|
Fukushima proche du "syndrome chinois" ? |
|
L’origine de l’expression « syndrome chinois » vient d’une "boutade" des ingénieurs de Westinghouse, le coeur d’un réacteur américains fond et la masse du combustible nucléaire auto-entretenant sa température transperce la cuve, le béton et s’enfonce dans le sol, s’enfonce, s’enfonce jusqu’à ressortir de l’autre côté de la terre en Chine. En réalité dans ce type d’accident, cette masse fondue s’enfonce dans la terre et lorsqu’elle rencontre de l’eau (la nappe phréatique par exemple), il y a explosion de vapeur, une sorte de geyser de vapeur radioactive avec un dégagement colossale de radioactivité, et un vaste territoire devient pour toujours inhabitable...
Les Soviétiques lors de la catastrophe de Tchernobyl ont lutté (et sacrifié beaucoup d’hommes, des plongeurs qui ont plongé dans l’eau de refroidissement [et sont tous morts] pour vidanger cette eau qui s’était accumulée sous les ruines du bâtiments, et des mineurs qui ont construit une chape de béton sous le réacteur), pour empêcher que ce "corium" (une sorte de magma résultant de la fusion du combustible nucléaire et des éléments internes du cœur) ne tombe dans l’eau car il aurait pu atteindre une masse critique et entraîner d’après les calculs une explosion (comme une bombe) atomique d’une puissance énorme de 3 à 5 Mégatonnes (c’est 200 à 300 fois Hiroshima). Cela aurait provoquer des radiolésions massives des habitants dans un rayon d’environ 300 km (englobant la ville de Minsk) et toute l’Europe aurait pu se trouver victime d’une forte contamination radioactive rendant la vie normale impossible.
Il y a 32 ans, il y eut le film prémonitoire le "Syndrome Chinois" puis l’accident de Three Mile Island :
Deux mois exactement avant que ne survienne l’accident de Three Mile Island (ou TMI), la Commission de Réglementation Nucléaire américaine (NRC), remettait au Congrès des Etats-Unis un rapport d’une centaine de pages. Son titre : « Identification des problèmes de sécurité non résolus dans les centrales nucléaires ». Son but : définir avec précision les défauts de construction, de fonctionnement, d’organisation des centrales présentant un risque potentiel important pour la population. Depuis décembre 1977, la loi américaine fait obligation à la NRC, de cataloguer toutes les imperfections des centrales, de mettre sur pied un plan pour y remédier, et d’en faire part au Congrès. Il en a résulté une longue liste de 133 « tares », plus ou moins graves, qu’il est indispensable de corriger. Parmi elles, 17 ont été jugées prioritaires, justement parce qu’elles représentaient une menace réelle pour les populations. Sur ces 17 défauts graves, 3 au moins ont été à l’origine de l’accident de TMI.
Le 16 mars 1979 sortait aux Etats-Unis, dans 663 salles simultanément, un film prémonitoire le "Syndrome Chinois" qui avait pour thème un accident dans une centrale nucléaire qui manque de tourner à la catastrophe, risquant d’entraîner la fusion du coeur du réacteur qui s’enfoncerait alors dans la terre avec une telle puissance qu’il se retrouverait en Chine, d’où le titre du film. (voir le Film part 1 et part 2 1h55 en Realvideo 33Kb).
La sortie du film avait déclenché de nombreuses protestations de la part des compagnies d’électricité et des constructeurs de réacteurs nucléaires. Quinze jours plus tard, l’Amérique fût persuadée que le "Syndrome Chinois" était plus qu’un film de fiction et presque un documentaire. Le 28 mars 1979, à 8 heures du matin se produisit à la centrale nucléaire civile de Three Mile Island, un accident (non prévu dans la liste des accidents "étudiés" par les autorités de sûreté) résultant de l’enchaînement, estimé très improbable, d’une défaillance de matériel, d’une faute de maintenance non prévue à la conception, de deux erreurs de conception (au moins) et de la non-validité de la "procédure de conduite" fournie aux opérateurs (voir le documentaire de 51mn en Realvideo 33Kb).
Il faut mentionner un aspect assez curieux de la logique des experts promoteurs du nucléaire. Il s’agit de la notion d’impossible. Certains accidents particulièrement effrayants par leurs conséquences sont dits impossibles. Ceci justifie leur qualification de hors dimentionnement : l’installation n’est pas dimensionnée pour maintenir ces accidents dans des limites acceptables. En réalité, il s’agit là d’accidents pour lesquels, technologiquement (ou financièrement) il n’est pas possible de dimensionner l’installation, pour éviter des conséquences catastrophiques. Dans ces conditions, l’impossible est un concept bien commode. De quoi s’agit-il quand on nous parle d’un accident impossible ? C’est un accident physiquement possible, mais il n’a pas été possible pour les experts d’imaginer la séquence d’événements qui conduirait à sa réalisation. L’accident de TMI et le scénario du film " Le Syndrome Chinois " illustrent bien ce point. La séquence accidentelle était officiellement impossible, mais des cinéastes l’avaient imaginée car elle était physiquement possible. Dans la réalité à TMI et dans le film, la fusion totale du coeur du réacteur a été évitée de justesse. Le cas est dès maintenant possible à Fukushima d’un "scénario" où la fusion totale (ou presque) du coeur se produit et où le corium (ce cœur fondu) perce la cuve et attaque le radier de la centrale (très épais à Fukushima) et commence à s’enfoncer dans le sol... s’il n’a pas provoqué avant une explosion de vapeur, en rencontrant de l’eau accumulée au dessus du radier...
A Three Mile Island la gravité de la situation et la confusion ont poussé la NRC à instaurer du début à la fin des événements une permanence qui n’a été qu’une succession, chaotique, informe et souvent interrompue d’entretiens (enregistrés), dont les transcriptions en 3 parties se lisent comme un véritable roman policier et permettent de mieux comprendre l’accident.
Après l’accident de TMI, des associations de citoyens ont intenté un procès à la compagnie exploitante la Metropolitan Edison. D’une certaine façon tout le monde savait qu’un accident arriverait un jour, très exactement le jour où un grand nombre de réacteurs nucléaires serait en service, TMI a peut-être été le coup de grâce pour l’énergie nucléaire américaine mais il a frappé une industrie déjà mal en point dont le déclin était amorcé en 1974.
On apprit, plusieurs années après que l’accident de TMI fut un "mishap" (un raté) comme disent les Américains, à moins d’une heure près, la fusion du coeur aurait pu être totale, on était passé très près du "syndrome chinois", à Fukushima la situation est critique, le "syndrome chinois" n’est pas loin...
Infonucléaire
www.dissident-media.org/infonucleaire
infonucleaire
Création de l'article : 30 mars 2011
Dernière mise à jour : 30 mars 2011
Page visitée 1547 fois (4)
P.S.
- Le 13 mars 1980 il y a eu fusion de 20 kg du coeur de Saint-Laurent (un vieux réacteur uranium-naturel/graphite-gaz), et rejet de plutonium dans la loire mais pas de problème, pour le tout nouveau réacteur de grand puissance français, le fameux EPR dans l’hypothèse où le coeur fondrait malgré toute la haute technologie et le savoir faire français, un récupérateur a été ajouté pour empêcher que le magma radioactif ne s’échappe (vers la Chine), un système que ses concepteurs appellent « récupérateur de corium ou cendrier »...
- A la suite de l’accident de Three Mile Island (TMI) en 1979, le Laboratoire National de Sandia a estimé les conséquences potentielles pour des accidents de réacteurs qui aboutissent au rejet de grandes quantités de radioactivité dans l’atmosphère. Pour chaque centrale nucléaire qui était alors en exploitation ou en voie d’achèvement, le laboratoire Sandia a défini la quantité de radioactivité qui pourrait être rejetée à la suite d’un accident majeur mais aussi les conditions météorologiques de la région et populations vivant dans la zone située sous le panache radioactif issu de la centrale. Sandia a alors estimé le nombre de personnes qui mourraient dans l’année ou auraient des problèmes de santé à cause des expositions ionisantes. Sandia a également estimé le nombre de personnes qui trouveraient la mort par la suite de maladies radio-induites comme le cancer. Les estimations des premiers cas de décès peu après un accident se chiffrent à environ 700 pour un petit réacteur et jusqu’à 100 000 pour les plus gros réacteurs. Les estimations de décès par cancers vont de 3 000 à 40 000. Les estimations de morbidité générale vont de 4 000 à 610 000. A titre de comparaison, la bombe atomique larguée sur Hiroshima a causé la mort de 140 000 personnes, et celle tombée sur Nagasaki a tué 70 000 personnes.
Extrait de Etudes de risques sur les centrales nucléaires...
IEER, David Lochbaum.
|