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Compte-rendu des "8h pour la Palestine" |
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8 h pour la Palestine — Coalition contre AGREXCO — samedi 10 octobre 2009 à Montpellier voir 8h pour la Palestine
Essai de compte-rendu par Valérie de Millau
Plusieurs stands tenus par notamment : CCIPPP, UJFP, AFPS, Objecteurs de croissance, Confédération paysanne, Sud solidaires, NPA, Parti de gauche, Europe Écologie, PC, CMF (Conseil musulman de France), etc
- 4 ateliers en après-midi :
- Agriculture et AGREXCO
- Mouvement syndical et associatif et AGREXCO
- Les partis, l’argent public et AGREXCO
- Inscription de cette lutte dans BDS (Boycott – Désinvestissement-Sanctions)
Rappel du contexte
Le président de la Région Languedoc Roussillon a annoncé « mettre 200 millions sur la table » pour relancer l’activité portuaire ( sinistrée) de Sète par l’arrivée de l’opérateur GF Groupe et notamment de son client principal, l’exportateur israélien AGREXCO (qui quitterait le port de Marseille), promesses de création de 200 emplois à l’appui.
Le 25 juin 2009, la coalition contre AGREXCO créée en mai initie une manifestation à Montpellier et une marche contre l’apartheid. Désormais, la coalition regroupe 98 parties, syndicats et associations et a reçu le soutien chaleureux du Comité National du BDS palestinien et du centre israélo-palestinien Alternative Information Center (AIC).
Fin juillet, une délégation de membres de la coalition (CIMADE, CMF, CCIPPP, NPA) a été reçue en Palestine par le ministre de l’Agriculture et les associations de paysans (PARC, PFU, UAWC).
Confirmation y est faite qu’AGREXCO est un acteur économique qui vole les terres aux paysans palestiniens par les colonies illégales, les réduisant à l’exil, au chômage ou à la servitude sur leurs propres champs.
La campagne BDS a été lancée en juillet 2005 par 172 organisations palestiniennes représentatives de toutes les composantes du peuple palestinien : réfugiés, palestiniens sous occuaption et palestiniens d’Israël.
Atelier n°2 animé par Annick Coupé, porte parole national de Sud solidaires :
La société civile doit faire ce que les institutions ne font pas, la lutte doit devenir une campagne citoyenne au moins nationale. De nombreuses explications doivent avoir lieu au sein du mouvement syndical pour convaincre de la justesse du combat contre AGREXCO (exportateur de fruits, fleurs, légumes cultivés sur les terres spoliées).
La promesse de 200 emplois (le seront-ils vraiment ?) ne doit pas occulter la perte probable de combien d’emplois en agriculture dans notre région par l’arrivée des produits d’AGREXCO ?
Beaucoup d’entreprises françaises sont engagées par des investissements en Israël, les syndicats doivent donc investiguer, exercer un regard sur ces choix de politique économique coloniale dans leurs entreprises. Faire le lien entre les enjeux politiques, les droits du peuple palestinien, et les choix politiques de la vision de l’économie que nous souhaitons dans notre région, notre pays...
Nécessité de se placer sur le terrain du droit et non pas de la morale. La lutte doit passer outre les revendications corporatistes, sortir du débat idéologique et revendiquer le combat anti-colonial. Si les travailleurs palestiniens sont spoliés en début de chaîne, ce sont tous les travailleurs qui le seront ensuite.
C’est la nature des produits et la manière de les obtenir qui est en cause, il faut donc travailler dans les syndicats pour construire une solidarité concrète et internationale contre le spoliation de tous les travailleurs dans un contexte de mondialisation financière.
AGREXCO est désormais un élément symbolique dans un cadre politique large de questions internationales. Ce sont ces firmes et nos politiques qui sont responsables du chômage, non pas la lutte contre AGREXCO.
La coalition a rencontré deux fois les syndicats du port de Sète. Ceux-ci veulent bien admettre l’existence de considérations éthiques mais ne démordent pas de leur seule préoccupation : l’emploi.
La coalition précise n’être pas contre GF Groupe mais contre son client AGREXCO.
L’argent de la région étant celui des contribuable, le citoyen a un droit de regard sur son utilisation.
Questionnons nos candidats aux élections régionales de 2010 sur leur position par rapport à l’implantation d’AGREXCO à Sète et sanctionnons pas nos vote ceux qui y seront favorables, car les néolibéraux sont les seuls responsables du chômage.
Nécessité de travailler à une alternative à ce projet : avec 200 millions d’euros, que pouvons nous faire de plus positif pour l’économie locale, en agriculture par exemple ? Est- ce que l’agrandissement du port de Sète est si nécessaire et si oui passe-t-il uniquement par AGREXCO ?
Par exemple, à Clermont l’Hérault, le projet d’installation d’une grande plateforme Super U, directement liée à l’arrivée d’AGREXCO à Sète pourrait être remplacé par la mise à disposition des terres concernées à des paysans commercialisant en circuit court. Témoignage d’un syndicaliste écossais sur leurs actions concrètes : exemple d’un campus universitaire où les étudiants ont refusé l’eau en bouteille israélienne. Projet d’une tournée européenne avec des délégués d’Afrique du Sud et des Palestiniens pour témoigner de la similitude de l’apartheid, avec le soutien des syndicats notamment irlandais afin d’évoluer de la sympathie à l’engagement concret.
Par ailleurs, une réflexion interne à la coalition est en cours sur d’éventuelles démarches juridiques contre AGREXCO.
Atelier n°4 animé par José Luis Moraguès (CCIPPP) La lutte contre AGREXCO doit être le fer de lance de la campagne BDS en Europe, elle doit passer par la lutte contre tous les politiques et toutes les politiques qui soutiennent Israël économiquement, électoralement, politiquement.
Proposition de campement de protestation à l’Hôtel de région, de « dé-rayonnage » de produits Carmel et Biotope en grandes surfaces, d’envoi de l’appel à tous les candidats aux élections régionales en leur demandant de se positionner clairement, intervenir à toutes les étapes de la châine logistique d’AGREXCO en France et en Europe.
Un activiste italien nous informe du travail de traçage de son organisation : AGREXCO utilise les ports de Savone en Italie, Fos-Marseille, Valence en Espagne, l’aéroport de Liège en Belgique, idem aux Pays-Bas, les camions TNT qui sillonnent la Grande-Bretagne, l’Allemagne, les pays du nord, etc. (même repérage pour Caterpillar, Motorola, etc.).
Proposition d’occuper les maisons du Languedoc.
Omar Barghouti, du BNC, rappelle que le boycott s’attaque à l’Etat d’Israël pas aux individus, que les Palestiniens nourrissent d’énormes espoirs dans le BDS, qu’ils s’informent de nos actions (par You Tube par exemple), que le boycotte dans le milieu sportif en est à ses balbutiements. A l’intérieur d’Israël même, le BDS est en expansion et regroupe des centaines de personnes. Plusieurs exemples de demandes à des artistes de ne pas se produire en Israël viennent d’activistes israéliens.
Sur le plan international, Ken Loach et Jane Fonda sont très engagés dans le BDS. Une association israélienne « Whose profits ? » démontre que toute l’économie israélienne profite de l’occupation.
Pour info : http://coalitioncontreagrexco.com
meeting
- par vidéo-transmission (refus de visa) Mohamed Njoum, syndicaliste paysan de Jéricho témoigne de leur situation dans la vallée du Jourdain : spoliation de l’eau et des terres
- Terry Brotherstone, du syndicat UCU Scotland nous informe que l’adhésion des Ecossais au BDS en avril a ensuite entraîné celle de tous les syndicats de Grande-Bretagne en septembre.
Les syndicalistes écossais se sont rendus en Israël et dans les territoires palestiniens occupés afin de rencontrer tous les protagonistes. Il s’avère que la fédération des syndicats israéliens ne sera pas un partenaire dans la campagne BDS. A Tel Aviv, au ministères des affaires étrangères, ils ont entendu toujours la même rengaine : nous devons comprendre les horreurs de l’Holocauste (leur visite a obligatoirement commencé par Yad Vachem), la menace que représente l’Iran qui d’ailleurs soutient le Hamas qui tire des roquettes sur les Israéliens.
Pour les Écossais, après avoir rencontré les syndicalistes palestiniens, c’est surtout la disproportion des faits et des effets qui saute aux yeux. A l’argument que le BDS défavoriserait davantage les travailleurs palestiniens, ceux-ci répliquent qu’ils sont assez matures pour faire des choix, qu’ils acceptent le prix à payer pour que cesse cette politique coloniale en violation de tous les droits et que leur situation ne peut pas être pire que ceux qu’elle est déjà.
- Un italien (désolée pour son nom) informe qu’une coalition contre AGREXCO s’est créée cette semaine. Son organisation trace et traque les acheminements d’armes et a parfaitement identifié l’arrivée de bombes au phosphore en Israël pour bombarder Gaza en janvier 2009, bombes pourtant prohibées selon toutes les conventions internationales.
- Omar Barghouti, membre fondateur du BDS rappelle la légitimité de cette campagne car elle vient du peuple palestinien et représente le premier et seul consensus de toutes les organisations dans leur long combat contre Israël. AGREXCO est une entreprise criminelle et nous devons passer de l’expression du soutien et de la solidarité à la lutte effective. En seulement 4 ans, la campagne BDS a mieux réussi que le combat contre l’apartheid contre l’Afrique du Sud en 20 ans. Sur le fait d’avoir deux États ou un État binational, BDS ne prend pas position du moment que chaque État doit respecter le droit international.
Le peuple palestinien espère beaucoup en la mise en place des mesures préconisées par le rapport Goldstone. Par exemple, le ministère des finances norvégien bloque désormais les fonds attribués aux entreprises norvégiennes intervenant dans la construction du mur.
- Jean-Paul Nunez de la Cimade insiste sur l’importance de cette journée décisive sur le plan européen dans la lutte pour les droits du peuple palestinien. La coalition doit pousser hors d’Europe et pour cela nous devons nous implique sur le terrain.
- Nicolas Duntze de la Confédération paysanne rappelle qu’AGREXCO à Sète impliquera forcément davantage de destructions d’emplois que de créations. AGREXCO fait partie de la ruine des économies vivrières de la Méditerranée et de la destruction des agricultures paysannes en Europe.
A noter qu’à la conférence de presse convoquée le matin à 11 h, seul le journal « L’Hérault du jour » s’est déplacé...
Dans Midi-libre du 2 puis 3 octobre, on a pu lire pourtant une longue déclaration de Georges Frêche puis du gérant d’AGREXCO qui « ne comprennent pas la polémique » et qui n’y voient « qu’un cheval de bataille politique de la part de la coalition de gauche ».
Oui, c’est bien un cheval de bataille politique mais ceux qui l’enfourchent sont bien plus nombreux que les seuls partis de gauche.
Auteurs divers
Création de l'article : 20 octobre 2009
Dernière mise à jour : 20 octobre 2009
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