L’automne arrive, avec sa ronde de Bolets, de Chanterelles, d’Ammanites et autres cryptogames et rien n’est plus triste que de voir des champignons écrasés, pour la seule raison que, ne les connaissant pas, on les a gratifiés d’un coup de pied méprisant.
Pourtant, même si il est mortel, aucun champignon ne mérite un pareil sort car ils ont tous une utilité dans la nature : les arbres rejettent des excréments par leurs racines. (On appelle ça des exsudats racinaires) et le champignon est justement là pour se nourrir de ces rejets. Plus tard quand le champignon meurt, en se décomposant, il va à son tour nourrir l’arbre.
D’ailleurs, les pépiniéristes le savent bien, puisqu’ils pratiquent de plus en plus souvent la vente d’arbres mycorhizés : c’est pour eux une des meilleures garantie d’avoir un arbre qui se développera dans les meilleures conditions. C’est peut être aussi le moment d’arrêter de classifier les champignons uniquement en comestibles ou non comestibles.
Il y a tant d’autres classements que l’on pourrait faire : par exemple les classer en trois catégories. Ceux qui vivent en symbiose avec l’arbre, ceux qui se nourrissent des arbres morts, et ceux qui tuent l’arbre.
Ceux qui ont des lamelles, ceux qui ont des tubes, ceux qui sont doux, salés, piquent la bouche, sont amers, se parfument à l’anis, sentent le navet, sont hallucinogènes, sentent mauvais etc...
Ils peuvent être aussi nos alliés et nous renseigner sur la pollution. Ils la concentrent, et lorsqu’on veut connaître la dose de pollution radioactive d’un sol, on peut analyser les champignons : plus leur croissance est lente (bolet jaune, trompette de mort) plus ils la concentrent
Saviez-vous que c’est grâce (en partie) aux trompettes de la mort, qu’un laboratoire indépendant (la CRIIRAD) a pu prouver que la pollution de Tchernobyl avait quand même franchi nos frontières ?
Et puis, il y a tant d’erreurs que l’on a fait, et que l’on fera encore à leur sujet.
Dans des livres sérieux, écrits par des mycologues distingués, on considérait jusque dans les années cinquante le paxille enroulé comme un bon comestible.
Depuis on le considère comme toxique, car il a été remarqué que, ingéré deux fois mal cuit, à un an d’intervalle, le paxille enroulé pouvait tuer.
Un autre champignon pose problème aujourd’hui : le tricholome équestre, comestible tout à fait délicieux, est suspecté de pouvoir être toxique, voire même mortel depuis le début de notre deuxième millénaire.
Saviez vous que la morille crue est toxique ?
Comme il n’y a qu’une petite vingtaine de champignons mortels dans le monde, pour un demi milliers de champignons comestibles, la sagesse serait d’apprendre à reconnaître les champignons mortels.
D’ailleurs dans la famille « Ammanite », on trouve le meilleur et le pire : l’Ammanite phalloïde, mortelle, et l’Ammanite des césars (l’oronge), considérée à juste titre comme le meilleur de tous les champignons.
Dernier conseil, lorsque vous parcourez les bois à la recherche de Bolets, ou de Chanterelles, plutôt que de regarder le sol, regardez d’abord en l’air : cherchez l’arbre avec lequel le champignon recherché fait bon ménage...un grand chêne a toutes les chances d’abriter une jolie famille de Cèpes d’été, un bouquet de houx est souvent le signe que les trompettes de la mort ne sont pas loin.
Et ne mettez jamais les champignons ramassés dans un sac en plastique, ils s’y abîment très vite : rien ne vaut un bon panier.