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L’EFSA déplore l’absence d’évaluation sur l’utilité des OGM |
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(AFP) – le 06/07/2010
BRUXELLES — La Commission européenne va relancer la semaine prochaine le débat sur les OGM en proposant de débloquer les autorisations de culture dans l’UE, mais l’Agence pour la sécurité alimentaire a déploré mardi l’absence d’évaluation scientifique sur leur utilité.
L’Agence, dirigée par une Française, Catherine Geslain Laneelle, est la cible de toutes les critiques, car la Commission européenne justifie ses décisions controversées concernant les produits transgéniques sur ses avis.
"Nos avis sur les OGM portent exclusivement sur les risques pour la santé et l’environnement, pas sur l’utilité" des produits, a souligné Mme Geslain Laneele lors d’un entretien avec l’AFP.
"D’un point de vue scientifique, il est difficile d’admettre qu’un produit ou une technologie présente seulement des risques et qu’un examen ne soit pas mené sur son utilité", a-t-elle commenté.
"Or si les consommateurs voient peut être les risques pour les OGM, ils n’en voient pas l’utilité", a-t-elle souligné, jugeant que cela pourrait être une des causes de la défiance exprimée dans l’UE où seulement deux OGM sont autorisés à la culture. "Les consommateurs se demandent pourquoi prendre des risques si cela n’est pas utile", a-t-elle insisté.
L’EFSA pourrait mener cette évaluation, comme elle le fait pour les pesticides, "mais on ne le fait pas, car on ne nous le demande pas", a-t-elle insisté.
L’Agence veut organiser une réunion en septembre avec les ONG environnementales pour discuter de son évaluation des risques. Les élus du groupe des Verts au Parlement européen lui ont adressé mardi une fin de non recevoir.
Ils ont rejeté les nouveaux critères d’évaluation des OGM proposés par l’EFSA comme "voués à l’échec", car "fondés sur le principe de similarité entre plantes conventionnelles et plantes génétiquement modifiées".
La directrice de l’EFSA a également défendu l’indépendance des avis rendus par l’agence, souvent mise en cause.
Elle entendait ainsi réagir à l’annonce faite la veille par le commissaire à la Santé John Dalli, chargé du dossier des OGM. "Un audit sera réalisé a posteriori sur toutes les personnes qui ont participé aux panels pour vérifier leur indépendance", a-t-il affirmé.
L’agence fait valoir qu’elle a institué des procédures très strictes pour éviter tout risque de conflit d’interêt et les panels sont composés de 21 experts.
"Un consultant indépendant a été chargé cette année d’évaluer la mise en oeuvre de ces règles", a-t-elle précisé.
"L’EFSA ne bénit pas le travail de l’industrie. Dans 95% des dossiers, nous avons demandé des données complémentaires et 4% des dossiers ont été retirés par les industriels, car nous avions mis le doigt sur un problème", a-t-elle indiqué.
"Nous ne cherchons pas le consensus à tout prix", a-t-elle affirmé, rappelant que l’avis sur la pomme de terre OGM Amflora du groupe allemand BASF comportait des réserves sur son innocuité.
"Nous n’avons pas dit qu’il n’y avait pas de problème pour l’Amflora et nous avons dit qu’il y avait des aspects à surveiller", a-t-elle souligné. Malgré ces réserves, la Commission européenne a décidé le 2 mars d’autoriser la culture de l’Amflora.
"Je ne veux pas juger si l’avis a été bien ou mal interprété (...) Peut être n’avons nous pas bien communiqué ?".
MaTthieu
Création de l'article : 7 juillet 2010
Dernière mise à jour : 7 juillet 2010
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