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éducateur, enseignant, psychanalyse, refoulement

Une réflexion éduc-hâtive !

samedi 16 août 2003

Je vais porter mon attention sur les refoulements courants d’éducateurs. A mon sens, le label éducateur s’adresse à toutes les professions amenées à devoir aborder de façon régulière l’enfant. Tous les métiers de l’enseignement en particulier, des loisirs et de l’animation en général, sont présents à mon esprit, sans omettre "l’éduc", qu’il soit de rue ou de foyer.

"Laids" non-dits de l’éducation.

Une pratique attenive m’a permis d’observer que la sensibilité de l’enfant sollicite l’éducateur dans ce qu’il a de plus archaïque de désirs insatisfaits et d’insécurité. Elle attire celui qui reste attaché à sa propre enfance. L’enfant éveille le sadisme par sa faiblesse et déclenche automatiquement l’autoritarisme par sa passivité. Il attise l’immaturité du plus grand nombre et les tendances sexuelles perverses par son inachèvement psychique, physiologique et son besoin de tendresse.

Etre éducateur est un choix professionnel orienté par des désirs inconscients. La reconnaissance de ces désirs, admettre au moins leur existence, est indispensable.

L’éducateur bousculé est un individu bloqué par l’angoisse. Il n’a jamais pu atteindre une identification suffisante enécho d’une image paternelle vigoureuse et non agressive. Ces éducateurs chahutés sont les éducateurs chahuteurs. Leur vraie sensibilité est faite de fantasmes défensifs plus ou moins refoulés.

Ici se confirme que la valeur pédagogique réside moins dans ce qui est dit et fait que dans ce qui est ressenti en profondeur, c’est à diredans son propre degré de maturité. La méthode vaut par celui qui l’applique.

Vers un autre-delà.

Derrière le masque, que motive chez un éducateur son désir "d’adapter" (a/o) un enfant ?

Au-delà de lui ; il y a l’Autre, l’enfant du passé qu’il était et des projections qui le dépassent, "l’Autre-delà". A la croisée des deux chemins se situe l’origine de l’autorité : le "Grand Non du Père" (Grand-Père ?). Tout éducateur doit savoir ditinguer autorité et contrainte, liberté et laisser faire. Tout éducateur doit savoir qu’appel aux menaces, punitions, chantages affectifs prouvent son manque d’autorité ;il devient "l’éduc-acteur" d’un mauvais rôle. L’autorité s’impose d’elle-même. Elle est modèle. Elle n’a pas peur des pulsions de l’enfant. Elle admet les nécessaires maladresses de l’apprentissage sans jamais les considérer comme intentionnelles et mauvaises. L’autorité est tolérante. Elle est dans l’égalité d’Etre et l’humeur constante. L’importance en est évidente surtout pour l’enfant qui a besoin d’appuis solides pour se construire. La colère inattendue, le soupçon capricieux, brutal et déplacé sont nocifs. Nombre d’enfants doivent à cette perversité lunatique une partie de leurs perturbations de comportement. L’enfant n’entend jamais véritablement l’autorité apparente de l’éducatuer énervé. L’autorité vient en premier lieu de l’autorité acquise sur soi.

Miroir.

Les éducateurs sont porteurs de tensions inconscientes qui happent l’enfant qui les reproduit. C’est la maturité effective de l’adulte qui autorise à l’enfant ses mécanismes d’identification sans lesquels il ne peut exister d’intérêt culturel ni de communication sociale constructive. Il faut qu’aux demandes inlassablement répétées de l’enfant, l’éducateur réponde par un rapport correspondant justement aux besoins et intérêts réels et non fantasmatiques de l’enfant. Il doit prendre soin de ne surtout pas répondre en fonction de ses propres fantasmes.

Etre éducateur suppose cette double attitude d’être capable de se mettre à la place de l’enfant et, en même temps, en être suffisament détaché pour ne pas être pris subjectivement dans une aliénation réciproque.

Psychanalyse de l’éducateur.

Parelr de l’éducateur dans notre société, c’est en aborder un des sujets les plus "immaîtrisés". Un bon dressage ne suffit pas à réduire les impulsions humaines, chacun le sait. Le désir est porteur d’angoisses qui sont à l’origine de nombreuses formes d’inadaptations. Angoisses chargées de culpabilitées, angoisses frustrantes et castratrices annihilant jusqu’au principe de demande. Les symptômes-symboles sont par nature crus, brutaux et difficilement admissibles pour l’éducateur. La répulsion qui en découle peut lui interdire la compréhension des difficultés de l’enfant.

Souvent l’adulte régnant oppose une farouche résistance à devoir considérer un mode d’approche de son inconscient. Il nie, avant de renier, l’origine de ses réactions de défenses anxieuses, agressives, masochistes,etc.

L’éducateur ne se rend pas compte de son comportement affectif:il rationalise et n’a cesse de justifier ses réactions après coup, avant même d’être confronté aux questionnements. Il attribue sans vergogne aux seuls enfants l’origine des troubles rencontrés dans la pratique. Même ceux animés par ce qu’on appelle "le feu sacré" ne font qu’exprimer une tendance possessive pesante qui handicape l’auto-nomisation de l’enfant.

La compréhension psychanalytique issue de l’expérience, elle-même obtenue par la pratique, est indispensable pour une action efficace en faveur des enfants. En déchiffrant le langage symbolique, il devient possible d’atteindre la vérité camouflée par l’enfant.

Je me "Freudonne" à l’oreille que le moi doit déloger le ça qui parle dans le symptôme ! Cette progression du désir brut à travers des significations de plus en plus maîtrisables est violente, impulsive, virulente et se fait du symbole pré-verbal, au verbal. Il ya alors abandon du ça par l’enfant et restructuration progressive du moi. Lespropres désirs de l’enfant, jusqu’alors enfermés derrière les angoisses d’autrui, se libèrent et avec eux une grande partie de sa psychosomatique et de ses aptitudes certaines à la relation humaine. Cette pratique ne s’intellectualise pas. Elle se pratique sur soi, pour se pratiquer sur les autres, même si ces autres sont des enfants.

Je n’ai toujours que sentiment d’horreur à la rencontre de ces enfants étiquetés, classés vis-à-vis d’eux-mêmes et des autres, soumis d’office par leur infériorité officialisée, devenus objets de la vigileance des adultes, qui ne sont plus que ce que l’adulte cultive en eux : l’impuissance et l’angoisse à être parmi les autres.

Benoît COMTE Sociologue

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