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Procès de la révolte qui a mis le feu au centre de rétention de Vincennes |
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Le plus grand centre de rétention de France a connu jusqu’à sa destruction par les « retenus », le 22 juin 2008, un état de révolte quasi permanente : affrontements avec la police, refus de manger, d’être comptés, cartes déchirées, chambres brûlées… Le 21 juin, un « retenu » qui avait réclamé ses médicaments en vain y est mort.
À ce jour dix anciens « retenus » de Vincennes sont inculpés de destruction de biens par l’effet d’un incendie et/ou violence à agent de la force publique en réunion ayant entraîné une incapacité totale de moins de 8 jours et/ou de dégradation d’objets d’utilité publique. Un seul d’entre eux est encore en détention, 7 ont été libérés après plusieurs mois de prison mais 6 d’entre eux sont encore inculpés et placés sous contrôle judiciaire, deux sont sous mandat d’arrêt, un dernier est sous contrôle judiciaire.
RELAXE POUR LES INCULPES
LIBERTE POUR LES INCULPES DE VINCENNES
Immédiatement après l’incendie du CRA de Vincennes, le parquet ouvre une enquête pour « destruction de biens par incendie et violence sur agent de la force publique avec incapacité totale de travail de moins de huit jours ». Dès le lendemain des faits, deux hommes sont entendus par la 2e division de la police judiciaire de Paris en charge de l’enquête. Ils sont remis en liberté tous les deux : l’un avec le statut de témoin assisté l’autre sous contrôle judiciaire ; il est finalement placé sous mandat de dépôt et incarcéré à Fleury- Mérogis après appel du parquet. Les inculpations n’en restent pas là. Suite au visionnage des vidéos des caméras de surveillance, malgré la fumée et la panique qui régnaient dans le centre de rétention pendant l’incendie, quatre nouvelles inculpations tombent. Le 3 juillet 2008, deux anciens « retenus » du CRA de Vincennes sont interpellés au CRA d’Oisel, en Seine-Maritime, et incarcérés. L’un d’eux serait soupçonné d’avoir obturé une caméra pendant que l’autre attisait les flammes d’un matelas. L’un est écroué l’autre est remis en liberté puis écroué suite à un appel du parquet. Le 7 juillet 2008, au CRA de Lille-Lesquin, un ancien de Vincennes est arrêté pour sa prétendue participation à l’incendie, et incarcéré : il aurait été reconnu sur les vidéos en train de mettre le feu à un matelas dans la cour intérieure. Le 17 juillet, une cinquième personne est interpellée à Paris et incarcérée ; elle aurait été identifiée en train de pénétrer dans les locaux avec un linge enflammé peu avant l’incendie.
Après avoir passé presqu’un an en prison, 6 d’entre eux sont libérés mais sont toujours inculpés. Au cours de sa détention à Fresnes, l’un des inculpés a été agressé dans sa cellule. Sa famille a porté plainte contre l’administration pénitentiaire. Après plusieurs mois de coma il est libéré et bénéficie d’un non lieu, mais il est encore hospitalisé avec de graves séquelles. En juin 2009 un ancien « retenu » qui ignorait être sous mandat d’arrêt est arrêté et écroué ce qui déclenche la réouverture de l’instruction.
Dans un premier temps, l’État s’est efforcé de désigner les associations de soutien aux sans-papiers comme les responsables de l’incendie en les accusant d’avoir incité – par leurs cris – ces derniers à mettre le feu. Il a dû faire marche arrière devant un fait incontestable : les départs de feu ont précédé le rassemblement devant le centre. Il ne lui restait plus qu’à choisir quelques « retenus » au hasard, à leur faire porter le chapeau et à les incarcérer.
Tout au long de l’instruction les avocats ont dénoncé une procédure menée exclusivement à charge : les demandes d’actes ont toutes été rejetées,l’affaire est complètement décontextualisée (la plainte concernant la mort de Salem Souli n’est pas jointe au dossier), les règles du droit constamment bafouées (droit aux recours ignoré, demandes de mise en liberté refusées alors que les garanties de représentation sont présentées...).
La justice veut une fois de plus punir quelques individus pour des faits qui sont la manifestation d’une révolte collective : la révolte contre la mort d’un des leurs, contre les expulsions, contre leur enfermement et les conditions de rétention. Les inculpés risquent des peines lourdes, même sans les peines suplémentaires de l’interdiction du teritoire et de l’expulsion. Ce procès ne doit pas être celui de quelques boucs émissaires ; il pourrait au contraire être une tribune pour dénoncer la politique d’immigration et exiger la fermeture des centres de rétention. Cette révolte est sans conteste une de celles qui ont fait le plus mal, concrètement et symboliquement, à la machine à expulser depuis bien longtemps. On peut donc s’attendre à ce que la justice frappe sévèrement les « retenus » qui seront jugés pour l’incendie afin de décourager toute velléité de résistance.
La solidarité avec les inculpés nous paraît une évidence et une nécessité avant tout pour qu’ils ne soient pas condamnés ; aussi pour que ce mouvement de révolte collective ne soit pas réduit à des actes épars, forcément individuels, voire pathologiques. Cette histoire doit rester commune pour combattre la séparation entre les bons et les mauvais, les dociles et les fouteurs de feu ; pour répondre au spectacle et à l’oubli, pour contribuer à détruire les prisons sans cramer avec elles.
Un collectif s’est constitué pour soutenir les inculpés (leur envoyer des mandats et payer leurs frais d’avocats), pour faire connaître les suites judiciaires de l’incendie et pour construire avec les « retenus » une défense collective.
Ecrire à Nadir Autmani écrou 377079 batiment D4 Maison d’arrêt des hommes 7 allée des peupliers 91700 Fleury Merogis
Pour envoyer de l’argent : adressez vos chèques à l’ordre de « CICP-Vincennes » au 21ter, rue Voltaire, 75011, Paris.
Pour tout contact : liberté-sans-retenue(at)riseup.net
Résistons Ensemble
Solidaires, Ecologistes et Libertaires - Millau
Fabien B.
Création de l'article : 27 janvier 2010
Dernière mise à jour : 23 janvier 2010
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