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Vive les semences libres ! |
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Petit survol de l’AG des faucheurs à Grigny (69) des 12-13-14 Juillet 2008 vue d’Europe
Les faucheurs volontaires deviennent semeurs volontaires, les gars du RSP pleurent de joie, la reconnaissance de leurs efforts depuis si longtemps pour sensibiliser le grand public risque de monter d’un cran avec la médiatisation autour de José. Guy Kastler avait fait grève de la faim avec quelques autres plusieurs mois avant celle de José, il aurait pu "mourir la bouche ouverte" que les médias ne s’en étaient même pas intéressés ou si peu. On en est réduit à cela : la médiatisation.
Même si cela fait parti des moyens de dénoncer la fumisterie, la place des faucheurs n’est pas dans un tribunal, ni à jouer ce jeu du chat et de la souris avec les "procédures", ni à faire des échantillonnages pour montrer ce que tout le monde sait. Le débat sur l’abomination du brevetage du vivant doit être une fois pour toute mis sur la place publique et sanctionné .
Catalogue officiel dévié , COV autre forme de brevetage, OGM clandestins, nouveaux OGM… S’informer sur www.semencespaysannes.org
Compte-rendu ateliers : Ne pas opposer les fauchages de nuit et les fauchages de jour complémentaires. Le compte sans gène est pour les indemnisations. Les collectifs locaux s’occupent des frais de justice.
Il y a encore des essais expérimentaux, essais commerciaux en plein champs, on revient dix ans en arrière ! alors il y aura encore des fauchages… des silos contaminés dénoncés… Le pollen, comme la cupidité et le scientisme, n’a pas de limite.
Magalie prend la parole, elle est convoquée au tribunal de Bordeaux, décrite dans le rapport de police comme "grande jeune femme" (1,90m minimum) "aux cheveux crépus" ( pour ne pas dire qu’elle est noire) nous nous étions noirs de rire (elle un peu moins) qui s’est interposée avec un collègue beaucoup plus blanc qu’elle et qui lui n’a pas été inculpé, contre une interpellation d’un père de famille (qui n’avait rien à voir avec la manifestation de soutien) sous les yeux de son enfant. Elle aurait blessé plusieurs policiers d’un seul coup de hanche. (rire dans l’assemblée). Finalement relaxée quatre jours plus tard grâce au ridicule des faits reprochés et surtout grâce à la forte mobilisation générale. C’est le côté blé rouge de bordeaux (sans copyright) du collectif et il ne faut pas avoir peur des mots ; Magalie est belle et bien noire comme la tomate noire de Crimée (sans copyright itou).
Ensuite, les faucheurs européens ont la parole, ils sont disposés en demi-cercle au milieu du cercle de l’assemblée, chacun se lève et est venu exposer ses moyens de lutte, en couple ou plus, ils ont tous une histoire particulière, riche d’enseignement. Quelques interventions bien gravées :
Commence l’ami espagnol, l’Espagne est la plus contaminée avec plusieurs milliers d’hectares. Venant de Catalogne, il affirme modestement que son groupe a organisé le fauchage d’une petite parcelle. Mais vu le tonnerre d’applaudissements qui s’ensuivi, cela rappela que ce n’est pas le nombre qui fait la valeur. Puis il continua son exposé.
L’ami anglais exposa la façon efficace d’accentuer les fauchages des essais commerciaux ou expérimentaux et que cela leur avait évité d’être complètement envahi de champs OGM.
L’ami suisse raconte son combat personnel (qui lui vaut d’être maintenant élu !), paysan, il a commencé à se battre contre les hormones bovines et par la même logique, en était venu à la lutte anti-OGM. Avec son groupe il a réussi à organiser plusieurs débats contradictoires inédits avec les scientifiques, des paysans, des élus et le public. Il affirme que ce moyen de lutte est efficace.
L’ami allemand commence par cette phrase : " Aujourd’hui la résistance allemande rejoint la résistance française" (tonnerre d’applaudissement). Avant de faire son exposé et de passer la parole à sa collègue, il ajoute que n’ayant pas de champs à faucher en Allemagne, il lance l’idée que tous les faucheurs d’Europe doivent s’organiser et par exemple d’aller faucher ensemble en Espagne, la plus contaminée (hourra dans la foule).
Une autre plus jeune amie allemande annonce modestement qu’elle est actuellement poursuivie en justice pour avoir "neutralisée" des essais OGM en laboratoire. (applaudissement bis) Mais comment dit on "couillu" en allemand ? En Espagnol ? En polonais ? Sachant qu’en anglais c’est big bulloch ( prononcez bigue beuloque).
L’ami polonais, avant d’exposer la situation dans son pays nous décrit avec ce mot : passion. Hé oui, rien d’important ne se fait sans passion !
José en concluant évoque une marche sur Bruxelles, mais Bruxelles comme Strasbourg ne représente rien pour nous. Cette Europe là est vide et froide comme l’argent, Les grands imbéciles ont voulu réunir les européens par l’argent. Sa base est pourrie. Bruxelles, comme Strasbourg, Le Sénat, L’Assemblée, les organisations onusiennes ne seront crédibles que lorsqu’ils se seront débarrassés des lobbies qui trainent dans leurs couloirs à grand coup de pied au derrière. Un ministre de l’agriculture qui autorise un pesticide revient ni plus ni moins qu’à donner une autorisation de meurtre.
Une Europe qui balance des bombes à uranium appauvri sur la population, une Europe pro-nucléaire, une Europe qui s’entoure de mirador et de camps de concentration pour ne pas que le tiers monde qu’elle a pillée ne vienne mourir à ses pieds. Ce n’est vraiment pas cela que nous voulons. L’Europe que nous voulons, nous l’avions devant nous ce jour là, dans ce demi-cercle humain ; Il manquait les italiens et bien d’autres, ils viendront aussi, ils ont le cœur pour cela. L’Europe que nous voulons , c’est une Europe qui résiste. L’Europe est irlandaise ; elle est verte, modeste et citoyenne . Et il n’y a même pas besoin de rajouter le mot solidaire car le mot citoyenne résume tout.
D’ailleurs faut-il construire une Europe si sa base ou son mobile est purement et strictement financier ?. Assez de protectionnisme déguisé, des aides déviés, des accords bidon, il n’y a que la souveraineté alimentaire et la lutte contre le brevetage du vivant qui vaillent la peine de mener au nord encore moins qu’au sud. Un produit qui fait quatre fois le tour de la terre avant d’arriver dans l’assiette est aussi aberrant s’il fait des allers et venues dans l’enclos européen, réserve de nantis, pour le même résultat. Il n’y pas de proportion à la bêtise. Ils ont voulu faire compétition aux US, c’est la grenouille qui veut se faire plus gros que le bœuf aux hormones. Et elle ne veut pas voir que le bœuf est en train d’imploser.
Afin d’en remettre une couche, un des jeunes animateurs refait un sondage à main levée pour traverser les Pyrénées, pour une internationale des faucheurs volontaires : une forêt se lève. "La reforestation sera le signe et l’œuvre de l’authentique civilisation." (Jean Pain). Puisque nous sommes "condamnés" à faire des actes symboliques, celui-ci est le plus fort qui soit. L’ami espagnol rougit un peu, il sait que nous n’attendons qu’un signe de lui et que nous adorerons faire cette folie. Rien d’important ne se fait sans passion. Tous en Espagne !
Les hommes reviendront à la terre. Les petits paysans assureront la pérennité de l’humanité, alors pourquoi favoriser leur disparition ? sacrifier leur environnement ?
On boit leurs paroles, incroyable de charisme et simplicité ;
Avec un lyrisme à peine voilé dans "le pollen de la discorde" : Jean Pierre Berlan :
"avec l’industrie (standardisation, homogénéisation, normalisation…), on cultive des clones et non plus des variétés, il y a tromperie, on remplace la diversité par un modèle unique."
Vient ensuite la question de la propriété :" l’enjeu est le contrôle du vivant, on peut faire valoir un droit de propriété" (COV ("certificat d’obtention végétale" sic) ou autre brevetage déguisé) "sur un clone et non pas sur une variété. "
"Le but actuel de notre société est de séparer la production de la reproduction".
"Voyez-vous, dans une société marchande, rien n’est plus injuste que le fait que des êtres vivants ; plantes, animaux…se reproduisent et se multiplient (et je tremble en le disant) gratuitement. (un temps) : C’est l’horreur absolue , (insistant et pesant) : La gratuité."
" il y a contradiction entre profit et la vie "
Le paysan philosophe ; mi homme de terre mi homme de lettre, dans "les blés d’or" avec simplicité et clairvoyance :
"il faut accepter que les gens ne pensent pas comme soi, mais l’agriculture est l’art de savoir cultiver la terre pour nourrir les hommes et non pas de "l’exploitation agricole".
l’homme devient ce qu’il mange, et ce qu’il mange c’est la terre qui le produit, et la résolution de notre monde devra passer par l’équilibre du sol, de notre terre, et tant que l’humanité ne l’aura pas compris, on ira chercher bien loin ce qui est tout près ; la terre est basse et il faut plier le genoux, l’homme doit acquérir une certaine humilité pour comprendre cela.
On croit maîtriser la connaissance, alors que l’homme doit accepter à chaque instant de se remettre en cause : et savoir si ce que l’on fait le jour même, est ce que cela va faire évoluer ou involuer les générations futures ? , les dominer ou les faire grandir ?, c’est là qu’est la clef. Car la terre est la meilleur nourricière des hommes, des plantes, des animaux, c’est très simple. "
Il est grand temps de réintégrer la notion de gratuité.
Tous en Espagne, Une internationale des faucheurs passera les Pyrénées.
Magalie FleurdeVanille portera l’étendard. Rien d’important ne se fait sans passion.
" Citoyens du monde sensible , Camarades !, Compañeros ! (plus fort) Compañeros ! "
" Vive les semences libres !"
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Jean-Yves Peillard
Création de l'article : 9 août 2008
Dernière mise à jour : 8 août 2008
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