Contexte et punition collective : note d’information pour les journalistes à la suite des meurtres dans la région Palestine-Israël
Ireland-Palestine Solidarity Campaign
publié le jeudi 3 juillet 2014.
NDLR : Ce texte comporte de très nombreux liens. Pour pouvoir les suivre, ouvrez le document en fin d’article
02/07/2014
L’IPSC déplores le meurtre brutal des trois jeunes israéliens dont les restes ont été trouvés lundi près de Hébron et le meurtre, apparemment par « vengeance », d’un teenager palestinien par des extrémistes israéliens mercredi matin. De même, l’IPSC déplore la mort de tous les civils tués dans ce conflit inégal, dont les six civils tués par les forces d’occupation israélienne depuis que les teenagers israéliens ont été kidnappés.
L’IPSC s’inquiète de ce que les meurtres injustifiables des trois jeunes israéliens vont être utilisés pour justifier d’autres morts, destructions et constructions illégales de colonies dans les Territoires palestiniens occupés (TPO) par le gouvernement et l’armée israéliennes. Nous sommes également conscients que ces meurtres doivent être vus dans le plus large contexte de la brutalité permanente de l’occupation militaire israélienne qui a laissé morts six enfants et 26 adultes rien qu’en 2014. Il vaut la peine de noter que les deux enfants dont les meurtres sans provocation préalable par l’armée israélienne le 15 mai ont été montrés sur CCTV n’ont guère reçu de couverture médiatique dans ce pays.
Nous croyons par conséquent que pour des journalistes consciencieux le défi à la suite de ces horribles événements devrait être de rapporter les événements de la région d’une manière équilibrée et informée ; d’une manière fermée à la fois à la manipulation politique et à l’émotion brute. Par conséquent en espérant informer et apporter un équilibre à l’information, l’IPSC produit ce document comme aide aux journalistes. Note : le document est disponible en PDFici
De plus, l’IPSC a de nombreux contacts avec des organisations des droits humains sur le terrain en Palestine et sera plus qu’heureux d’arranger des interviews avec ces organisations pour les journalistes intéressés.
Note contextuelle sur la violence récente dans la région de Palestine-Israël
Les trois teenagers israéliens Eyal Yifrah, Gilad Shaar et Naftali Fraenkel ont disparu de l’extérieur d’une colonie israélienne le 12 juin, et leurs restes ont été trouvés près de 19 jours plus tard. Dans la prétendue recherche de ces jeunes, les forces israéliennes d’occupation se sont répandues en Cisjordanie et à Gaza dans un show massif de punitions collectives illégales où ils ont :
– tué au moins six Palestiniens civils, dont un jeune de 14 ans et un retardé mental en route pour ses prières matinales. Trois membres de groupes armés palestiniens de Gaza ont aussi été assassinés de manière extrajudiciaire en violation du droit international.
– Contribué à la mort de deux Palestiniens âgés qui ont eu des crises cardiaques mortelles pendant les raids nocturnes. Un 12eme Palestinien, un berger de 17 ans, est aussi mort après avoir sauté sur une mine dans la vallée du Jourdain. On ne sait toujours pas qui a posé la mine ;
De plus, un Palestinien de 16 ans a été enlevé de Jérusalem Est et tué par des extrémistes israéliens (voir la table ci-dessous pour les noms et les détails de ces morts) ;
blessé au moins 90 autres, dont 16 enfants et trois journalistes ;
mené plus de 160 excursions militaires sur les villes, les villages et les camps de réfugiés palestiniens, où des centaines de maisons civiles ont été envahies et perquisitionnées ;
arrêté entre 440 à 560 Palestiniens, dont au moins 10 enfants, portant le nombre total de Palestiniens dans les prisons israéliennes à entre 5710 et 5830, tandis que le nombre d’enfants en détention a dépassé 250. Il y a aussi 20 membres of du Parlement palestinien maintenant en prison, dont son Président ;
conduit près de 100 frappes aériennes, bombardements et autres attaques à Gaza qui ont blessé des civils. Parmi les cibles de ces frappes, il y a eu des serres, un dispensaire de l’UNRWA, une forge, un atelier de tourneur, une cimenterie et des terres agricoles ; les colons illégaux israéliens de Cisjordanie et de Jérusalem est mené au moins 15 attaques sur des Palestiniens et sur leurs propriétés, dont cinq tirs à balles réelles sur des carriers, un tir sur un enterrement, sur une voiture, l’attaque de maisons palestiniennes, des voitures vandalisées, des oliviers tronçonnés et une ferme incendiée.
Le 19 juin le gouvernement israélien a approuvé 172 appartements illégaux supplémentaires à Jérusalem Est. Le 1er juillet, la pierre angulaire de la nouvelle colonie illégale Kochav Jacob a été posée près de Ramallah par le Président de la Knesset Yuli Edelstein. Le premier ministre Nétanyahou a appelé à « une vague de construction de colonies et à l’établissement d’une nouvelle colonie en mémoire » des teenagers. Toutes les colonies israéliennes sont illégales d’après le droit international et sont considérées comme des crimes de guerre d’après la 4eme Convention de Genève.
À cet égard, Amnesty International déclare qu’Israël a imposé « des mesures constituant clairement une punition collective sur les Palestiniens des territoires palestiniens occupés », que « la punition collective ne peut être justifiée pour quelque raison que ce soit, y compris par des infractions de l’autre partie » et que « la punition collective des civils est interdite par la quatrième convention de Genève ainsi que par le droit humanitaire coutumier international ».
Ceci n’est qu’une couverture très limitée des événements des deux semaines et demie récentes en Palestine occupée par Israël, toutefois il est regrettable que peu de ceci ait été rapporté dans les médias irlandais.
Le contexte est toujours crucial
Il faut noter que ces actes de violence ont lieu dans le contexte d’une occupation militaire coloniale injustifiable qui dure, que Gaza reste sous un siège illégal et cruel et qu’Israël a choisi d’étendre ses activités coloniales illégales aux dépens d’une paix négociée.
Depuis le déclenchement de la deuxième Intifada en septembre 2000, près de 6800 Palestiniens ont été tués par les forces d’occupation israéliennes ou par des colons illégaux. Parmi eux, la grande majorité était des civils. D’après Defence for Children International, plus de 1400 tués ont été des enfants, ce qui donne en moyenne un enfant palestinien tué par les forces israéliennes toutes les 84 heures sur les 14 dernières années. Les données de DCI montrent aussi qu’à tout moment, Israël détient entre 200 et 300 enfants palestiniens en prison. Divers rapports, dont ceux d’UNICEF,de Save the Children et d’une mission d’enquête légale financée par le gouvernement britannique, ont attesté du traitement cruel et inhumain subi par les enfants prisonniers de l’arrestation à l’incarcération, jusqu’aux effets eux après leur libération.
L’IPSC appelle par conséquent les journalistes et les médias à reconnaître et à rapporter sur ce contexte vital, à refléter la réalité politique militaire et humanitaire sur le terrain, et à assurer ainsi que les vies et les droits de toutes les personnes en Israël et en Palestine se voient donner la dignité et l’importance à laquelle elles ont droit. Que l’indignation exprimée vers un groupe de meurtriers n’est pas équilibrée par l’indifférence vis-à-vis des meurtres plus nombreux, plus réguliers et plus couverts officiellement dont les Palestiniens font l’expérience quotidienne.
Note sur les sources : les statistiques données ci-dessus sont tirées de plusieurs sources dont le Palestinian Center for Human Rights, B’Tselem - The Israeli Information Center for Human Rights in the Occupied Territories, Amnesty International - Ireland, Defence For Children International – Palestine, Addameer Prisoner Support and Human Rights Association et de plusieurs agences de presse palestinienne, les israéliennes et internationales.
http://www.ipsc.ie/press-releases/c... 2 juillet 1014
Traduction : JPB, CCIPPP