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Uranium - les Touaregs en danger |
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Petit résumé pour ceux qui n’aurait pas le temps ou le courage de continuer : la politique énergétique de la France va tuer le peuple touareg.
Bravo pour la France, félicitation pour Areva, dommage pour les Touaregs !
La France se glorifie de sa nouvelle victoire, une performance qui lui a permis de signer un contrat fort alléchant avec la Chine pour la fourniture de deux réacteurs nucléaires EPR. Au mois de septembre c’était avec la Libye que le géant du nucléaire Areva vantait ses prouesses en promettant d’importants bénéfices au profit de la France. Quant à nous, touaregs du nord Niger, à chaque tournant de cette implacable tourmente, la sueur froide est de mise.
Il y a quelques mois je disais ceci :
« Aujourd’hui, les touaregs s’inquiètent de la distribution tous azimuts de permis de recherche et d’exploitation d’uranium sur leurs territoires sans que ne soit envisagée aucune mesure de compensation visant à en amortir les conséquences. Les tribus concernées devront quitter les lieux à la recherche d’hypothétiques territoires d’attache et de nomadisation. Les ressources exploitées donnent à l’Etat les moyens de les combattre, les maîtriser et les réduire à l’état de réfugiés dans leur propre pays.
Cet acheminement hélas fatal, du fait de la logique géopolitique et des intérêts des uns et des autres, amputera l’humanité d’un des éléments unique de sa richesse, la culture touarègue, une culture basée sur un code de conduite morale imposé à chacun dans la perspective d’affronter les conditions d’une vie saharienne austère et rudimentaire.
La situation est d’autant plus complexe que les permis d’exploitation ont été attribués à des pays comme la Chine qui, malheureusement, n’a aucune politique de respect pour les communautés locales et encore moins l’environnement constituant leur cadre de vie. Leurs méthodes « espèces sonnantes et trébuchantes » intéressent, en revanche, les gouvernants de ce monde.
C’est dans cette logique infernale qu’un conflit armé a éclaté dans le nord Niger avec la création d’un mouvement des Nigériens pour la Justice. Du fond de leur désert ses animateurs luttent pour se faire entendre, alerter la planète et tenter de dénoncer cette situation afin de sauver ce qui peut l’être.
Face à eux, un Niger qui décide de les anéantir, crée les conditions d’un affrontement sans précèdent et refuse toute idée de dialogue. Les libertés individuelles sont confisquées, les débats contradictoires sont interdits, les radios internationales sont suspendues, les journaux indépendants sont menacés et certains supprimés.
La région Touarègue est déclarée en état d’urgence et l’armée s’arroge le droit d’emprisonner, torturer et tuer au besoin sans aucune forme de procès. La communauté internationale passe sous silence cette situation contraire à la Déclaration Universelle des Droits Humains.
Le schéma qui se dessine devient très préoccupant et même d’une extrême gravité. En effet, la partie septentrionale du Niger regorge d’impressionnantes ressources minières, uranifères et pétrolifères notamment. Les populations disséminées dans ce désert sont désormais perçues comme une véritable entrave dans la perspective de l’exploitation massive de cette manne.
L’énergie nucléaire dans sa fulgurante ascension d’énergie "propre" devient plus que jamais un enjeu planétaire. De la même manière, la montée progressive du prix du baril rend le pétrole nigérien économiquement intéressant. Que représente une poignée de nomades totalement absents du système économique mondial devant de tels enjeux ?
Les grandes puissances de cette planète vont alors laisser le dictateur faire le ménage afin de s’en prendre à « l’énergie propre dans un environnement propre (dégagé de toutes ces populations) ». Le tour est joué, le gouvernement nigérien et les puissances étrangères auront tiré leur épingle du jeu. »
Trois mois plus tard ce schéma se confirme inexorablement.
On connaît parfaitement les conséquences néfastes qui résultent des deux permis d’exploitation octroyés, il y a quarante ans, à la France pour l’extraction des gisements d’uranium à Arlit et Akokan (voir étude Criirad et Sherpa). La population nomadisant dans cet espace a été contrainte de partir sous d’autres cieux. La faune a totalement disparu. Les nappes phréatiques sont polluées. La population fait face à des sérieux problèmes de santé publique.
Cette année, l’état du Niger a octroyé 122 permis d’exploitation d’uranium. En superposant la carte du nord Niger et les limites géographiques des concessions on se rend compte de la catastrophe qui se prépare : pollution des nappes phréatiques, destruction des airs des pâturages, spoliation des terres des éleveurs, élimination des puits pastoraux et bouleversement de la gestion pastorale.
Qu’en est-il de la Déclaration des droits des peuples autochtones adoptée en septembre 2007 à l’ONU ? Notre monde a-t-il le droit de laisser passer sous silence la destruction de tout un peuple dont le crime originel serait d’habiter un Sahara jadis inculte mais devenu immensément riche ?
Souhaitez vous vraiment que le peuple Touareg disparaisse à jamais si cela permettait à votre économie de bien se porter ? Acceptez vous de participer à travers la politique de votre pays à la mort d’une population innocente sous prétexte que cela vous permet d’éclairer vos maisons et de cuisiner sur la plaque chauffante ? Les touaregs n’ont d’autre choix que de se battre ou disparaître. Un choix fort douloureux qui les a amené à prendre les armes et à risquer leur vie.
L’armée Nigérienne, qui a le soutien matériel de la France, de la Chine et des Etats-Unis, vient de lancer une offensive sur l’Aïr dans le but de nous réduire au silence. Nos hommes tentent de la contenir avec des moyens bien moins importants. L’armée a réussi à ravitailler la caserne d’Iferouane mise sous embargo par les troupes MNJ depuis le 25 Août dernier, mais cela ne change en rien les données du problème.
Nous sommes déterminés à défendre nos terres car c’est une question d’existence.
Déterminés et rassemblés, nous réussirons à empêcher à toutes ces sociétés de s’installer chez nous sans notre consentement. Encore une fois sont mis en balance et de manière flagrante la richesse matérielle et la valeur humaine. La réalité est là, inutile de se voiler la face.
Issouf Ag MAHA, Maire commune Tchirozérine - Agadez Niger, le mardi 04 Décembre 2007
cette information est à diffuser largement !
et si vous pensez que vous ne pouvez rien y faire, JE VOUS SUGGERE DEUX POSSIBILITES D’ACTION applicables immédiatement
- Diminuez le plus possible votre consommation en général, d’électricité et de tous les carburants et autres sources d’énergie non "renouvelables" en particulier
Et Agissez autour de vous pour qu’il en soit fait de même, tant au niveau individuel que collectif (transports de personnes et de marchandises, éclairage publique, gaspillage généralisé, ...)
- Résiliez votre abonnement à EDF, passez à Enercoop (http://www.enercoop.fr/) et faites le savoir
Auteurs divers
Création de l'article : 10 janvier 2008
Dernière mise à jour : 10 janvier 2008
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