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SALAM / Newsletter décembre 2010 |
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Association Salam
www.associationsalam.org
Edito
21 décembre 2010
Demain, l’hiver démarrera de façon officielle.
Mais pour les migrants et les bénévoles, il a commencé il y a déjà un mois. Forcément, l’actualité de cette dernière newsletter 2010 sera marquée par un plan grand froid enneigé.
On ne peut s’empêcher de penser aux moyens financiers déployés par l’Etat. Aussi, on ne peut fermer les yeux sur les agissements des forces de l’ordre, en contradiction avec la position apparemment philanthropique de ce qu’elles représentent.
Piqûre de rappel davantage pratique pour les bénévoles actifs : c’est le moment de déclarer vos dons aux oeuvres 2010 (frais kilométriques). Voir l’article concerné.
SALAM reste preneuse de toute bonne volonté prête à offrir du temps lors des distributions et des nuits d’encadrement des migrants et personnes sans abri au BCMO et dans le Dunkerquois.
Nous vous souhaitons également de bonne fêtes de fin d’année. Solidairement,
SALAM Nord/Pas-de-Calais
Déclarez vos frais kilométriques !
21 décembre 2010
Avis aux bénévoles : c’est la saison de la déclaration des frais kilométriques (dons aux oeuvres 2010).
Vous trouverez en ligne les documents nécessaires pour procéder à votre déclaration :
* La fiche explicative
* Le formulaire à imprimer, remplir et à nous retourner pour le 31 décembre 2010.
Plan grand froid et subvention exceptionnelle 16 décembre 2010
Suite aux négociations « état-mairie », nous venons, association SALAM Nord/Pas-de-Calais, de signer une convention pour l’obtention d’une subvention exceptionnelle. Cette convention nous permettra
* d’acheter 500 duvets que nous avons dès aujourd’hui commandés * de rémunérer du personnel pour le nettoyage et l’aide à la présence et l’accompagnement au BCMO.
Nous allons aussi faire dès demain nettoyer les wc et les abords. Il faudra bien entendu justifier par factures de ces éventuels frais. Les conditions matérielles devraient donc connaître une amélioration certaine même si bien évidemment de nombreux progrès resteront à faire.
Il faut savoir que si la fourchette basse est de 120 à 130 migrants présents au BCMO, nous tendons actuellement vers les 150 à 160 personnes présentes avec un turn-over particulièrement impressionnant !
C’est aussi l’occasion de remercier les nombreux bénévoles qui se relaient pour permettre à nos amis migrants de manger et de trouver un local pour se reposer. La solidarité n’est pas un vain mot !
Matelas, tapis et duvets : les migrants auront-ils leurs cadeaux pour Noël ?
15 décembre 2010
Il y a deux semaines, l’État annonçait vouloir débloquer 100 000 E pour améliorer l’hébergement des migrants de Calais en pleine période de grand froid. Les fonds ont été versés à la Ville vendredi, mais les associations devront encore patienter deux semaines avant de voir arriver les matelas et les tapis épais au gymnase du BCMO, place de Suède.
La neige a disparu des trottoirs mais les nuits sont toujours aussi fraîches à Calais. Depuis bientôt un mois, le gymnase de la place de Suède, au port, ouvre chaque nuit ses portes aux migrants qui n’ont plus le courage ni la force de dormir dans des squats sans chauffage. Aux frais de la municipalité, le local est ainsi transformé en centre d’accueil d’urgence pour le troisième hiver consécutif.
Ils étaient soixante-dix environ pour les premières nuits ils sont désormais en moyenne entre cent et cent cinquante, chaque soir, à chercher le sommeil à même le sol, dans cet ancien local des douanes. Cet accueil d’urgence, toléré par l’État et la mairie, est rendu possible grâce aux associations qui viennent en aide aux migrants, heureuses d’apprendre au début du mois que l’État, sur les fonds de la direction départementale pour la cohésion sociale, apporte cet hiver 100 000 E pour améliorer les conditions d’accueil des migrants.
« Nous avons fait des propositions pour recevoir deux cents tapis en mousse, des matelas et des duvets, mais pour le moment rien n’est arrivé », rapporte Jean-Pierre Leclercq, président de Salam (pour Soutenons, aidons, luttons, agissons pour les migrants en difficulté). Le versement de 99 999 E précisément a pourtant bien eu lieu vendredi, comme convenu lors de la signature de la convention voilà deux semaines à la sous-préfecture. Ce versement est intervenu deux jours après le vote d’une délibération lors du conseil municipal. Celle-ci, rappelait le maire Natacha Bouchart, portait sur l’attribution à l’association Salam « d’une subvention d’un montant de 30 000 E affectée à l’amélioration de l’accueil des personnes sans domicile fixe ».
Cette première dotation permettra l’achat de duvets et de tapis en mousse, à glisser sous des matelas gonflables. « Au lendemain du conseil municipal, jeudi, nous avons envoyé les bons de commandes pour recevoir ce matériel », confirme Philippe Mignonnet, adjoint au maire chargé de l’environnement. L’entreprise contactée, sur les conseils de Jean-Claude Lenoir, le porte-parole de l’association Salam, doit livrer ces fournitures dans un délai de deux semaines. Soit à peu près pour le 25 décembre. Un cadeau de Noël qu’apprécieront les migrants en situation irrégulière, qui peuvent encore espérer dormir pendant deux mois environ dans le local chauffé du BCMO.
Aide médicale : droit d’entrée supprimé
5 décembre 2010
Les sénateurs ont supprimé le droit d’entrée de 30 euros par an pour bénéficier de la couverture médicale gratuite pour les étrangers en situation irrégulière aux faibles ressources, dans le cadre du projet de budget 2011 dont ils poursuivaient dimanche l’examen.
Les députés UMP avaient introduit un article rattaché à la mission santé du projet de budget lors de la première lecture, créant un droit de timbre annuel de 30 euros pour l’accès à l’Aide médicale d’Etat (AME). Cet article limitait également les ayants droit. Les sénateurs ont adopté, contre l’avis du gouvernement, plusieurs amendements supprimant cet article, déposés par le rapporteur UMP de la commission des Affaires sociale Alain Milon, les groupes Union centriste, CRC-SPG (communiste et Parti de gauche) et RDSE (à majorité radicaux de gauche) et les sénateurs Verts-Europe Ecologie. "Cette prestation relève de la solidarité nationale, pas d’une logique d’assurance. La somme de 30 euros équivaut à 8% des revenus des bénéficiaires... ce serait une entrave aux soins, poussant les bénéficiaires vers la CMU" (couverture maladie universelle), a plaidé M. Millon. "Cette mesure est injuste, dangereuse et inefficace", s’est indigné Jean Desessard (Europe écologie/Les Verts).
La secrétaire d’Etat à la Santé Nora Berra, mise en minorité, a jugé que le timbre de 30 euros "ne compromet pas la gratuité des soins" et qu’"il ne s’agit en aucun cas d’une participation financière à chaque soin". Les sénateurs ont également supprimé une disposition instaurée par les députés et excluant de l’AME les actes au faible "service médical rendu" comme "le traitement de la stérilité" ou "les cures thermales". Les restrictions de l’accès à l’AME votées par les députés ont soulevé de nombreuses protestations, notamment d’associations. L’AME a bénéficié en 2009 à 215.000 personnes aux ressources inférieures à 634 euros par mois. Son budget s’établit à 588 millions d’euros pour 2011.
Communiqué du 5 décembre 2010 - Les mauvaises habitudes seront difficiles à changer
5 décembre 2010
Depuis plusieurs jours systématiquement les forces de l’ordre interviennent lors de l’arrivée des migrants sur le lieu de distribution ou lors du départ de la salle du BCMO.
Il est vrai que cela est variable selon les compagnies présentes ! La compagnie actuelle étant tristement renommée pour ses interventions musclées et l’agressivité surprenante notamment d’un de ses fonctionnaires.
Hier les fonctionnaires de police poussaient la provocation à arrêter les migrants rue Lamy prétextant que seule l’entrée de la rue de Moscou était « sanctuarisée ».
Le matin ces mêmes fonctionnaires poursuivaient les migrants à la sotie du BCMO pour finalement arrêter deux … SDF français qui avaient dormi sur le site et qu’ils relâchèrent bien penauds !
Ce dimanche matin c’est rue de Moscou que les policiers sont intervenus lorsque les migrants venaient au repas !
On peut se demander si monsieur le sous-préfet, récemment arrivé à Calais, arrivera davantage à se faire respecter de ses fonctionnaires que ses prédécesseurs !
SALAM Nord/Pas-de-Calais dénonce une fois de plus ces pratiques honteuses aux conations troublantes.
Calais est-elle condamnée à rester une zone de non droit ?
Grand froid : les migrants peuvent trouver refuge à Steenvoorde et Bailleul
2 décembre 2010
Les tentes ont été installées en toute discrétion, début novembre, derrière les jardins ouvriers
qui jouxtent l’église à Steenvoorde. En toute discrétion car Terre d’errance, l’association qui gère le projet, et la mairie refusent cette année de communiquer et confirment seulement que le dispositif est le même que les deux années précédentes : une vingtaine de migrants, en continu, peuvent donc être accueillis ici. Terre d’errance a été créé en novembre 2008 par « des habitants de Steenvoorde émus du sort de ces naufragés de l’histoire ». Pour protéger les migrants du froid, la structure est rodée : il existe six « services » : laverie, vestiaire, douche, etc. et on se souvient que l’année dernière, en cas de grand froid, les migrants étaient logés dans la salle paroissiale. La réouverture du camp n’a pas, en tout cas, été évoquée en conseil municipal à Steenvoorde (les deux autres années, il n’y avait pas eu de délibération mais un petit débat).
À Bailleul, mêmes craintes par rapport à la communication, craintes sans doute liées au fait que la mise en place du camp avait provoqué des remous l’année dernière : Marine Le Pen, du Front National, avait fait un déplacement fracassant. Dans la cité de Mélusine, le camp n’a pas encore officiellement rouvert. Mais une tente a déjà été installée. Un accord pour « une quinzaine de personnes » a été passé avec la mairie. Pour l’heure, des bénévoles affluent pour apporter matelas et matériel en tout genre. « Tout va dépendre des conditions météo », explique Claire Cleenewerck, présidente de Flandre Terre Solidaire. Du côté du commissariat de Bailleul, on explique : « On est bien sûr attentifs à ce qu’il se passe dans la vie de la cité. Mais c’est un camp très limité. Quand les gens sont accueillis dans le camp, il y a un protocole bien établi. Nous n’avons pas d’interventions spécifiques à faire. C’est de l’humanitaire. Notre rôle est plus dans l’assistance à la population, si besoin, qu’en termes de surveillance. » Le camp de Bailleul avait été mis en place pour la première fois l’année dernière, jusqu’en mai 2010.
Froid et neige : l’Etat débloque 100.000 euros pour les migrants de Calais
2 décembre 2010
CALAIS (Pas-de-Calais) — L’Etat a décidé d’accorder une aide de 100.000 euros à la ville de Calais afin d’améliorer l’hébergement des migrants pendant la nuit en période de grand froid, a-t-on appris jeudi auprès des associations et de la préfecture du Pas-de-Calais.
Cette enveloppe débloquée à titre "exceptionnel" doit servir à l’entretien et à l’équipement d’un gymnase qui accueille une partie de l’hiver, la nuit, les migrants séjournant dans la région de Calais dans l’espoir de passer en Angleterre, a précisé le préfet lors d’un point de presse.
Elle permettra l’achat de matelas ou de lits de camp ainsi que de couvertures, et couvrira les frais de nettoyage et de gardiennage de ce local. Celui-ci devrait pouvoir ouvrir pendant trois mois au lieu de deux habituellement.
"C’est une grande victoire pour les associations, qui demandaient depuis plusieurs années des conditions décentes, même si ça ne règle pas tout", a déclaré à l’AFP l’abbé Jean-Pierre Boutoille, du collectif C’Sur.
Le gymnase a ouvert ses portes samedi en accueillant quelque 70 migrants. Mais ils étaient près de 140 dans la nuit de mercredi à jeudi, poussés par le froid et la neige. Les migrants y dorment sur des cartons, ne sont pas autorisés à utiliser les douches et disposent d’un seul WC.
Par ailleurs, des mineurs et des demandeurs d’asile y trouvent refuge - contrairement aux conventions internationales qui leur assurent en principe un hébergement spécifique - par manque de foyers adaptés dans la région, soulignent les associations.
Quant aux migrants dispersés dans des campements de fortune sur le littoral, ils restent exposés au froid, comme à Teteghem (Nord), près de Dunkerque, où ils sont quelques dizaines à vivre dans des cahutes de planches et de bâches édifiées sur un terrain vague.
En août 2009, environ 1.500 clandestins - afghans, irakiens ou africains - étaient recensés dans le Nord-Pas-de-Calais, dont plus de la moitié autour de Calais. La plupart de leurs campements ont été détruits depuis et ils ne seraient plus aujourd’hui que le tiers, très majoritairement originaires d’Afrique noire.
Calais, la nuit tombe, le hangar des migrants s’ouvre
1er décembre 2010
SOCIETE - « Tu partages une pomme avec moi ? » Ils ne sont pas nombreux dedans, pourtant il fait glacial dehors. Une cinquantaine de migrants Erythréens, Kurdes, Iraniens, s’allongent dans la grande salle à peine chauffée, ouverte pour les grands froids, près du port. Un sac de couchage, une couverture, un carton pour tenter d’isoler le sol. Sur les murs, des chauffages à infrarouge. On s’emmitoufle, on s’endort. Ou on prolonge la soirée, on bavarde et on blague.
Parkings. En tailleur sur quelques couvertures, un petit groupe, Iraniens d’ethnies différentes, turcs, kurdes, perses, partagent une pomme et une banane, proposent de bavarder, s’excusent de ne pas avoir de thé à offrir. Babak, 25 ans : « Ils ont ouvert parce qu’on est en dessous de zéro, mais dès qu’on repassera au dessus, ils nous mettront dehors ! Et demain matin, à huit heures, dehors ! Comment c’est possible ? » On lui répond qu’il y a sept ans, un local existait, tenu par la Croix-Rouge à Sangatte. Le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, l’a fait fermer. C’était la nuit dernière à Calais, et ça recommence ce soir, et toute la semaine, le plan grand froid est prolongé. Dans la salle, les assos, Salam, la Marmite aux idées, veillent, discutent avec ceux qui ne dorment pas. Sur les quelque 200 migrants dans la ville, il y a ceux qui dorment dans les squats, d’autres dans les forêts alentour, ceux qui se sont engouffrés ici pour dormir au chaud. Et aussi ceux qui continuent de tenter leur chance sur les parkings, pour passer de l’autre côté de la Manche.
Bougies. Dans la grande salle, Kamran, 40 ans, bonnet sur la tête, un peu pâle, le plus âgé des cinq Iraniens, ne veut pas qu’on écrive son vrai prénom. « Tu n’as qu’à m’appeler le type malheureux ». Il explose : « On n’a rien. Pas de douches, pas de toilettes, nulle part où dormir vraiment ». Il assure être réfugié en Grande-Bretagne mais avoir perdu ses papiers en visite en France, dit que le Secours Catholique essaie de démêler tout ça. En attendant, il vit comme les autres. « Dans le squat où je dors, on gèle. C’est si humide que les couvertures ne sèchent pas. Pas de lumière, j’ai deux bougies, et pas d’argent pour en acheter d’autres. Même trouver de l’eau à boire, c’est difficile ». « T’as qu’à boire la neige », se marre Aïdin, 27 ans, aux yeux rieurs. Il soulève le bonnet de Kamran et laisse entrevoir son crâne : « Il râle parce que ça le vexe d’être chauve ». Kamran : « arrête, on parle sérieusement, il faut expliquer ce qu’on vit. Quelqu’un peut mourir de froid dans la neige, sans que son père et sa mère n’en sachent rien. Est-ce que c’est normal ? ».
Check-in. Aïdin remet ça : « Moi, mon problème, c’est que je chausse du 43, et mes chaussures ne dépassent pas le 40 ». Babak en rajoute : « Dans ton journal, tu peux écrire qu’ils devraient annulent les check-in ? ». Les check-in, les multiples contrôles que traversent les camions, au port et au tunnel sous la Manche. Les migrants, eux, se cachent dans les chargements. Babak : « Dis-leur aussi d’annuler les frontières ! ». Aïdin sort son pied nu, montre sa chaussure trop petite, part dans un fou rire. « Et n’oublie pas mon 43... » Kamran : « Certains sont là depuis huit mois, vous vous rendez compte ? ». Huit mois, c’est rare. Eux sont là depuis huit, dix, quinze jours.
Tarzan. Babak croit savoir que certains ont réussi à passer de l’autre côté à la nage. Kamran hausse les épaules : « ben oui, mais pour entrer dans le Guiness, pas pour passer en Angleterre ». Aïdin, mort de rire : « ça se loue, ici, des bateaux à moteur ? ». On lui répond que la Manche est la mer la plus fréquentée du monde, et que surtout, les côtes sont archi-surveillées. L’homme au bonnet continue : « On est pire que des chiens. Un renard sait se fabriquer un terrier, trouver un trou, pas nous. On est devenus des Tarzans. Bientôt on se transformera en poissons, et on boira l’eau de mer, on nagera jusque l’Angleterre ».
Plus de 400 millions de migrants en 2050, selon l’OIM
29 novembre 2010
Les migrants qui quittent leur pays à la recherche de travail et de meilleures conditions de vie pourraient dépasser les 400 millions d’ici 2050, ce qui représente 7% de la population mondiale actuelle, indique l’Organisation internationale des migrations (OIM).
Ajouté aux mouvements de population à l’intérieur des frontières, qui sont également en progression du fait de l’exode rural, le phénomène touche déjà un milliard de personnes en 2010, souligne-t-elle dans son rapport qui paraît tous les deux ans.
"Il y a dix ans, lorsqu’est paru le premier rapport Etat de la migration dans le monde 2000, on comptait 150 millions de migrants.
"Aujourd’hui, ce chiffre est passé à 240 millions et pourrait atteindre 405 millions en 2050, sous l’effet de disparités démographiques croissantes, des modifications de l’environnement, des nouvelles forces politiques et économiques qui s’exercent dans le monde, des révolutions technologiques et des réseaux sociaux", peut-on y lire. William Lacy Swing, directeur général de l’OIM, juge fondamental que les pouvoirs publics se dotent de programmes à long terme pour que ces mouvements profitent aussi bien aux migrants qu’à leurs pays d’accueil.
"En négligeant de mettre en place des politiques et des ressources appropriées pour gérer les migrations, on risque de manquer une occasion historique de tirer parti de ce phénomène mondial", explique-t-il.
"Etant donné que le rythme de la migration ne ralentit pas, les perspectives dont disposent les Etats pour transformer ses inconvénients en atouts s’amenuisent rapidement."
"En l’absence d’un sérieux investissement dans les questions migratoires, il est clair que des questions fondamentales telles que les droits humains des migrants ou leur intégration dans la société d’accueil prendront des proportions de plus en plus dramatiques.
"En investissant dans l’avenir des migrations et en planifiant les flux migratoires futurs, on améliorera l’image des migrants dans l’opinion, qui a été particulièrement mise à mal par la récession économique actuelle, et on contribuera à alléger la pression politique exercée sur les gouvernements pour qu’ils livrent des réponses à court terme à la migration", ajoute William Lacy Swing.
Jean-Philippe Lefief pour le service français
Communiqué du 18 novembre 2010 - Situation des exilés à Téteghem
22 novembre 2010
Les associations humanitaires de la région dunkerquoise dont les bénévoles interviennent chaque jour auprès des personnes migrantes de passage sur le territoire de la communauté urbaine de Dunkerque en appellent tant aux autorités d’Etat qu’aux autorités locales.
Tout recours à la force publique pour démanteler les camps de fortune établis par les personnes migrantes, en particulier sur le territoire de la commune de Téteghem, serait inhumain, provoquerait des souffrances encore plus grandes que celles que ces personnes vivent actuellement et serait totalement inefficace par rapport aux problèmes posés par ces campements de fortune.
Elles rappellent que l’augmentation importante des campements sur Téteghem est une conséquence directe du démantèlement opéré il y a quelques mois par les forces de police sur le territoire de la commune de Loon Plage.
Tout démantèlement augmente de façon catastrophique, pour les personnes migrantes et en particulier pour les familles et les enfants qui s’y trouvent, la précarité de leur vie quotidienne. En ne faisant que les disperser, il n’aurait pour conséquence que d’augmenter la gravité des problèmes de survie et de santé que ces personnes connaissent.
Les associations humanitaires demandent :
* qu’il n’y ait, au moins pendant la période hivernale qui commence dès maintenant, aucune destruction de camp, de la même façon que les pouvoirs publics ne procèdent pas pendant la même période à des expulsions de leur logement decitoyens en précarité.
* qu’en tout état de cause, le matériel qu’elles ont réuni grâce aux dons d’autres citoyens et au financement accordé par les collectivités locales soit respecté et non détruit,
* que des solutions soient apportées pour assurer l’hygiène collective (poubelles ramassées) ainsi que l’hygiène personnelle (accès à des douches),
* que les familles avec enfant puissent sans restriction bénéficier de l’hébergement d’urgence mis en place dans le cadre du 115.
* qu’il y ait une négociation avec chacune des communes concernées pour mettre en place des solutions de replis en cas de froid d’extrême rigueur (tente chauffée ou abri en dur provisoire)
* que les personnes qui demanderaient l’asile ne soient pas immédiatement rejetées dans des solutions de logement et de survie encore pires que celles qu’elles ont connu avant cette demande.
* que toutes les autorités concernées se mettent réellement autour d’une même table avec les associations pour construire les solutions humainement acceptables à la situation connue.
Les associations réaffirment que d’expérience, la plus grande partie des citoyens des communes directement concernées, malgré les difficultés qu’ils peuvent rencontrer, ont le réflexe de la solidarité humaine et les aident dans leur travail humanitaire.
Elles ne veulent plus entendre ce que vient de leur dire l’un des habitants de ces abris précaires : « Ici, je meurs tous les jours de mort lente. Si je retourne dans mon pays, au moins, ma mort sera plus rapide. »
Signataires : SALAM, Terre d’errance, Le Secours catholique, Le collectif humanitaire de Téteghem, Emmaüs, Le M.R.A.P., La Ligue des droits de l’homme, A.C.C., minorités visibles, Médecins du monde, Le Carrefour des solidarités
Tétéghem : la « jungle » s’est vidée
22 novembre 2010
Hier soir, la « jungle » du lac de Téteghem ne comptait plus qu’une quarantaine de migrants, ...
constataient à la fois les associatifs et le maire Franck Dhersin. Ils étaient encore 150 à 200 un peu plus tôt, un chiffre qui avait valu à Franck Dhersin, dans la semaine, de tirer le signal d’alarme auprès des services de l’État.
Pour les associatifs, cette fuite des migrants installés autour du lac de Téteghem serait due à la pression policière, devenue quotidienne ces derniers jours : « A la distribution du repas (NDLR : hier midi), les migrants nous ont expliqué que la police viendrait démonter le camp et que ceux qui seraient encore là et en situation irrégulière seraient arrêtés », expliquent-ils en substance. Pour le maire Franck Dhersin, ces départs massifs sont en effet motivés par l’annonce d’une intervention policière imminente si le camp restait aussi peuplé. Mais le maire de Téteghem dément qu’elle soit prévue pour aujourd’hui : « Le préfet a dit qu’on ne pouvait accepter l’idée d’un nouveau camp dans le Dunkerquois. Je lui ai dit de nous donner du temps », rappelle-t-il en précisant qu’un nouveau point devait être fait mercredi. « C’est la première fois qu’un camp se vide tout seul par la discussion et le dialogue », se félicitait-il hier so ir, après avoir passé les derniers jours sur le terrain, à la rencontre des migrants, comme les associatifs.
Partis de Téteghem, les migrants devront trouver d’autres points de chute. On évoque Grande-Synthe, Calais, la Belgique, voire Paris.
A Teteghem, maire et humanitaires craignent la destruction du camp de migrants
19 novembre 2010
TETEGHEM — "A chaque fois qu’on a déménagé, on a reporté le problème ailleurs" : le maire de Teteghem (Nord), où s’est établi un camp de migrants, craint, comme les humanitaires, un démantèlement qui ne règlerait pas le problème, un an après la destruction de la "jungle" de Calais.
Sur ce terrain situé au bord d’un lac, ils sont depuis deux semaines 200 de nombreuses communautés, selon le maire Franck Dhersin (UMP) et Médecins du Monde.
La préfecture parle de 80 à 100 personnes, d’après les comptages de la Police aux frontières (PAF).
A mi-chemin entre Calais et Ostende, principaux points de départ pour l’Angleterre, la situation de la ville explique cet afflux, selon le maire qui rappelle que des camps voisins ont été démantelés.
"A aucun moment, je n’ai demandé l’évacuation, je demande qu’on partage la misère", ajoute M. Dhersin, qui pointe notamment la communauté urbaine de Dunkerque, propriétaire du terrain.
Il espère obtenir des conditions d’hébergement "convenables" pour les migrants, faciliter le travail des associations et une pression moins forte sur la population.
Comme dans l’ancienne "jungle" de Calais les différentes communautés sont actuellement réparties dans des mini-campements formés de bâches et palettes de bois. Selon le maire, quelques incidents ont déjà fait deux blessés graves.
En août 2009, environ 1.500 clandestins afghans ou irakiens étaient recensés dans le Nord-Pas-de-Calais, dont plus de la moitié autour de Calais. Plusieurs centaines vivaient dans la "jungle", principal campement d’étrangers en situation irrégulière en France, détruit par les bulldozers le 22 septembre 2009 sur instruction d’Eric Besson, alors ministre de l’Immigration.
Un an après, les migrants seraient trois fois moins nombreux à errer sur le littoral en attendant un ferry pour l’Angleterre.
Mais "on est dans des solutions de déplacement du problème", renchérit Mathieu Quinette, coordinateur de Médecins du Monde sur le littoral. Pour lui, l’afflux de Téteghem s’explique aussi par la fermeture du parking de l’aire d’autoroute à proximité, qui interdit aux migrants d’embarquer dans les camions pour l’Angleterre.
Interrogée par l’AFP, la préfecture a indiqué qu’elle n’avait pas pour l’instant l’intention de détruire le camp. Elle exprime cependant sa "volonté d’éviter que Téteghem soit un point de fixation d’étrangers en situation irrégulière" et a procédé "depuis un mois, à plusieurs opérations de contrôle et d’interpellations", indique Marc Chappuis, directeur de cabinet du préfet du Nord.
"Si on détruit ce campement, les populations vont se disperser, elles n’auront même plus les abris qu’elles avaient, elles n’auront plus accès à l’aide humanitaire et elles vont être sous la mainmise des passeurs", craint Mathieu Quinette.
Dans le camp, au bord du lac, les migrants n’ont qu’une question à la bouche : "quand est-ce qu’ils rouvrent le parking ?".
Editeur : Salam
http://www.associationsalam.org
MaTthieu
Création de l'article : 23 décembre 2010
Dernière mise à jour : 23 décembre 2010
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