Pour répondre aussi à certains interlocuteurs qui nous chambrent gentiment...
Le collectif independentwho est international, comme pour les scientifiques, les frontières n’existent pas. Des amies ont traduit et aidé ce petit voyage, un grand merci à elles. D’autant que l’une d’elles avait des relations avec des viennois qui m’ont hébergé et le hasard à fait (il n’y a pas de hasard dixit Lamamo !) qu’ils habitent (Lerchenfelderstrasse) à quelques pas du siège social des Amis de la Terre Autriche (Neustiftgasse).
Arrivée le samedi 13 octobre à la WestBahnhof dans la nuit
Dimanche matin petite visite dans la ville, grandes et larges avenues, beaucoup de tramway et métro (Ubahn), les vélos sont bien lotis aussi, mais aussi beaucoup de voitures... Les monuments et statues sont grandioses, des musées, des calèches dont les chevaux ont des sacs en cuir derrière... si si , Sissi... tout cela laisse penser que Vienne est la grande soeur de Paris, avec moins de révolution... Plus tard je verrai une statue de Goethe, de Freud (des potes).
Lundi 13 Octobre
Arrivée par le Ubahn ligne 1 station Kaisermühlen VIC (UNO city) devant la porte N°1, je demande à un gardien pour accéder à l’AIEA, il m’indique de rentrer dans le centre d’accueil, il y a pas mal de monde qui arrive, et on nous fait patienter en file indienne pour faire un badge avec photo, il y a quatre bureaux avec des policiers américains qui font tout le nécessaire. Je reste dans la file, et observe les employés qui passent dans les lecteurs de badge et passent leurs affaires dans des sas (comme dans les aéroports). Mais ici les gens sont visiblement stressés ; devant des sortes de boule-dogue (orthographe justifiée) déguisés en Shérif, un chef est venu les rejoindre car la file d’attente s’étend maintenant en long spaghetti et occupe tout le hall.
En regardant l’écran, la tête des gens (pas des gueules d’enfant de coeur), il y a beaucoup d’asiatiques et moyen- orientaux, je comprend que je suis tombé le jour d’une conférence AIEA.
Rester dans la file, observer, on sent que l’atmosphère est tendue, les Shérifs demandent au conglomérat de spaghettis de se scinder en deux pour laisser l’accès des box-lecteur de badges aux employés. C’est bizarre ces Shérifs noirs ou blancs, ils sont tous de même format ; trop nourris et pas qu’avec du bio (clone ? Testostérone ?) Même les femmes Shérif sont patibulaires (remède contre l’amour).
Rester dans la file ; devant , un occidental au crâne rasé, et avec une oreillette, aurait le mauvais rôle dans un film d’espionnage. Derrière, un asiatique avec qui je tente une pointe d’humour : « welcome in Bushland », petit sourire.
Une employée passe le box badge devant le Shérif en chef-inquisiteur, avec des yeux affolées d’un air de l’implorer : « l’ai-je bien traversé ? ». Arrive mon tour pour l’interrogatoire, (hum pardon) la photo, je m’assoie et il faut bien se rendre à l’évidence : je n’ai pas d’invitation...
L’homme en chemise bleu m’indique l’hôtesse qui organise les visites des touristes (deux fois par jour). J’essaye de lui demander en Anglais pour rentrer dans l’AIEA, elle répond en français qu’on ne peut pas rentrer dans le bâtiment, la prochaine visite est à 11h et se fait autour. Je lui explique mon cas, elle prend la documentation « à titre personnel » Elle me confirme que tous les employés sont soumis à ce stress permanent, qu’il y a un gros malaise et que pour la démonstration, je ne pourrais pas même en dehors de l’espace ONU (UNO). (essayons quand même : probieren)
Dehors, il reste à faire une petite inspection des entrées. Au niveau supérieur, près de la sortie métro, à côté de l’entrée N°1, au bas de l’escalier, il y a une excroissance du bâtiment en forme de cylindre, les vitres sont couvertes de stores, on y rentre et sort discrètement, c’est un nid de Polizai. (Achtung).
Au niveau inférieur, c’est la route, il y a l’entrée N°2 gardée par un vigile et l’entrée N°3 gardée par une femme-shérif. On voit de temps en temps arriver le gratin en carrosse à vitres fumées.
Je remonte, le maximum de passage se fait à la sortie du métro à quelques mètres de l’entrée N°1, les pancartes sont adossées debout sur le muret avec la documentation en allemand (dossier de presse, appel des professionels de la santé, article monde diplo) tout y est.
J’enfile la vieille pancarte de Genève, comme un brave vigie. Déjà deux passantes s’arrêtent et lisent, puis le prochain visiteur est ... un policier qui me demande ce que je fais là (le vigie pardi !) je lui explique en détails, lui donne une documentation et... ma carte d’identité. Il me fait remballer et me fait comprendre qu’il me faut une autorisation (erlaubnis). Fünf minuten, c’est le temps réel qu’a tenue une vigie type Genève. Il m’écrit sur une souche de contredanse l’adresse pour demander une erlaubnis. J’y vais mais cela ne donne rien, je suis trop nul en anglais, et à l’entrée le policier ne parle que l’allemand (jawohl).
Je reviens l’après midi, portant le maillot des vigies, et reste debout au milieu de la place devant l’entrée N°1, et je lis le résumé des conséquences de Tchernobyl (Naouka 2007), en faisant face à l’entrée et laissant voir la couverture aux passants, j’ai placé un autre bouquin par terre, dirigé vers les bâtiments, le titre du bouquin s’appelle « la supplication »... Même scénario, un policier me demande si j’ai un problème, si j’ai besoin de renseignement, je répond que non, je lis. (Ich liese)
Cela interpelle les gens, ça prend, c’est la trajectoire entre le métro et les immeubles. Un couple onusien d’origine africaine plaisante en voyant le logo du maillot « the same family... »
J’ai rendez vous avec « Eva » des Amis de la Terre en fin d’après midi, ils sont plus d’une vingtaine. A l’entrée sur un tableau à aimant, leur prénoms sont affichés à côté des colonnes présences, congé, maladie, (krank)... Ils sont tous très occupés, notre amie commune est en effet dans un piteux état et eux sont sur tous les fronts. J’ai même des scrupules à venir les déranger maintenant alors que Eva confirme la préparation commune pour la commémoration. Pour gagner du temps en explication, (my angliche), Eva appelle une traductrice. Elle doute encore de l’efficacité de demander la révision de cet accord par rapport à la lutte anti nucléaire et le but des résolutions. Je lui répond que c’est une façon indirecte pour la lutte anti nucléaire car réviser l’accord revient a admettre la nocivité des faibles doses qui revient à remettre en cause toutes les centrales nucléaires. Et le lobby atomique, en étouffant les conséquences de Tchernobyl, est donc près à laisser massacrer cinq millions de personnes qui se trouvent autour.
Pour le rôle de la résolution, j’ argumente que l’Autriche est bien placée car la population a, en accord avec les politiciens refusé la construction de centrales et s’en ai donné les moyens ; solaire photovoltaïque, thermique, bois énergie, biogaz... (reste plus que la décroissance...) ; les produits autrichiens ont vingt ans d’avance sur la France par exemple (j’ai du solaire thermique autrichien chez moi). La traductrice me répond que l’Autriche importe bien sûr du courant nucléaire. - Oui mais l’Autriche a quand même cet énorme avantage sur les autres ; la population a dit non et s’en ait donné les moyens, c’est un avantage certain pour la résolution.
Pour l’autorisation elle croit que je me suis déjà fait verbaliser (100 € ils connaissent le tarif...). Le lendemain une collègue m’aidera à faire une demande d’autorisation, mais les « magistrats » au téléphone diront qu’on a le droit de distribuer des documentations, et l’autorisation pour les pancartes peut demander seulement 24h (ou plusieurs jours...) Finalement pour ne pas déranger, on abandonnera cette question d’autorisation. C’est pour le 26 Avril qu’ils en auront besoin et les locaux connaissent toutes les ficelles, peut-être ont-ils des appuis bien placés comme à Genève...
Mardi 14 octobre
En sortant de chez les amis de la terre, je file direction UNO city, et retrouve la même place : Amad ou Mohamad Assad Platz 22. il y a en moyenne un car de retraités qui visite l’UNO par jour. Un seul retraité a accroché, mais il ne veut pas de documentation, je lui dit « more information on computer, internet » il lève la main en riant.
Quelques coups d’oeil sur les lectures.
Quelques sourires
Carte d’identité pour la police (Papiere bitte)
Mercredi 15 octobre
Il pleuvine, je reprend la lecture sous la ligne de tramway, plus près de l’entrée, un autre policier me repose les mêmes questions, (papiere), je lui donne de la documentation qu’il prend « à titre personnel » Je lui ressort mes pancartes qu’il me fait rentrer, il m’explique que l’on peut disposer ces pancartes mais sur un support « propre en ordre ». il me prend en exemple la photo de Vassili Nesterenko et la plaque contre le pilier en béton, je prend alors la pancarte contenant le mot IAEO mais il me fait signe de ranger, tout en regardant derrière lui (hé hé). Donc on peut faire la vigie partout dans Vienne sauf devant l’AIEA...
En fin d’après midi, sur la Stephanplatz, il n’y aura en effet pas de problème. (kein Problem)
Je rentre au Jugendgästehaus de Engels Platz, comme camarade de chambrée se trouve un serbe, Peter, auquel j’expose les documentations, il fait des études de vétérinaire. Mais ne semble pas intéressé. Le lendemain ce sera un étudiant en histoire,venant de Munich, lui prendra la documentation.
Jeudi 16 Octobre
Un onusien africain avec un ton de ministre de la 3ème ou 4ème république me demande (perspicace) : « vous protestez contre quelque chose monsieur ? » (c’est rien de le dire) et je lui expose les grands axes, il me dit que dans cette agence, personne ne sait trop qui fait quoi, qui est responsable de qui, de quoi. (une nébuleuse en quelque sorte, on savait déjà...) Il me dit qu’il a assisté à la conférence sur Tchernobyl en Mai 1991. Je veux lui donner de la documentation, mais il préfère que je lui donne l’adresse internet... Dans la conversation il demande comment on peut prouver que toutes ces pathologies ont un rapport avec Tchernobyl, le nombre exact de victimes... (je crois qu’il se fout de moi) je commence à lui parler d’enquête épidémiologique, de répertorier les noms des personnes... mais :
« je vous arrête tout de suite, j’attends quelqu’un »
Arrive une femme de deux têtes de plus que lui, avec son enfant, sourires, rester dans sa bulle...
En fin d’après midi, je file à Michelbeuern-AKH, immense hôpital moderne, distribuer des appels des médecins et accrocher de la doc et le logo sur les panneaux d’affichage.
Voilà, on pourra dire que les vigies sont venus jusque devant l’AIEA, (et les policiers viennois sont autant renseignés sur independentwho que leurs collègues genevois) et si le 26 Avril 2009, nous n’avons pas de « erlaubnis » (sacré erlaubnis) , l’image d’une centaine de personnes répartis sur toute la Platz 22, avec des logos bleu sur leur maillot en train de lire debout « Naouka 2007 » ou d’autres livres intéressants, peut avoir un bel effet.
Kein Problem, wir lesen
Petit glossaire :
Tschernobyl ist nicht fertig, weitermacht. / Tchernobyl, ce n’est pas terminé, cela continu.
Das ist ein Völkermord/C’est un génocide (et le cap symbolique des 6 millions de victimes a largement été dépassé)
Erlaubnis/Autorisation
ich bin nichts, wir sind independentwho./Je ne suis rien, nous sommes independentwho
Was ist das « independentwho » ?/Qu’ est que c’est « independentwho » ?
Das ist « Die Zivilgesellschaft »/C’est la société civile
Was ist das « Die Zivilgesellschaft » ? Qu’ est que c’est « la société civile » ?
Die Zivilgesellschaft lehnt die Verdummung ab. / C’est la population qui refuse l’abrutissement, tout simplement.
Das ist nicht Geld und Nuclear über alles/ Si l’on n’y prend garde, l’histoire se répète.
Die Liebe, Das Leben/L’amour, la vie
Auf wiedersehen, Gute Reise /Au revoir, Bon voyage