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C’est la lutte finaaaaàle ! |
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Ce chant récurrent est de toutes les manifestations, et certains s’interrogent aujourd’hui sur l’avenir du syndicalisme
Ceux qui ne veulent pas adhérer, (mais sont quand même prêts à en utiliser les avantages lorsqu’ils sont menacés) brandissent l’argument massue : ce sont tous les jouets des partis politiques.
Quant aux autres, ils en sont parfois à se demander à quoi ça sert encore.
Ils ont peut-être la mémoire courte. L’histoire du syndicalisme n’a pas commencé en mai 68, mais bien avant, en 1880 en Europe.
Pour la France, ce fut en 1884, avec quelques restrictions : la fonction publique n’était pas autorisée à se syndiquer.
Les dernières mesures gouvernementales instaurant le « service minimum » prouvent que les mauvaises idées ont la peau dure.
Mais c’est aux États Unis lors des évènements du 1er mai 1886 que le mouvement syndical s’imposa définitivement dans le monde du travail.
Ce jour là, il y eut des morts : 3 morts chez les grévistes, et 15 chez les policiers.
3 syndicalistes ont été pendus, et 5 condamnés à la prison à vie.
On se battait alors pour que la durée du travail ne dépasse pas 8 heures par jour.
Aujourd’hui, les syndicats sont incontestablement une des seules manières de faire front au patronat tout puissant.
Mais ils représentent un poids tellement faible aujourd’hui que le gouvernement les reçoit cordialement, les écoute, et fait ce qu’il veut.
En France c’est peut être la « chute finale », car le nombre de syndiqués n’a pas cessé de baisser. Il était de presque 30% en 1945, puis de 15% en 1980 pour tomber à 8% et la tendance semble à la baisse. Ce taux tombe à 3,5% dans les entreprises de moins de 50 salariés, et à 2,4 chez les salariés en CDD ou intérimaires.
Pourtant la paix sociale dépend de la force d’un syndicat, car si les conflits naissent, ils viennent d’un manque d’équilibre des forces entre patron et ouvriers.
Si les syndicats étaient représentants d’un plus grand nombre de salariés, ils seraient fatalement plus puissants, et le patronat serait obligé d’en tenir compte, ouvrant alors fatalement la concertation, l’écoute, et le dialogue social, évitant ainsi les conflits majeurs.
Lorsqu’il y a déséquilibre, le conflit met plus de temps à naître, mais fait beaucoup plus de dégâts.
C’est ce qu’ont compris d’autres pays depuis longtemps, et ils n’ont pas hésité à obliger les travailleurs à se syndiquer : Au Mexique ou en Corée du Sud, l’engagement d’un travailleur est conditionné par son adhésion à un syndicat.
En Belgique, et dans plusieurs pays du nord, les salariés sont soumis au système dit « de Gand » qui conditionne le versement des allocations chômage à une adhésion syndicale préalable.
Ils sont donc syndiqués obligatoirement, et l’histoire prouve que les conflits y sont bien moins nombreux, et plus faciles à résoudre.
Mais en France patrie des « Droits de l’Homme et du Citoyen », nous prenons le chemin inverse.
Le gouvernement fait tout ce qu’il peut pour empêcher une grève d’être efficace, imposant chaque fois qu’il pourra, le service minimum.
Cela ne résout rien, mais le message n’est pas encore compris en haut lieu, et il est évident qu’un jour ou l’autre, l’affrontement aura lieu, et il sera dommageable aux deux camps.
A preuve les suicides récents chez Renault, ou les 40 tentatives de suicides chez Cellatex, sans parler des dépressions nerveuses...
Tout cela ne fera jamais l’affaire de personne, sauf celle de quelques cyniques qui, comme J.M von Braun déclarent que le suicide est une chance pour la croissance.
Car comme disait un vieil ami africain : « On peut tout sonder, sauf le silence d’un homme ».
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olivier cabanel
Création de l'article : 25 janvier 2008
Dernière mise à jour : 25 janvier 2008
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