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Avec les femmes d’Independent WHO |
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Depuis maintenant 7 mois (26 Avril 2007) des vigies se sont postés devant le siège de l’Organisation Mondiale de la Santé à Genève, sur le trottoir d’en face, les voitures passent inlassablement devant ces un ou trois femmes et hommes sandwichs affublés de pancartes en anglais et français, apostrophant l’actuelle Directrice chinoise de l’OMS, Madame Chan, afin que l’OMS reste indépendante vis à vis de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique ; enfoirés en français) les faits remontent à 1986 ... (26 Avril) et ce dossier est disponible sur http://www.independentwho.info [ 1]
Inscrit tout récemment, je relate quelques impressions, rencontres et témoignages des vigies, ils se relaient chaque semaine, leur fil de liaison symbolique est une main courante ou livre de bord où chacun transmet les consignes au suivant, les humeurs et rencontres du jour, les dossiers de presse distribués aux passants et fonctionnaires travaillant à l’OMS, qui ne peuvent ignorer maintenant cette position incongrue.
A ce jour, pas de signe de vie de la dame en question, on attend et on veille, la conscience à la main, on brandit les mots et les chiffres ; 500 000 mille enfants biélorusses contaminés, rien à voir avec les chiffres officiels, les ordres... Des médias ayant pourtant relayé l’information sur ce mensonge, tout le monde connaît les mots de liquidateur, nuage qui s’arrête à la frontière ... Cette initiative de Genève se borne à cette reconnaissance du nombre de victimes grandissantes, car n’étant pas reconnues, elles ne pourront être soignées comme telles.
Maryvonne pense que les mots en anglais “ Amend ” peut prêter à confusion, le mot “ crime ” est trop agressif pour les gens, elle pense qu’il faut se focaliser sur les phrases essentielles du mouvement, ne pas écrire des “ contre ” ou des “ anti ” mais des “ pour ” ; “ pour l’indépendance de l’OMS ”, “ pour la révision de l’accord OMS -AIEA de 1959 ! ? ”.
Un taxi nous crie un grand “ courage ! ” . Elle dit aussi qu’il faudrait mettre plus d’animation, sur les pancartes, les changer régulièrement, rajouter des couleurs, une grande banderole accrochée sur les chênes centenaires derrière, là où la propriétaire nous a aimablement autorisée de ranger chaque soir notre “ caisse à savon ” et qu’il faudra son accord et celui du groupe, on verra ; c’est vrai que l’on fini par faire parti du paysage . Elle change de côté de la route de temps en temps pour bénéficier des rayons du soleil.
Une passante promène son rejeton dans sa poussette, elle nous dit (avec un accent germanique ?) qu’elle a fait un stage chez un docteur faisant des élixirs de plantes ou des élixirs contre les radiations. Sans porter de jugement, nous prenons ses coordonnées sur la main courante. Quelques dossiers en anglais de distribués, et on note sur le cahier : “ on glande et les glands se font broyer en farine par les roues des automobiles ” “ la bise commence à sévir, il va falloir s’équiper sérieusement ”
Lamamo m’accueille avec le sourire, elle ne parle pas beaucoup au premier relais, elle profite de sa pause pour aller s’asseoir contre un chêne. Trouvant la pause un peu longue (je dois repartir), je vais la chercher et la trouve assise en tailleur, tout sourire, fermant les yeux face au soleil contre l’arbre symbole.
D’après ce que j’ai compris de son “ Karma ” (ou Dharma ? ou Sangha ? Bref, même combat) je suis sûr qu’elle puise autant d’énergie des rayons de l’arbre que des rayons solaires... Le surlendemain, la langue se dénoue (on est vendredi !) elle partira plus tôt pour prendre son train, les grèves menacent ne tarissant pas sa bonne humeur .
Elle dit qu’il faut animer “ le stand ”, faire des affiches changeantes et plus jolies, elle n’aime pas porter la pancarte “ crime ” non plus. Elle dit aussi qu’il faut pourquoi pas utiliser les méthodes des “ marketteurs ” car les gens sont encore plus attirés par les nouvelles pub derrière les bus . Elle lance l’idée (saugrenue ?) de faire jouer le paradoxe en montrant des photos des enfants et offrant en même temps des marrons chauds aux passants.
Un cycliste passe avec son fils et tend le poing en l’air en criant “ justicia !” moi l’air bête répondant bah merci, elle en soupirant : “ encore un qui n’a pas compris ” après un temps, : “ la justice, c’est la guerre . ” (à méditer).
Elle relate son contrôle d’identité par des policiers dont une grosse femme (elle mime des joues) agressive qui la malmène et lui lançant “ vous avez vos convictions ” “ vous défendez votre cause ” elle leur répond qu’ils ne comprennent pas, qu’il ne s’agit pas de cela, regardez en face ” elle montre les feuilles des arbres “ qu’est ce que vous voyez ? ” Je suppose qu’elle leur fait comprendre que chacun voit la même chose mais différemment, et que le véritable problème, c’est cette mauvaise interprétation, mauvaise compréhension . Toujours est il que par la suite, les policiers passeront en lui faisant un gracieux “ bonjour madame ” (respect) .
On parle des gens en voiture ou des passants qui font comme si on n’était pas là, comme si nous étions transparents, nous c’est provisoire mais pas les SdF ; elle dit que “ chacun reste dans sa bulle ”, elle ne parle même pas de “ percer la bulle ” mais de “ leur renvoyer la bulle ” .
C’est l’heure, elle m’embrasse, je la félicite sur sa belle tenue ample et de couleur et plaisante en lui demandant de m’envoyer des bulles ... Je regarde ses notes : “ colchiques dans les prés... ” version complète et quelques croquis, je reconnais : “ si ça c’est pas un œil de Bouddha ... ”
Annick m’a passé un numéro de “ la décroissance ” des casseurs de pub, on parle des atomes crochus. Carole m’a dit quelques mots sur sa traversée de l’Europe à pied jusqu’en Biélorussie avec un groupe comprenant notamment André L. Une marche pour la paix riche en rencontres mais oubliée par l’œil du cyclone médiatique. C’est la seule du groupe qui fait penser aux "seventies". François plaisante , astiquant les pancartes, il la soupçonne d’avoir rédigée une des affiches trop "grunge" à son goût , en effet, les grandes lettres anglaise sont caractéristiques...
Avec Françoise, nous avons rencontré un personnage qui paraissait sidéré de nous voir dans cette situation, pour lui aussi chacun vie dans sa sphère intérieur, et de donner des exemples de célébrités qui ont crées des œuvres de bienfaisance ou fondations parce qu’ils avaient un proche concerné. Son accent et le fait de s’exprimer avec des gestes laissent deviner ses origines latines. On s’amuse à lui demander son pays d’origine, il a l’œil malicieux aussi et nous laisse deviner. Nous : "quelque chose du sud ; Espagne, Portugal ?" Il répond que non, que ces pays leurs ont fait suffisamment de mal. Avec l’indice et pour ne pas remuer, nous embrayons sur l’Amérique latine "Argentine ?" - "non" . "Chili ?" - "oui" fît il en souriant de plus belle. Il continue d’essayer de nous casser le moral comme un autre homme originaire de Constantine, plusieurs jours auparavant, avait entamé la conversation en affirmant qu’il vendait et qu’il était promoteur du nucléaire...surtout pour nous provoquer, Philippe vigie avec Annick, avait alors mordu à l’hameçon et s’était ensuivie une discussion personnelle du conflit israélo-arabe. On refait le monde aussi au carrefour des Morillons... L’ami chilien essaye de trouver une expression française qui traduit bien notre naïveté( ?). nous coupons alors en riant : “ ce n’est pas "L’espoir fait vivre" par hasard ? ” Il rit plus fort et répond à son portable, c’est sa femme, il termine par nous dire qu’il a encore cinq minutes à nous consacrer, 5 minutes pour convaincre... Que dire à part que l’on ne peut pas laisser faire, ne pas lutter, que c’est en touchant le public que l’on touche le politique, que tous les moyens non violents sont les bienvenus, et que cette position incongrue en est une. Le portable sonne à nouveau, cette fois il faut qu’il parte (madame...) Nous lui tendons un dossier en français qu’il refusait tout à l’heure _" essayez de convaincre le plus grand nombre autour de vous !" il le prend finalement toujours en riant. Il s’est déjà éloigné de plusieurs mètres, je lui lance alors de loin , car on s’amuse aussi : "L’espoir fait vivre, Vive le Chili !" Il rit toujours, il aime la vie aussi, peut-être ne jettera-t- il pas le dossier, qui sait ?.
Sur les "échanges électroniques" Alison propose l’idée de créer une ONG (encore une !) afin d’être plus représentatif auprès des institutions et autres. Pourtant, avec la multiplication des ONG dont celles qui deviennent de plus en plus importantes, on est en train de créer une deuxième couche d’institutions, au lieu de s’en prendre directement à la première couche qui est vérolée, ces institutions qui ne respectent pas leurs principes fondateurs, et ne se soumettent pas, ne rendent aucun compte à la population.
Voilà pour les femmes, plus nombreuses car elles ont instinctivement plus de respect pour la vie. Les gens n’ont pas encore compris toute l’opportunité qu’il y a pour une démocratie à voter pour une femme. On attend l’expression de l’instinct de Madame Chan. Un homme ou un occidental, à sa place aurait déjà fait une démarche hypocrite, pas elle. Depuis sa (tendre ?) enfance, on l’a peut-être conditionnée à obéir aux ordres, en se levant à 4 heure du matin pour faire de la gymnastique collective, en chantant, avec un petit livre rouge à la main (j’exagère sûrement). Mais en face, nous avons été conditionné aux droits de l’homme depuis la maternelle (j’exagère à peine...). Alors on y croit dure comme fer devant cette dame du même métal ?
Polo a raison, un vigie ne doit pas rester seul. Seul, on gamberge trop, toutes ces autos et autobus nous soûlent : ; cela fait déjà plusieurs fois que j’imagine un bus arrivant et s’arrêtant au carrefour, remplis de gosses biélorusses accompagnés de Bandajevsky , Tchertkoff, Michel Fernex..., je crois que je mimerais une madeleine.
Encore un vendredi, Jean partira plus tôt, éditeur en retraite, il a eu cette semaine l’occasion d’être relayé par un certain Philippe De R. Il me demande de lui demander (hum) si il est en famille avec l’écrivain, lui répondant que je lui poserai la question, n’osant pas lui répondre que j’aurai tendance à lui demander si il est en famille avec un rugbyman... (oui, oui, je sais, c’est dramatique...). Et une heure plus tard arrivent en même temps Frieder et Philippe (De R). Frieder vient inspecter et perfectionner la carriole, l’autre jour, il est venu avec du thé, café et des pommes.
Philippe nous offre des biscuits anglais (très bons), à la question de Jean, il répond que oui, c’était son grand-père. Ne pouvant pas rester, sa femme est sur le point d’accoucher, je lui demande la sempiternelle ritournelle fille ou garçon, il répond qu’ils n’ont pas voulu savoir. En effet c’était une question idiote à poser à ce genre d’homme ; qui ne triche pas avec la vie.
En conversant, il se saisi du livre de bord et nous le montre avec un sourire malicieux : - " ce livre est un trésor inestimable" il jette un regard dessus, sourit plus fort et le remet précieusement en place, c’est peut-être lui qui l’a fourni ; il a une couverture en cuir et se lace comme un parchemin. Il nous serre la main fermement et dit qu’il reviendra. A bientôt heureux papa (*). Avec sa haute taille, sa longue chevelure et sa voix sonnante, il fait penser à un personnage de roman chevaleresque. Tôt ou tard, Il reprendra ce "parchemin", il a les gènes (non modifiés), il a ce que l’on appelle trop vulgairement le talent.
Tôt ou tard, il écrira, il séduira, il convaincra le plus grand nombre. Allez, noble chevalier, sort ton arme pacifique !
Je reprends les notes : " il est dix heure, c’est l’heure de la prose quelques sourires, bonjours, regards. cela pue le pot d’échappement, vivement le baril à cent mille francs (suisse) " en ajoutant : "il est 6h du soir bonsoir, l’hiver viendra, on sera là. l’hiver viendra, on tiendra. (motivation) il est temps de ranger le fourbi bonne nuit les vigies." J’ai trouvé un slogan pour Paris (Grenelle- souris verte) ce week-end (où je rencontrerai Thérèse, Monique et Bernard) : "Tiens bien ta broche Laridon ," voyons la ligne d’horizon, "A la fin de l’envoi, Latouche !"
Chacun fait sa part. Tous les citoyens ordinaires peuvent faire ce petit peu. En les touchant au cœur et à la conscience, ils se lèvent comme un seul homme
J’ai ramassé quelques glands et les ais semés, s’ils lèvent, ils seront nommés comme l’orme PONEMA lors d’une initiative contre la graphiose. Cette fois ce sera contre la sclérose du cerveau que je les nommerai Youri, Wladimir, Solange, Michel, Maryvonne, Lamamo, Alison, Annick, Françoise, Paul, Philippe... Semez, Semez...graines de liberté...prenez-en de la graine.
On reste plantés comme des pôreaux au carrefour des Morillons, François a dit, qu’il y a déjà eu un livre de bord de disparu, en souriant, il soupçonne les RG. Les RG à Genève ? Pourtant depuis le soir du 11 décembre 1602, les autochtones ne peuvent plus sentir les mercenaires étrangers.
C’est bientôt la fête de l’escalade, ce soir là, le peuple genevois a défendu et gagné son indépendance, nous voulons celle de l’OMS, feront ils la relation ?, la Compagnie 1602 marchera-t-elle jusqu’au Carrefour des Morillons ?
Il écrira.
Les hommes passent mais les écrits restent. La mémoire collective : "Cé qu’è lainô, le Maître dé bataille, Que se moqué et se ri dé canaille, A bin fai vi, pé on desande nai, Qu’il étivé patron dé Genevoi."
Pas besoin de traduire, c’est du français , avec l’accent en plus ; la mère Royaume était lyonnaise (une femme encore). Les romands sont un peuple fier et un peuple frère ; des descendants français qui ont échappé au massacre. Comme pour les indiens d’Amérique, on peut dire en Francophonie que ceux qui n’ont pas du sang de protestant qui coule dans leurs veines, en ont sur les mains...
Il écrira, il convaincra.
N’y tenant plus on signe : Jyp De Bleumont (de bleu de bleu) Carrefour des Morillons, Genève le 23 Octobre 2007 (1er Brumaire pour les intimes)
Mars 2008 : Depuis , l’hiver est passé, il y a maintenant plus de 150 vigies. A l’AG, la reconduction de la vigie pour plusieurs mois a été votée à l’unanimité. On sent que cela grandi et prend forme, la population s’informe et adhère, les articles dans les médias se font plus nombreux. Petit à petit , le mensonge sort de terre, la terre s’ouvre et s’effondre sous les pieds des lobbies.
Nota Bene : Une manifestation impressionnante est prévue le samedi 26 Avril 2008 devant l’OMS à Genève. Il faut que nous y soyons nombreux, il faut que nous y soyons au moins équivalent au nombre de victimes ; ceux qui ne peuvent pas témoigner, ceux qui ne peuvent plus témoigner, il faut que nous y soyons plus de un million... Tchernobyl était le troisième et dernier avertissement.
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(*) C’est un garçon. Il s’appelle Karl de R. et il écrira aussi... parce qu’écrire c’est faire un bond hors du rang des meurtriers. (Kafka)
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Notes
[1] l’OMS se dit WHO en anglais (World Health Organisation)
Jean-Yves Peillard
Création de l'article : 3 mars 2008
Dernière mise à jour : 3 mars 2008
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