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OGM : la hausse des rendements contestée |
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LE MONDE.fr - 16.04.09
Les organismes génétiquement modifiés (OGM) ne sont pas seulement la cible des critiques en Europe, où l’Allemagne vient de rejoindre le cortège des Etats ayant banni le maïs Mon810 de leur territoire. Aux Etats-Unis, patrie du groupe Monsanto, un rapport publié mardi 14 avril par l’Union of Concerned Scientist (UCS), un groupe indépendant d’experts né dans le giron du Massachusetts Institute of Technology (MIT), s’attaque au principal argument des fabricants de semences modifiées : la garantie de plus forts rendements.
"Depuis des années, les industriels claironnent qu’ils vont nourrir le monde, en promettant que les OGM produiront de meilleurs rendements. Mais après vingt ans de recherches et treize ans de commercialisation, les fermiers américains qui ont recours à ces semences n’ont guère récolté davantage à l’acre (0,4 hectare). En comparaison, l’agriculture traditionnelle continue d’avoir de meilleurs résultats", affirme l’auteur du rapport, Doug Gurian-Sherman.
Pour aboutir à cette conclusion, ce biologiste a passé au crible toutes les statistiques et études académiques publiées sur le soja et le maïs, les deux cultures transgéniques les plus répandues aux Etats-Unis, oùprès de 90 % des surfaces plantées en soja le sont en OGM, tout comme plus de 60 % des surfaces consacrées au maïs.
Trois OGM dominent le marché. Une variété de maïs résistante à certains insectes nuisibles - comme la pyrale, une chenille qui dévore les tiges de la plante de l’intérieur - et deux variétés tolérantes aux herbicides, l’une de maïs et l’autre de soja. Ces deux dernières "n’ont apporté aucune amélioration des rendements", affirme le rapport.
Concernant le maïs Bt (Bacillus thuringiensis), résistant aux insectes, comme le Mon810, l’accroissement de la production s’est avéré "marginal", sauf dans les cas de fortes invasions, où une hausse de 7 % à 12 % a pu être observée. Ces résultats s’appuient en partie sur des récoltes obtenues en Europe, où le maïs Bt est largement exporté.
La hausse de la productivité au cours des dernières années tient davantage à d’autres facteurs d’innovation agricole, selon le rapport. L’auteur juge même en conclusion qu’il serait dangereux de miser sur les OGM pour assurer les besoins alimentaires d’une planète qui comptera 9 milliards d’habitants en 2050, soit près de 50 % de plus qu’aujourd’hui.
"FAUSSE PROMESSE"
Ce rapport n’est pas le premier à dénoncer la "fausse promesse" des OGM. Et le constat n’émane pas seulement de cercles réputés hostiles aux biotechnologies. En 2006, les chercheurs du ministère américain de l’agriculture, faisant le bilan des dix premières années de cultures transgéniques, ne constataient pas d’amélioration significative des rendements. Alors que les enquêtes réalisées auprès des fermiers montraient que ce point constituait la principale raison de se tourner vers les OGM.
Les semenciers ont jusqu’à présent catégoriquement réfuté ces affirmations. Proche des multinationales du secteur, le cabinet de conseil PG Economics expliquait, en février, que "les faits montrent que sur l’ensemble des pays ayant recours à des maïs OGM résistant aux insectes ravageurs, les rendements ont crû de 5,7 % entre 1996 et 2006". Et d’ajouter que "les performances sont d’autant plus fortes quand le pays a peu de moyens pour lutter contre les pestes animales". Toujours selon PG Economics, le coton transgénique aurait entraîné une augmentation des rendements de 50 % en Inde, le maïs OGM faisant de même à hauteur de 24 % aux Philippines.
En France, Luc Esprit, directeur de l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM), se dit surpris par les conclusions de l’UCS : "Je ne peux parler que de nos résultats. Mais entre 2005 et 2007, jusqu’à ce que le Mon810 soit interdit, nous avons enregistré, en moyenne, un écart de 6 à 8 quintaux à l’hectare entre les parcelles de maïs OGM et les parcelles traditionnelles."
Ce débat sur les rendements s’ajoute à ceux concernant l’innocuité des OGM sur la santé humaine et leur incidence sur l’environnement. Mercredi 15 avril, la Commission européenne (après avoir vainement tenté de jouer les gendarmes contre les pays récalcitrants) a décidé de se donner le temps de la réflexion sur le Mon810.
Laurence Caramel
MaTthieu
Création de l'article : 17 avril 2009
Dernière mise à jour : 17 avril 2009
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