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Des nouvelles du ministère de la crise du logement |
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Et la lutte continue....
Salut à vous, camarades, je vous écris du Ministère de la crise du logement, rue de la Banque à Paris où le Dal s’est installé depuis presque un an déjà. Et voici quelques nouvelles de la lutte pour les mal logés-es. De nombreuses familles (270) sont installées sur les trottoirs autour du bâtiment. Les femmes enceintes et celles qui ont les bébés dorment au premier étage, celles qui ont des enfants dorment soit au 1er, soit dans des tentes, soit sur le trottoir. C’est plus que la galère et depuis hier, le froid s’installe lui aussi. Comme ailleurs, dans d’autres endroits et pour les mêmes causes, on a besoin de couvertures, couettes, duvets chauds-es, de café, de sucre, de thé, de douceurs, d’amitié et d’amour...
On n’a rien pour faire la bouffe, il y avait un micro-onde qui a rendu l’âme. Désolant que la seule solution soit celle du micro-onde, sachant que les ondes de cet appareil maudit détruit le peu de bon de ce qui est la nourriture ici. Faire face, est-ce bouffer de la merde, et pire encore transformer la merde en merde ? Il est évident que je me trouve là à mille lieux de mon quotidien et de ma nourriture bio, de mes trois sources d’achats, la coop bio le Charançon ou le groupement d’achat de Cums, le marché paysan et les légumes de Nant ou de mon jardin ! Certains soirs, une grosse soupe appelée chorba arrive et nous réchauffe l’intérieur, ou bien encore un bon plat complet. J’ai demandé à un ami du Dal d’acheter une plaque chauffante, j’attends pour faire le riz et chauffer les boîtes de conserves qui sont là dans le stock.
Désolant de constater le peu d’ouverture de conscience dans le fait que tout est en interaction, que l’immigration est en lien avec l’armement, la mondialisation commerciale, les multitouts, que la bouffe et l’écologie sont intimement liées ... J’essaye de faire passer le fait de laver les gobelets, bols, couverts en pastique. C’est vrai que cela peut paraître ridicule, et certainement cela l’est. Je lave ce que je peux avec les moyens du bord, c’est-à-dire deux petits sceaux et un plat en plastique ! Je les remplis d’eau (pas chaude bien sûr !) que je vais chercher dans les lavabos des chiottes du bas. Un seau pour laver et les autres pour le rinçage. Les femmes font des efforts, certaines ont acheté des gobelets en plastique genre ceux de la conf’. Elles les lavent elles mêmes et se les gardent, c’est mieux et cela me fait bien plaisir de moins jeter ( 1€ les 10), bravo et merci ! Tous les jours, je pense à la cantine libertaire qui fonctionne top de top !
Sacs plastiques, emballages, verre, déchets ménagers, piles, ... ils débordent de nos poubelles et encrassent notre environnement, même ici dans les rues de Paris... désolant ! le plastique met entre 100 et 1000 ans à se désintégrer dans la terre. « La combustion à 700° de matières fermentescibles, mélangées aux matières plastiques, provoque des dioxines, qui ne sont pas toutes filtrées dans les incinérateurs ! Même en respectant ces normes, un incinérateur de 100 000 tonnes rejette chaque année 120 tonnes d’oxyde d’azote, 30 tonnes de dioxyde de soufre, 5 tonnes de monoxyde de carbone, 6 tonnes d’acide chlorhydrique, 1 tonne de poussières, 300 kg de métaux lourds 100 kg d’acide hexa fluorhydrique, 60 kg de cadmium, et 60 mg de dioxines ! Les conséquences pour notre santé sont connues : cancers, leucémies, baisse de la stérilité... Une seule pile au mercure peut contaminer 1 m3 de terre ! Sans oublier que les résidus de l’incinération ne sont pas exploitables, et posent des problèmes. »
Peut-être je diffuserai en tract le texte « De l’or dans nos poubelles » dans le quartier !
Dans la semaine 14 tentes ont été installées sur les trottoirs. C’est très impressionnant de voir ces gens allongés ou assis sous des couvrantes et sous des bâches plastiques qui protègent un peu plus du froid et de rester là toute la journée à attendre la bonne décision de madame Boutin, « Madame Boutin, arrête ton baratin.... » Cet après midi on a participé à la manif sans papiers. Sympa de revoir un mouvement en marche. Et les sans papiers, inutile de rappeler les difficultés vécues. Une manif à Millau, ça se voit, ça s’entend, une manif à Paris, c’est un détail, une virgule, à deux pas cela n’existe pas !!! Quel monde !
Il est doux d’entendre les conversations des gens dans des langues inconnues de moi ... les femmes parlent assez haut et quelque fois même chaud !!! mais y’en a vraiment marre et il ne doit pas être toujours facile de tenir son calme. Pour la plupart de ces gens il y a le boulot, ils travaillent sur des chantiers, elles font des ménages. Elles et ils ont des papiers, elles et ils sont français, 1ère, 2ème, 3ème génération et la 4ème en route ! Dans les rues adjacentes, les riches et les bureaux, quartier de l’argent, on ignore, on s’en fout, peu sont solidaires et beaucoup pensent qu’ils sont étrangers, sans papiers.
Et puis, le bruit, les bagnoles, même la grève, ça ne les a même pas arrêtées, un-e dans une bagnole, des bus pas plein, des camions, des motos et scooters, et un peu plus de vélos, quand même...
Et l’équipe du Dal, des femmes, des hommes, habitué-es à la lutte, aux misères des un-es et des autres, volontaires et déterminé-es, sur-es d’elleux, sympas, une équipe, quoi ! je ne participe pas trop aux réunions, ça roule, la lutte est lourde ici, je ne veux pas peser plus. Cécile, Jérôme et les petit-es vont bien. Je reste une semaine de plus, paraît que ça va grossir... à bientôt de vous revoir, amis, Maya
Maya
Création de l'article : 22 octobre 2007
Dernière mise à jour : 22 octobre 2007
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