il a été soutenu par la fondation américaine Mac Artur, jusqu’au moment où il y a eu rupture diplomatique entre les USA et le Bélarus, puis par le ministère de l’Environnement et de la Sûreté nucléaire d’Allemagne. Les ONG citoyennes, comme Enfants de Tchernobyl Bélarus, servaient d’appoint, permettant d’embrasser un nombre plus grand d’enfants à protéger.
LES INSTITUTIONS COMPLICES DU CRIME
En 2005 - 2006 Nesterenko a présenté un important projet au financement européen TACIS, qui a été agréé par l’Europe mais bloqué par le Programme CORE [3]. Le financement du projet de 5 ans qu’il avait en cours avec l’Allemagne (en partenariat avec l’Institut Jülich), a été inopinément interrompu en coïncidence avec le changement du gouvernement allemand : 92 000 € du projet (sur 200 000 du total) sont restés inutilisés. Les mesures anthropogammamétriques et la prophylaxie à base de pectine des enfants de 35 villages, indiqués par Belrad et Jülich comme prioritaires pour une radioprotection urgente, ont dû être interrompues. Nesterenko a écrit à Angela Merkel, mais n’a pas eu de réponse.
LA SOCIÉTÉ CIVILE
Aujourd’hui, l’Institut Belrad risque de fermer les portes, il n’a de quoi survivre que jusqu’en avril 2007, en tenant compte de la générosité qui a répondu à l’appel de Solange Fernex [4] au moment de sa disparition. Face à cette précarité c’est au « Réseau Sortir du nucléaire » que nous adressons cette bouteille à la mer. La réponse au lobby nucléaire, qui souhaite la disparition de l’Institut « Belrad », est d’une simplicité arithmétique. Il suffirait que chacun des 16 000 membres du Réseau envoie une fois par an, le 26 avril jour de Tchernobyl, un chèque de 20 € à l’association « Enfants de Tchernobyl Bélarus », dont Vassili Nesterenko est co-fondateur et vice-président, pour permettre à son Institut de durer un an. « Belrad » a besoin de 20 000 € par mois pour continuer à travailler.
16 000 × 20 € - 18% d’impôts = 262 400. Divisés par 12 = 21 850 € [5]. Avec l’apport de chacun l’Institut Belrad serait sauvé !
Nous savons que ce choix n’est pas facile, car le Réseau a lui-même besoin du soutien de ses adhérents. Mais nous pensons aussi que ce surplus de générosité, ce geste concret de résistance de chaque membre du réseau ne devrait pas diminuer son engagement de base, mais constituer un motif de mobilisation et de sens supplémentaire : il tient en vie cet unique témoignage de vérité au cœur de l’enfer invisible contre le mensonge atomique international. Et en adoptant « Belrad » vous adoptez tous les enfants qu’il peut protéger. Cette prise en charge par les peu nantis de la planète de la seule source d’information indépendante sur le désastre sanitaire de Tchernobyl peut amplifier une solidarité de plus en plus consciente des dangers du nucléaire et renforcer la recherche scientifique indépendante.
Nous faisons appel à chacun de vous car vous êtes 16 000 [6], et votre acte de présence avec 20 euros une fois par an est immédiatement efficace.
Les fondations riches, qui restent inertes, finiront sans doute par nous rejoindre un jour, mais elles n’auront pas l’honneur d’avoir agi au moment le plus fragile, ni d’avoir agi les premières.
Nous espérons que les blocages institutionnels qui empêchent l’Institut Belrad de bénéficier des fonds européens finiront pas être levés et que cet effort financier sera ponctuel.
Envoyer vos dons à
« Enfants de Tchernobyl Bélarus
20 rue Principale, 68480 Biederthal (France)
Compte bancaire : 00029876060, Crédit Mutuel, 68220 ‑ Leymen, France
Président : Docteur Michel Fernex, Professeur émérite, Faculté de Médecine de Bâle, ex-membre de Comités Directeurs de TDR (Programme spécial de Recherche pour les Maladies Tropicales), OMS.
Vice-président : Professeur Vassili Nesterenko, Directeur de l’Institut "Belrad", Docteur ès sciences techniques, membre correspondant de l’Académie des sciences de la République du Bélarus.
Wladimir Tchertkoff
secrétaire général adjoint de l’association