Semaine pour les alternatives aux pesticides - 20 au 30 mars 2014
CONFÉRENCE DE PRESSE - CONFEDERATION PAYSANNE
La Confédération paysanne s’est aujourd’hui procuré sans difficulté des pesticides illégaux, interdits en France, mais autorisés en Espagne. Elle vous les présente aujourd’hui afin de dénoncer la passivité des pouvoirs publics face à ce trafic et plus généralement leur inertie totale sur la question des pesticides.
La Confédération paysanne exige qu’on mette fin à ce trafic. Les pouvoirs publics doivent prendre la mesure de l’ampleur de ce phénomène et condamner ceux qui en use. De telles pratiques provoquent la recrudescence de phénomènes de pollution par des molécules aujourd’hui interdites en France et freinent les possibilités de changement de système agricole.
Cette pratique illégale, résultat d’une dépendance des paysans aux pesticides, n’est cependant pas la principale responsable du scandale agronomique, environnemental et sanitaire des pesticides, mais elle illustre parfaitement l’exercice politique les concernant :
Le recours aux pesticides s’est généralisé : on est passé de l’usage occasionnel à l’usage permanent, du curatif au préventif et à l’usage en tant qu’« assurance récolte ».
Les firmes mettent sur le marché des produits toxiques bénéficiant d’AMM[1] qui les couvrent, de son côté le ministère qui délivre les AMM se retranche derrière les scientifiques.
Les procédures d’homologation des pesticides sont totalement insuffisantes. Elles ne prennent suffisamment en compte ni les effets toxiques des produits, ni les effets cumulatifs (répétition de l’exposition, concentration dans l’organisme), ni les synergies entre les différentes molécules que l’on ingère.
Ainsi les firmes phytopharmaceutiques avec l’aval du gouvernement, par des discours et des politiques niant la dangerosité de ces produits, enferment les paysans dans une dépendance d’utilisation, les rendent responsables des conséquences.
Et, les conséquences sont graves, de plus en plus évidentes, même si certains s’acharnent à nier la réalité :
• effets à long terme sur la santé des paysans et des autres personnes exposées ;
• effets sur l’environnement : pollution des eaux et des sols, destruction des insectes pollinisateurs et auxiliaires, diminution des populations d’oiseaux...) ;
• présence de résidus de pesticides dans l’alimentation humaine et dans l’eau potable ;
• frein à l’émergence de pratiques agronomiques durables.
La prise en compte de nouveaux critères d’évaluation est absolument indispensable.
Ce trafic de pesticides, parfaitement connu des pouvoirs publics, existe depuis longtemps et est en plein développement. Il est significatif du double jeu politique :
D’une part :
- un plan Ecophyto de réduction de 50% des pesticides en 2018
- Des plans de lutte contre la pollution des eaux sont mis en place,
- Une Volonté affichée de faire de la France le pays leader de l’agrocécologie ;
- Une communication permanente sur la nécessité de réduire leur utilisation.
D’autre part :
- Tolérance du trafic de pesticides ici dénoncé
- Absence de réelle volonté de réduction dans le cadre de la loi d’avenir de l’agriculture
- Refus des méthodes alternatives à la lutte chimique obligatoire (flavescence dorée de la vigne, chrysomèle du maïs,…)
- Interdiction de fait des PNPP
La Confédération Paysanne milite pour une réelle réduction de l’utilisation des pesticides et pour l’interdiction des plus dangereux.
Contacts :
Josian Palach, secrétaire national en charge du pôle agriculture et environnement
Jean Sabench, responsable de la commission pesticides
Elina Bouchet, chargée de communication
[1] Autorisation de mise sur le marché