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La cogestion citoyenne du future accident nucléaire en France |
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Objet de cet article :
L’invitation de l’ACRO à la concertation post-accident nucléaire en France
L’ACRO (Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest) invite à un débat public (concertation) sur la gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire, le jeudi 11 juin à partir de 20h à l’université de Caen (amphi Tocqueville - D5).
Le point de vue d’Infonucléaire : participer à cette concertation, même pour expliquer son total désaccord c’est mettre un pied dans la co-gestion du future accident !
La co-gestion de l’accident, c’est le piège, le rêve des autorités, associer la population ou les associations qui se présentent comme ses défenseurs, pour que ça se passe mieux...
Mathias Goldstein,
Webmaster d’Infonucléaire, 4 juin 2009.
Quelques éléments pour comprendre (ce point de vue) extraits notamment des bulletins du Comité Stop Nogent-sur-Seine :
I) Rappel : Le nucléaire à la recherche d’une opposition institutionnelle
[...] Mentir lors d’événements peu graves ne porte pas à conséquence si la population n’accepte pas le mensonge. Par contre, en cas d’accident grave la situation est toute différente. Il y a des risques de dérapage, ce que les experts en catastrophe dénomment des turbulences sociales. Bien sûr dans de telles situations on peut toujours attaquer et neutraliser les turbulents mais cela serait un sale coup porté aux simulacres démocratiques de notre société. Si on arrive à calmer la fureur de la population qui suivrait une catastrophe nucléaire en la bernant d’une façon crédible sur les conséquences, alors le virtuel démocratique pourrait continuer.
L’électronucléarisation s’est faite dans un tissu de mensonges avec l’accord, voire la complicité, des différents corps intermédiaires : du corps médical (sauf quelques médecins complètement isolés), des médias, des syndicats (à l’exception de quelques uns et des réticences de la CFDT qui n’ont pas duré), du corps des scientifiques (mis à part une poignée d’entre eux) et la bénédiction de l’académie des sciences, d’associations diverses etc. Le mensonge ne prend plus, la population est inquiète et cela n’est pas rassurant pour les responsables qui pensent qu’ils pourraient avoir à gérer des situations graves, voire, catastrophiques.
La solution urgente évidemment pour ces responsables est de changer le discours. Distiller quelques vérités, se montrer fermes (médiatiquement évidemment) lors d’événements assez mineurs qu’on élève au rang d’événements graves, cela peut déranger l’establishment nucléaire mais ce n’est pas trop dramatique si en retour ils gagnent en crédibilité. C’est en somme un bon investissement pour le futur. Mais ce volet de ce qu’on appelle " transparence " n’est pas suffisant. La gestion douce d’une catastrophe nucléaire ne peut se faire sans l’aide d’une opposition institutionnalisée. L’expression peut paraître curieuse car, par définition, toute activité institutionnalisée ne peut s’opposer à l’institution. Cette forte opposition est nécessaire au fonctionnement de l’institution ne serait-ce que pour en pointer les dérives et carences les plus criantes, mais elle doit s’intégrer harmonieusement dans le cadre institutionnel.
Les autorités de sûreté nucléaire avancent leurs pions de la transparence pour renforcer l’opposition nucléaire en lui rognant les ailes, en l’institutionnalisant. Quelques exemples :
1) Le Conseil Supérieur de la Sûreté et de l’Information Nucléaire s’est vu renforcé par l’injection de nouveaux membres : un représentant du Forum Plutonium, un responsable de l’ACRO, un membre de la SEPANSO, (protection de la nature), plusieurs directeurs de recherche au CNRS, un paquet de journalistes. Cet organisme, au départ Conseil supérieur de la sûreté nucléaire, risque fort de n’être qu’un conseil supérieur de l’information nucléaire. Il faut communiquer mais il faut bien avoir en tête ce que nous dit le dictionnaire : un des sens du mot " communication " est " contagion ".
2) Les autorités de sûreté ont organisé il y a quelques mois une réunion ouverte aux opposants où des opposants notoires (Robin des Bois, Wise) étaient conviés à s’asseoir à des tables rondes à " égalité " avec les responsables ce qui peut défouler certains en leur donnant le droit à la parole. Cela a déchaîné un participant pronucléaire de la salle renforçant l’impression de transparence que les autorités de sûreté veulent donner. Ce qui nous importe c’est le droit à la décision. Ce genre de " show " n’a aucun impact sur l’évolution des fissures dans les tuyauteries des circuits des réacteurs, ni sur les incidents et dysfonctionnements de plus en plus nombreux, ni sur le non respect des normes de sûreté avalisé par les autorités de sûreté comme on l’a vu lors du redémarrage de Belleville alors que l’enceinte n’était pas conforme.
3) On voit se multiplier les audits ouverts démocratiquement à la contestation. Cela permet de la rendre polie et de l’utiliser c’est-à-dire de l’institutionnaliser pour assurer la permanence du nucléaire. A quoi peuvent servir les audits sur les déchets nucléaires quand il est évident qu’on ne peut les anéantir et qu’il est bien trop tard pour qu’ils n’aient pas été produits ? A quoi peut servir un audit sur les normes de radioprotection quand on sait que pour l’essentiel elles sont déjà fixées ? Que localement les responsables ont connaissance des niveaux d’intervention fixés pour la gestion des accidents nucléaires majeurs. Spectacle pour assurer le simulacre de démocratie dont ont besoin les responsables.
Cette institutionnalisation de l’opposition nucléaire pourrait bien signifier la fin de l’antinucléaire mais cela ne suffira peut être pas à calmer les turbulents si des événements graves se produisaient. (Extrait de Stop Nogent n°101-102)
II) Le CODIRPA (gestion post-accidentelle) c’est quoi ?
1) Le CODIRPA : Vers une gestion soft* et participative pour une vie durablement contaminée après un accident nucléaire en France
"Historiquement, l’accent a été mis sur la gestion de l’accident lui-même. Il apparaît maintenant nécessaire, en France comme dans les autres pays étrangers, de mieux préparer la gestion de cette phase post-accidentelle. C’est pourquoi l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) s’est engagée dans la préparation de dispositions visant à répondre aux problèmes complexes de la gestion post-accidentelle, dans un premier temps en mettant en œuvre la démarche PAREX, puis en instaurant un Comité directeur pour la gestion de la phase post-accidentelle d’un accident nucléaire ou d’une situation d’urgence radiologique (CODIRPA)."
a) La démarche PAREX
"En 2005, l’ASN a lancé une étude sur le retour d’expérience de la gestion post-accidentelle de Tchernobyl. Cette étude a été confiée à la société Mutadis Consultants.
Les objectifs de cette démarche, outre l’étude du retour d’expérience de la gestion post-accidentelle de Tchernobyl, étaient : d’évaluer la pertinence de ce retour d’expérience dans le contexte social, économique et politique de la France et de l’Union européenne ; d’en dégager des enseignements dans la perspective d’un dispositif préventif de gestion post-accidentel au plan français.
La démarche PAREX se base sur une réflexion participative et pluraliste associant : des représentants de différents organismes publics concernés ; des représentants de la société civile (associations, membre de commissions locales, représentants d’administration territoriale, élus territoriaux).
[Par "associations" il faut entendre associations "anti" ou "d’aide aux enfants contaminés", etc...]
Un groupe de 3 experts français impliqués depuis 1990 dans la gestion post-accidentelle de Tchernobyl dans le cadre de différents projets internationaux, Gilles Hériard Dubreuil (Mutadis), Jacques Lochard (CEPN) et Henri Ollagnon (INA-PG) et des experts biélorusses ont animé les séances de travail.
... cadre institutionnel et juridique de la gestion post-accidentelle... nouvelles formes de gouvernance adaptées à la complexité de la situation post-accidentelle... réhabilitation durable des conditions de vie dans les territoires contaminés...
Voir : http://www.dissident-media.org/infonucleaire/101_102_lobby_nuc.html
Pour réaliser cette démarche, de nombreuses informations et témoignages sur la gestion post-accidentelle de Tchernobyl ont été rassemblés. Ils proviennent de travaux de recherche engagés depuis 1990 : programmes CEI, ETHOS, CORE, EURETHOS, SAGE, FARMING.
Enseignements et préconisations : face à une situation aussi complexe qu’une situation de contamination radiologique durable, acteurs publics et parties prenantes doivent travailler ensemble pour élaborer une réponse adaptée ; une place majeure doit être accordée aux acteurs locaux dans la gestion de la situation de contamination... au niveau national, une plate-forme de réflexion pluraliste doit être initié sur la réhabilitation des conditions de vie, en connexion avec les projets développés au niveau territorial..."
[ETHOS, CORE, SAGE, CEPN... c’est donc aussi valable pour la France !!!]
Voir : http://asn.typhon.net/espace-professionnels/les-situations-durgence-radiologique-et-post-accidentelles-nucleaires/la-ges-11
b) CODIRPA (Comité directeur pour la gestion de la phase post-accidentelle)
En juin 2005, l’ASN a mis en place le CODIRPA chargé d’élaborer les éléments de doctrine correspondants.
" Objectif : Préparer des dispositions visant à répondre aux problèmes complexes de la gestion post-accidentelle, en particulier ceux portant sur la gestion sanitaire des populations, les conséquences économiques ou la réhabilitation des conditions de vie dans les zones contaminées.
Voir : http://www.asn.fr/comite-directeur-pour-la-gestion-de-la-phase-post-accidentelle-1
Pour mener ses travaux, le CODIRPA a mis en place 9 groupes de travail (GT) thématiques et en a désigné les pilotes.
Ces groupes de travail portent sur :
GT1 : Levée des actions d’urgence de protection des populations et réduction de la contamination en milieu bâti (piloté par l’ASN)
GT2 : Vie dans les territoires ruraux contaminés, agriculture et eau (piloté par la DGAL/CGAEER)
GT3 : Évaluation des conséquences radiologiques et dosimétriques (piloté par l’IRSN)
GT4 : Suivi sanitaire des populations (piloté par l’InVS)
GT5 : Indemnisation (piloté par la DGEMP)
GT6 : Gestion des déchets, produits contaminés et terres contaminées (piloté par l’ASN)
GT7 : Organisation des pouvoirs publics et implication des « parties prenantes » (piloté par le SGDN)
GT « Eau » : impact et de la gestion de la ressource en eau (piloté par l’ASN)
GT « Hypothèses » : choix des hypothèses retenues pour les évaluations des conséquences radiologiques et dosimétriques (piloté par l’ASN)
Le CODIRPA fixe les objectifs généraux et assure la coordination des groupes de travail. Il en valide les cahiers des charges et les travaux ainsi que les éléments de doctrine produits. Le mandat du CODIRPA a initialement été fixé pour deux ans ; il a ensuite été prolongé jusqu’en janvier 2009. Il a été demandé aux groupes de travail de réaliser des rapports d’étape en juin 2007 (à l’exception des GT Eau et Hypothèses dont les travaux ne faisaient que commencer), 2 ans après la mise en place du Comité directeur."
Voir les Synthèses et rapports des Groupes de travail sur : http://www.asn.fr/synthese-et-rapport-de-chaque-groupe-de-travail-0
c) Séminaire international post-accidentel nucléaire
" L’ASN a organisé, les 6 et 7 décembre 2007 à Paris, un séminaire international sur la gestion des conséquences d’un accident nucléaire. Ce séminaire s’adressait aux participants du CODIRPA et aux projets internationaux qui visent à développer des programmes de réhabilitation des territoires contaminés (EURANOS, CORE…), ainsi que les personnes sensibilisées à cette problématique qui pourraient être impliquées dans le processus de réhabilitation (pouvoirs publics, associations…), tant en France qu’à l’étranger.
Le séminaire s’est articulé autour de cinq sessions :
- les programmes nationaux et internationaux de préparation au post-accident nucléaire ;
- la gestion des territoires ruraux en situation post-accidentelle ;
- la protection des populations et le suivi sanitaire en situation post-accidentelle ;
- l’indemnisation ;
- le passage à la pratique et implication des parties prenantes.
Quel rôle pour les parties prenantes :
- Quel rôle pour les associations ?
- Jean-Claude Autret, ACRO / Anita Villers, EDA / Monique Sene, GSIEN
- Gestion des risques post-accidentels : quel rôle pour les CLI et l’ANCLI ? Alexis Calafat, ANCLI "
Voir : http://asn.typhon.net/node/12428
2) L’accident est-il inéluctable ? - Marche arrière toute !
Pour sortir du nucléaire rapidement à cause de la possibilité d’un accident majeur chez nous l’argument de base du Comité Stop Nogent-sur-Seine, le recours au thermique classique, charbon, fioul et gaz est rejeté par la majorité des antinucléaires et n’a pas convaincu la population. L’effet de serre est devenu un argument incontournable et nous ne savons pas comment y répondre « efficacement » alors que la part de l’électronucléaire français représente une part de l’ordre de 1% de l’énergie primaire mondiale consommée.
Les grosses associations écologistes comme Greenpeace n’ont pas levé le petit doigt contre la création de la nouvelle usine d’enrichissement par centrifugation Georges Besse II qui doit progressivement remplacer Eurodif.
Cette installation ne nécessitera qu’une puissance de 50 MW au lieu de 3 réacteurs du Tricastin pour l’usine Eurodif. Elle prouve qu’on s’embarque en France dans une nouvelle étape nucléaire et que les écologistes « officiels » n’en ont rien à cirer.
Comment expliquer une telle bévue ?
- ils ne croient pas qu’un accident de type Tchernobyl soit possible en France ? Pour eux Tchernobyl a été un accident soviétique, nos réacteurs PWR sont moins dangereux, ils ne peuvent pas exploser.
- il y a pas mal de petites associations qui aident d’une façon ou d’une autre les enfants des zones contaminées d’Ukraine, Biélorussie et Russie. Mais fondamentalement ces personnes honnêtes et chaleureuses n’envisagent pas qu’une telle situation peut arriver chez nous, sur nos réacteurs et installations nucléaires.
On a eu beau montrer que les autorités se préparent à l’accident majeur, publication de décrets, mise sur pied de la nouvelle Autorité de Sûreté Nucléaire présidée par André-Claude Lacoste nous n’étions pas crédibles.
C’est désormais une évidence, le comité CODIRPA a été créé spécialement en avril 2005 pour préparer la gestion d’un accident majeur chez nous. Hervé Morin l’écrit dans le journal Le Monde, jeudi 21 février 2008 avec quelques détails, comme par exemple « Dans les zones agricoles, faudrait-il moissonner pour concentrer la radioactivité et s’en débarrasser, ou chercher sa dilution ? » En cas d’accident nucléaire chez nous on pourrait être amené à « sacrifier » un territoire...
Le CODIRPA publie les résultats préliminaires des travaux de ses 7 sous-groupes. Il ne s’agit plus de traiter la phase d’urgence et de transition mais le « long terme », quand des zones sont toujours contaminées après la cessation des rejets et que cela peut conduire à un « déplacement » temporaire, voire définitif, de population.
Une publication de 55 pages "Guide d’aide à la décision pour la gestion du milieu agricole en cas d’accident nucléaire" est disponible sur le site internet du Ministère de l’agriculture et de la pêche :
Partie 1 - Troupeaux laitiers, troupeaux allaitants (3.08 Mo)
Partie 2 - Elevages de porcs, volailles et veaux + Cultures de plein champ et prairie (2.91 Mo)
Partie 3 - Cultures sous abris + vignobles et vergers (2.22 Mo)
Partie 4 - Informations générales sur le risque nucléaire et sa gestion, sur la réglementation et les filières agricoles (3.95 Mo)
Apparemment aucun écho pour l’instant, à part ce petit article (Le Monde). Si ça ne rue pas dans les brancards on peut s’attendre à ce que cela soit à nouveau l’éteignoir. MAIS, PEUT-ÊTRE MÊME PAS, CAR, C’EST LE PIÈGE, LE RÊVE DES AUTORITÉS EST D’ASSOCIER LA POPULATION À LA GESTION POUR QUE ÇA SE PASSE MIEUX. « De la servitude volontaire à la nécessité de la servitude » avait écrit** Roger Belbéoch...
Comment les écologistes patentés ont-ils réussi - sans le vouloir - à anesthésier l’opinion ?
Ils ont diabolisé le charbon, on ne peut être que d’accord que le charbon ce n’est pas la solution idéale. L’extraction du charbon n’est pas un plaisir, il y a des accidents miniers qui tuent des mineurs (la mine d’uranium tue aussi mais plus lentement, par cancers). Les émanations des centrales thermiques à flamme ne sont sûrement pas inoffensives. Mais face à une situation comme celle que vivent depuis 1986 les habitants des zones contaminées (il aurait fallu évacuer 1 million de personnes d’après la lettre adressée à Gorbatchev par 92 responsables en radioprotection soviétiques) que peut-on faire ? Les centrales à charbon fioul et gaz sont un pis-aller face à la catastrophe nucléaire et à ses conséquences sanitaires. On n’a jamais évacué une région après un accident minier.
La lecture du "Guide d’aide à la décision pour la gestion du milieu agricole en cas d’accident nucléaire" devrait susciter une réflexion rapide pour changer de cap d’urgence.
L’effet de serre… En prônant le charbon on encouragerait les autres pays à en faire autant. Ceux du tiers-monde mais aussi la Chine. (De toute façon la Chine va utiliser son charbon. Elle ne peut pas avoir un recours massif au nucléaire). Ce ne serait pas moral de prôner le charbon en l’interdisant aux autres. Mais est-ce que cela sera moral d’envoyer des nuages radioactifs sur nos voisins en cas de catastrophe chez nous ?
Et en plus on vend nos EPR partout. A des pays « voyous », à des pays sans structure technologique adéquate ce qui multiplie le risque nucléaire (directement ou par terrorisme).
III) A lire : Une analyse du CODIRPA
- La gestion post-accidentelle d’une urgence radiologique sur une de nos installations.
Quelques remarques sur Tchernobyl et le « retour d’expérience » 1986-1991, (Lettre d’information du Comité Stop Nogent-sur-Seine n°116 mai-juin 2008 ).
Notes :
* La version "hard" est (elle aussi) prête, et ces deux versions peuvent-être complémentaires ou se suivre dans un ordre ou un autre, lire : La France "se prépare militairement" aux conséquences d’un accident de type (très petit) Tchernobyl sur son sol
** Roger Belbéoch dans l’avant-propos du livre "Tchernoblues", édité par l’Esprit Frappeur :
" De la servitude volontaire à la nécessité de la servitude
Le mensonge politique n’a rien de nouveau mais la perspective de catastrophes nucléaires lui a donné une autre dimension (la chimie est en passe de rattraper son retard et le couplage chimie et nucléaire n’est pas du domaine de la fiction…). Ce ne sont plus les politiciens qui sont les grands menteurs, d’ailleurs leurs mensonges n’avaient guère d’importance, on en avait l’habitude. Avec le nucléaire, les " citoyens " sont devenus beaucoup plus exigeants et ce sont désormais des experts en tous genres qui ont pris le relais et les assomment de mensonges : médecins, scientifiques, associations, syndicats etc. Les mensonges des supporters du nucléaire ont dû s’affiner pour devenir plus crédibles au fur et à mesure des demandes de plus en plus poussées des citoyens. La gestion d’une catastrophe nucléaire exige le maintien de l’ordre, (c’est formellement indiqué en introduction des plans de gestion nucléaire). Cette exigence n’est pas seulement celle de tout politicien quelles que soient par ailleurs ses promesses électorales, elle est une nécessité afin de minimiser les effets biologiques de la catastrophe. En cas de désastre nucléaire le " citoyen " est incapable de gérer son quotidien, il doit s’en remettre aux " experts ". Même si ceux-ci n’ont pas d’éléments pour la " meilleure " gestion c’est mieux que les possibles réactions violentes des " citoyens " car leur violence pourrait leur coûter cher, non pas en terme de répression policière mais en termes sanitaires.
Actuellement le mensonge nucléaire a quelque chose de paradoxal. Sa crédibilité a été hissée à un très haut niveau et pourtant, si les " citoyens " sont de plus en plus exigeants, ce n’est pas pour connaître la vérité mais afin que ces mensonges crédibles leur évitent des problèmes de conscience insolubles. Ceux-ci pourraient évidemment produire des " turbulences sociales " pré-accidentelles difficiles à gérer tant par les gestionnaires sociaux que par les citoyens.
Il y a donc une conjonction assez curieuse entre la nécessité pour les gestionnaires de mentir et la nécessité pour les " citoyens " que ces mensonges soient crédibles. De nombreux experts ont compris ce problème et interviennent auprès des diplodocus nucléaires pour confier les mensonges à des gens " compétents ", mais cela n’est pas facile.
Jusqu’à présent les mensonges et la dictature des experts étaient acceptés " volontairement " par la mise en balance inconsciente des avantages (pas pour tout le monde) et des inconvénients. Maintenant cette servitude vis-à-vis des experts est devenue une nécessité pour la meilleure survie des " catastrophés " quels qu’ils soient. On est passé de la servitude volontaire à une nécessité de la servitude. "
Infonucléaire
http://www.dissident-media.org/infonucleaire
infonucleaire
Création de l'article : 9 juin 2009
Dernière mise à jour : 9 juin 2009
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