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Il y a 24 ans un satellite porteur d’une pile atomique chute sur terre

mercredi 25 janvier 2012

Le 18 janvier 1978 c’est la première grande alerte (médiatique) nucléaire de l’ère spatiale. Le réseau de surveillance Norad suit les évolutions du satellite soviétique Cosmos 954 lancé quatre mois plus tôt et que les militaires américains savent porteur d’une pile atomique. Ce satellite perd de l’altitude à vue d’oeil de sorte que sa retombée est seulement une question de jours, avec toutes les conséquences que l’on peut redouter. Le gouvernement américain hésite. Faut-il rendre la nouvelle publique ? Cela risque de déclencher une véritable panique à l’échelle mondiale.

Il y a déjà eu précédemment :
- Le 21 avril 1964, un satellite américain Transit se désintégre dans l’atmosphère saupoudrant de plutonium 238 l’atmosphère au nord de Madagascar.
- Le 18 mai 1968 le satellite américain Nimbus B-1 tombe à 100 m de profondeur, près de Santa-Barbara, avec son générateur nucléaire SNAP-19 (il a été récupéré).
- Le 11 avril 1970, un générateur SNAP-27 contenant 1 650 000 gigabecquerels de plutonium 238 et appartenant à un module de la mission Apollo tombe au sud des îles Fidji, par 6 000 m de profondeur.

24 janvier 1978 : La chute de Cosmos 954

À 4 h 55, deux agents de la Gendarmerie Royale du Canada patrouillant les rues de Yellowknife écrasent les freins et sont étonnés lorsqu’ils fixent le ciel obscur, qui est alors traversé par un objet incandescent rouge vif. Il s’agit de Cosmos 954, un satellite de surveillance maritime* soviétique, qui brille au moment de sa rentrée rougeoyante dans l’atmosphère terrestre. Pendant sa chute, il brûle et se désintègre, répandant ainsi des débris partout sur la toundra arctique. Cela constitue un problème, puisque Cosmos 954 est un satellite équipé d’un petit réacteur nucléaire de bord. Si le coeur du réacteur survit plus ou moins intact à la rentrée dans l’atmosphère et se disloque au moment de l’impact, la plupart des débris seront dangereusement radioactifs.

La chute de Cosmos 954 ne surprend personne. En novembre 1977, les responsables militaires ont perdu le contrôle de Cosmos 954. Les services de renseignements américains constatent sur leurs écrans radars que quelque chose ne tourne pas rond. Le 1er décembre 1977 l’amiral Murphy (adjoint au secrétaire de la Défense des Etats-Unis) est mis au courant qu’un problème potentiellement grave est en train de naître avec Cosmos 954. En janvier 1978 les experts américains prévoient une retombée pour le 23 ou le 24 du mois. Le 12 janvier, les diplomates américains abordent l’ambassadeur soviétique à Washington sur le sujet. La réponse arrive deux jours plus tard : l’U.R.S.S. confirme qu’elle a perdu le contrôle du satellite et que celui-ci est porteur d’un chargement de matière radioactive. Les 17 et 18 janvier certains membres du Congrès américains sont mis au courant du problème et un plan est élaboré au cas où la retombée se ferait sur le sol des Etats-Unis. D’autres pays (notamment les membres de l’O.T.A.N.) sont eux aussi mis au courant. Le 19 janvier les Soviétiques rassurent les Occidentaux en leur précisant que le réacteur nucléaire est conçu pour se désintégrer lors de la rentrée atmosphérique. Les États-Unis offrent leur soutien à l’Australie, à la Nouvelle-Zélande et au Canada, pays situés dans la trajectoire de vol de Cosmos 954, pour les efforts d’assainissement après l’impact.

Quelques heures après la détection du satellite, les Forces canadiennes lancent l’opération Morning Light, dirigée par le colonel David Garland, commandant de la base des Forces canadiennes d’Edmonton en Alberta (voir en vidéo les témoignages "bien gentils" de deux agents de l’opération Morning Light). En se désintégrant, le satellite russe cause une pluie de débris radioactifs qui s’étend sur quelque 124 000 kilomètres carrés.

Les Américains dépêchent la Nuclear Emergency Search Team du département de l’Énergie, dirigée par le brigadier-général (retraité) Mahlon Gates. Deux cent vingt personnes des forces armées canadiennes et de la Nuclear Emergency Search Team ratissent la région jusqu’en octobre 1978, tentant de récupérer le plus de fragments possible du satellite. Mais, selon la Commission de contrôle de l’énergie atomique (aujourd’hui la Commission canadienne de la sûreté nucléaire), seulement 0,1 % de la source d’énergie atomique de Cosmos 954 est récupérée.

Les autorités canadiennes ont retrouvé, près de Fort-Reliance, des débris provenant vraisemblablement du réacteur, d’une radioactivité 1 500 fois supérieure à la dose limite généralement admise. Et les six spécialistes canadiens qui se trouvaient dans la région pour étudier la faune et la météo ont été placés sous contrôle...

À la fin des recherches, les experts concluent que le coeur du réacteur s’est "complètement consumé". La même année on révèle un accident survenu en 1969 dans l’Himalaya, la CIA a dû y abandonner un dispositif nucléaire lui permettant d’espionner la Chine, lequel a peut être pollué les sources du Gange.

Un an plus tard, le 24 janvier 1979, le gouvernement canadien a demandé à Moscou de lui rembourser le coût des recherches (22 millions de francs français de l’époque). Les Soviétiques ont seulement accepté d’en payer une partie. Suite à cela, Evgueni Fiodorov, l’ambassadeur de l’Union soviétique aux Nations Unies a déclaré que son pays continuerait de mettre en orbite ce type de satellites mais prendrait des mesures pour éviter qu’un tel incident ne se reproduise. Pourtant en février 1983, un autre satellite soviétique, Cosmos 1402 avec un réacteur nucléaire d’une radioactivité estimée à 1 000 000 de gigabecquerels, tombe à 1600 km à l’est des côtes brésiliennes. Aucun débris ne fut retrouvé.

En 1996, 54 satellites équipés de générateurs électronucléaires, en majorité des satellites russes de la série "Kosmos" (avec comme carburant l’uranium 235), mais aussi quelques satellites nord-américains (utilisant le plutonium 238) planaient au-dessus de nos têtes (soit au total 1,45 tonne d’uranium).

www.dissident-media.org/infonucleaire

* Les satellites de type Cosmos ont été conçus pour accomplir différentes missions militaires allant de la reconnaissance aux télécommunications militaires sécurisées.

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