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Imaginer une autre société |
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Le désastre du chômage massif, avec la multiplication des emplois précaires, l’aggravation des inégalités, l’instabilité croissante des familles, menace la cohésion même de la société. Il remet en cause les systèmes de protection sociale construits en fonction du plein emploi, du travail à plein temps et de la famille stable.
Imaginer une autre société
Conséquences du chômage.
Ce texte est le résumé d’un texte plus détaillé (avec références bibliographiques et graphes) en document joint.
La principale conséquence du chômage dans un ménage est la perte de revenu (allant de 25 % jusqu’aux minima sociaux pour les personnes en fin de droits). Le chômage génère une exclusion multidimensionnelle (sociale, politique, économique…). Cette exclusion a très souvent des conséquences dramatiques sur l’éducation des enfants (alimentation, habillement, confort, espace habitable, prévoyance santé, soutien scolaire, loisirs, sport, culture, vacances…). Le surendettement aboutit, dès la suspension de paiement, au déclenchement des procédures de recouvrement (rappel, intervention des huissiers de justice, saisies diverses).
Le chômeur bénéficie d’un espace temps dont rêvent tous les actifs, mais ne profite pas de ce loisir pour tisser des liens sociaux et se renferme, au contraire, dans un isolement relationnel. Chez les chômeurs, les décès par maladies cardio-vasculaires et rénales augmentent de 50 % et le risque de décès par suicide double.
En plus des conséquences néfastes au niveau individuel, de nombreuses études montrent la corrélation entre chômage et délinquance, donnée que les pouvoirs publics ne peuvent ignorer. Si, face aux achoppements de la recherche d’un premier emploi, des moyens illégaux d’argent facile se présentent, notamment le trafic de drogue, il est fatal que certains basculent dans la délinquance.
La plupart des personnes arrêtées et condamnées à l’emprisonnement pour vols ou violences sont issues des milieux touchés par la pauvreté et le chômage. Un million de chômeurs supplémentaires sur 5 ans entraînent 50 000 morts supplémentaires, 60 000 cas de maladies mentales, 14 000 condamnations pénales. D’après Brenner, 10 % de chômage supplémentaire entraîne une hausse de 1,3 % du taux de mortalité attribuable aux cirrhoses, de 4 % du taux d’arrestations, de 6 % du nombre d’incarcérations, de 3,4 % du nombre de crimes économiques, de 0,8 % du nombre de crimes violents (1,9 % chez les jeunes).
Le chômage génère indéniablement du stress à l’intérieur même des entreprises, surtout celles soumises à la concurrence internationale et au risque de délocalisation. Les employeurs eux-mêmes, se servent du chômage pour augmenter la pression sur les salariés (refus de hausses de salaire, accélération des cadences…). L’OIT signale que le coût des problèmes de santé mentale liés au travail, dont le stress, représente 3 % du PIB. Enfin ces désordres sociaux créent un sentiment d’insécurité, une perte d’identité et un refuge vers des solutions parfois peu adaptées (votes extrémistes, intégrisme religieux, dérives sectaires, mépris des valeurs citoyennes).
Coûts économiques du chômage
La facture officielle se monte à 70 milliards (cotisations URSSAF, ASSEDIC et caisses de retraite, perte fiscale pour l’Etat et les collectivités locales…) à laquelle il faut ajouter une grande partie du coût des minima sociaux et du coût des allégements de charges patronales. Les coûts économiques du chômage représentent 6 % du PIB. Une étude canadienne donne une fourchette comprise entre 5 et 12 % du PIB.
Les coûts externes du chômage
Aux coûts économiques, il faut rajouter les effets externes provoqués par les conséquences sociales du chômage. Jacques Nikonoff évalue le coût global du chômage à 13 % du PIB, chiffre contestable en l’absence d’études sérieuses des pouvoirs publics. On peut cependant certifier que la réduction du chômage permettrait de faire des économies non négligeables dans un certain nombre de domaines :
Forces de police et de gendarmerie en manque d’effectifs. La baisse de la délinquance n’est-elle pas une solution efficace à ce problème ?
Tribunaux croulant sous les dossiers. Là encore la baisse de délinquance liée au chômage ne serait-elle pas une aubaine pour soulager l’administration judiciaire et remédier à sa lenteur ?
Surpeuplement carcéral, le gouvernement a choisi de construire de nouvelles prisons. S’attaquer aux causes de la criminalité n’est-elle pas une meilleure solution ?
Causes du chômage
Définition de la productivité : quantité de production fabriquée par unité de temps, d’où la formule : Productivité = Consommation / Temps de travail ou C = P x T. La consommation est la consommation au sens large du terme, c’est-à-dire le PIB. De 1946 à nos jours
paramètres |
multipliés par : |
ou en % : |
production (PIB) |
9,5 |
+ 850 % |
temps de travail |
0,9 |
- 10 % |
productivité |
10,5 |
+ 950 % |
population française |
1,46 |
+ 46 % |
production par habitant |
6,5 |
+ 550 % |
La baisse du temps de travail de 10 % est en fait la résultante de 2 paramètres :
La population active a augmenté de 26 %
la durée annuelle du travail a diminué de 28 %
Paramètres |
Unités |
1946 |
2002 |
Population active occupée |
Millions |
18,9 |
23,8 |
Age de cessation d’activité |
Années |
66 |
58,5 |
Age d’entrée dans la vie active |
Années |
16 |
20,5 |
Taux d’emploi des femmes |
% |
20 |
45 |
Durée annuelle moyenne du travail |
Heures |
2100 |
1510 |
Durée hebdomadaire du travail |
Heures |
43 |
37 |
Nombre de semaines de congés payés |
|
2 |
5 |
Taux de salariés à temps partiel |
% |
5 |
15 |
Taux de chômage |
% |
2 |
9 |
Suivant la formule de la productivité citée ci-dessus (C = P x T), si le taux de croissance est inférieur à l’augmentation de productivité, le temps de travail doit diminuer. De 1946 à 1975, la moyenne annuelle de la productivité horaire a été très forte (5,5 %) et la croissance a permis de limiter la montée du chômage. Depuis 1975, la productivité est plus réduite (2,6 % en moyenne) et la croissance n’a atteint ce niveau que durant le tiers des 25 dernières années, ce qui a eu un effet négatif sur la création d’emplois et a développé le chômage.
Il y a trois solutions à ce problème :
Ne plus générer de gains de productivité
Favoriser la croissance
Réduire le temps de travail
Ne plus générer de gains de productivité
Sans augmentation de productivité et à consommation stable, le chômage n’augmenterait pas. Remplacer le tracteur par la bêche, remplacer l’ordinateur par la gomme et le crayon, remplacer les moyens de transport moderne par le cheval ; l’ensemble de ces moyens permettrait de réduire considérablement les gains de productivité et de donner du travail à tout le monde. Absurdité ! " On n’arrête pas le progrès ". Le facteur productivité paramètre intangible, a un taux de progression annuelle de 2,5 %. Ce qui signifie, que chaque année, on a le choix entre :
à temps de travail fixe, augmenter la consommation de 2,5 %,
à niveau de consommation fixe, diminuer le temps de travail de 2,5 %. La situation intermédiaire de partage des gains de productivité entre croissance et RTT est bien sûr possible. Les chiffres cités ci-dessus montrent clairement que notre civilisation a privilégié le premier (production par habitant multipliée par 6,5) au détriment du second (réduction du temps de travail de 10 %).
La croissance conduit-elle à un développement durable ?
Depuis 1946, un taux moyen annuel de croissance de 4,5 % est un fait sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Pour contenir l’augmentation du chômage, un taux de croissance minimum de 3 % est nécessaire. Avec ce taux, notre production serait multipliée par 19 en un siècle, par 370 en 2 siècles et par 7100 en 3 siècles. L’absurdité des chiffres suffit à admettre que, non seulement notre développement n’est pas durable, mais que notre niveau de consommation actuel n’est même pas exportable à l’ensemble des pays de la planète.
Effet de serre, consommations d’énergie et de matières premières
Si chaque habitant de la planète avait notre niveau de vie, nous rejetterions dans l’atmosphère, une quantité de gaz à effet de serre 4 fois supérieure (10 fois pour les USA), à ce que la nature est capable d’absorber. Ne va-t-on pas dans le mur en continuant sur cette lancée ? Si des mesures sérieuses ne sont pas prises pour inciter nos concitoyens à consommer moins d’énergies non renouvelables, notamment en utilisant des moyens de transport plus respectueux de l’environnement, les injonctions prises par nos gouvernants, face aux catastrophes naturelles (canicule, désertification, pluies diluviennes, inondations) risquent d’être fortement liberticides. L’écolo-fascisme imposé par les autorités pour tenter de sauver les dernières espèces vivantes nous fera regretter notre imparfaite démocratie. Au rythme où nous gaspillons les carburants fossilisés, en 200 ans, nous aurons consommé ce que la nature a fabriqué en plusieurs millions d’années. Au nom de quel droit, les compagnies pétrolières extraient, transforment et vendent toute cette énergie en si peu de temps ? Comment expliquerons-nous à nos descendants une telle exploitation abusive des ressources énergétiques ?
Développement des pays du Tiers-Monde
Les 225 plus grosses fortunes du monde représentent l’équivalent du revenu annuel des 47 % d’individus les plus pauvres de la planète, soit 2,5 milliards de personnes. Il suffirait de prélever 4 % de cette richesse, soit 40 milliards de dollars, pour donner à toute la population du globe l’accès aux besoins de base (nourriture, eau potable, éducation, santé). Cette somme permettant de sortir le monde de la misère correspond à 0,17 % de la richesse des pays de l’OCDE, soit 17 centimes sur chaque centaine d’Euros dépensée. Personne ne nous fera croire que l’objectif est inaccessible. A titre de comparaison, voici quelques montants (en milliards $) :
Les transactions financières 1800
Dépenses d’armement dans le Monde 840
Dépenses de publicité dans les pays riches 400
La consommation de stupéfiants 400
Les 225 plus grosses fortunes 1000
La dette des pays en " voie de développement " 2500
L’aide des pays riches aux pays en voie de développement 50
La misère n’est pas une fatalité, mais l’égalité est loin d’être en marche. En 1960, les 20 % de la population mondiale des pays riches avaient un revenu 30 fois supérieur à celui des 20 % les plus pauvres, en 1995 leur revenu était 82 fois supérieur. Pays en voie de développement ? Le vocable est peut-être à revoir. Tant que de telles inégalités subsisteront, tant que les droits de l’Homme ne seront pas instaurés de façon homogène au niveau de la planète, nous ne pourrons juguler l’immigration clandestine. Le sujet devient d’autant plus crucial qu’au problème d’écart de richesse s’ajoute la pression démographique. Notre niveau sanitaire et éducatif a permis une relative stabilisation de notre population, ce qui est loin d’être le cas dans les pays pauvres.
Tant que seront maintenus les écarts de salaire exorbitants entre pays riches et pays pauvres, les entreprises continueront à transporter les matières premières vers les pays à faible coût de main-d’œuvre et les produits finis vers les pays dans lesquels la population est solvable. Les gains financiers de telles opérations permettent largement de rentabiliser les coûts de transport, même si elles induisent des coûts sociaux restant à la charge de la collectivité (consommation d’énergie, bruit, congestion, pollutions, misères…).
Croissance et progrès sont-ils liés ?
Utilisant le PIB comme indice de performance économique, on oublie de spécifier que cette agrégation comporte deux sortes de coûts :
Ceux d’un effet positif sur le bien-être (production alimentaire, amélioration de l’habitat, éducation, prévention sanitaire…)
Ceux d’un effet négatif sur le bien-être (pollutions diverses, destruction de ressources, coûts sociaux…) Si on supprimait les causes des conflits armés dans le monde, ce serait un progrès considérable pour l’humanité, mais une véritable catastrophe dans notre système économique. Des dizaines de millions de salariés dépendant de ce commerce se retrouveraient sans travail. Pour préserver l’emploi, l’économie maintient des activités inutiles ou nuisibles au bien-être collectif (ex. la publicité), mais délaisse des activités indispensables à la collectivité sous prétexte qu’il n’y a pas de profit à la clé.
Le PIB mesure un flux de dépenses, mais la difficulté commence lorsque l’on veut lier cet agrégat et un indicateur de satisfaction, de bien-être, voire de bonheur, notion par nature subjective. Efficace sur le plan de la croissance, le marché profite plus à l’économie qu’à l’écologie, plus aux actionnaires qu’aux salariés, plus à la création de richesse qu’à sa distribution.
L’élaboration d’un Indicateur de Progrès Véritable (GPI) a été cautionnée par plus de 400 économistes américains. Le GPI a évolué parallèlement à l’augmentation du PIB pendant la période 1950-1975. Depuis, l’augmentation du niveau de consommation des américains a globalement fait chuter l’indicateur de progrès.
Etats-Unis |
1950-1975 |
1975-2000 |
PIB |
+ 60 % |
+ 70 % |
GPI |
+ 60 % |
- 16 % |
L’analyse de cet indicateur aurait dû nous inciter, depuis 1975, à transformer notre productivité en loisirs (réduction du temps de travail de 45 %) car malgré (ou à cause de) la croissance économique, le bien-être a subi une régression. L’augmentation du temps de loisir et du temps consacré au bénévolat aurait eu un effet positif sur le GPI. Vivre avec moins de croissance, pour plus de bien-être.
La croissance économique :
n’offre pas de solution pour le problème du chômage,
ne permet pas un développement durable pour les populations futures,
n’assure pas le bien-être de la population.
Dernière solution : la réduction du temps de travail
Il y a deux façons de réduire le temps de travail, ou bien diminuer le nombre de travailleurs ou bien pour chacun d’eux, diminuer la quantité d’heures travaillées. A chacune de ces 2 solutions, correspondent de nombreuses adaptations possibles.
1ère solution : baisse de la population active
Renvoyer les immigrés dans leur pays ou la femme au foyer sont les solutions simplistes de quelques extrémistes, recevant cependant quelque écho d’un point de vue électoral.
La baisse de l’âge de la retraite était la revendication légitime d’une classe d’âge qui a subi une vie active longue et pénible. Aujourd’hui, l’amélioration des conditions de travail et l’allongement de l’espérance de vie changent les données du problème, mais la volonté du gouvernement de financer les retraites, par l’allongement de la durée de cotisation, sans modifier les autres paramètres économiques (taux de cotisation, mode de financement…) aura des conséquences désastreuses sur le taux de chômage. Si les entreprises se décident à considérer les sexagénaires comme une source d’expérience, et non plus comme une charge salariale, des personnes de 60 ans et plus vont continuer à travailler, freinant du même coup l’entrée des jeunes sur le marché du travail. Rappelons que l’âge moyen de cessation d’activité est en France inférieur à 60 ans.
L’augmentation de la scolarité a permis de réduire le taux d’analphabétisme, d’améliorer le niveau de compétences professionnelles et de culture générale. Aujourd’hui, la poursuite des études sert à reculer l’étape d’entrée dans la vie active. Avec un taux de chômage double de celui de la population active, les jeunes subissent de plein fouet l’aggravation du chômage.
La mise au chômage de 10 % des actifs, choix ignoble pour les victimes et dispendieuse pour la société.
La baisse de la population active n’est pas la solution au problème. Reste la dernière solution.
Baisse de la durée annuelle de travail des actifs : bilan des 35 heures en France. Par rapport aux 39 heures, les 35 heures représentent une réduction de 10 % du temps de travail, taux équivalent au taux de chômage. Quels sont les effets sur les créations d’emplois et sur le chômage ? Toute réduction du temps de travail s’accompagne de gains de productivité non négligeables, pour plusieurs raisons :
Les salariés travaillent moins, sont moins fatigués, moins souvent absents, plus productifs.
Les entreprises profitent de cette réduction pour aménager le temps de travail (réduction de pauses, augmentation de l’utilisation des équipements…). Ce n’est plus seulement la RTT, mais l’ARTT (aménagement et réduction du temps de travail). Le Conseil Economique et Social chiffre ces gains de productivité liés à une RTT :
Un salarié à 50 % produit comme 0,64 salarié
Un salarié à 60 % produit comme 0,77 salarié
Un salarié à 70 % produit comme 0,87 salarié
Un salarié à 80 % produit comme 0,92 salarié
Un salarié à 90 % (passage aux 35 h) produit comme 0,96 salarié
Plus la réduction du temps de travail est faible, plus elle génère de gains de productivité, et donc plus le nombre d’emplois créés est réduit. Le cabinet de Martine Aubry avait estimé que le passage aux 35 heures aurait créé un million d’emplois, soit 4 % de la population active. En réalité la DARES les estime à 370 000, auxquels on peut rajouter 100 000 emplois préservés (limitation de certains plans sociaux). Pourquoi cet écart entre le million prévu par le ministère et les 470 000 créés ou sauvegardés ? 2 explications :
L’estimation a été sensiblement surévaluée,
Seuls, 55 % des salariés ont bénéficié des 35 heures.
Quel a été l’impact sur le chômage de cette création de 370 000 emplois ? En période de croissance économique, les entreprises augmentent les heures de travail et la productivité avant d’embaucher, ce qui génère une production supplémentaire. En période de récession, les taux de chômage sous-estiment le nombre réel de chômeurs, parce que certaines personnes découragées ne sont plus comptabilisées. Dans un contexte de croissance, ces personnes, en retournant sur le marché du travail, réintègrent la population active. La loi d’Okun précise que la création des 370 000 emplois génère une baisse du chômage de 185 000 (2 fois moins). Il reste encore 2 millions et demi de chômeurs. Compte tenu des gains de productivité générés et du coefficient d’Okun, pour enrayer le chômage, il faudrait que chaque salarié travaille à mi-temps, ce qui pourrait entrainer la création de 5 à 6 millions d’emplois.
Les 2 seuls paramètres à notre disposition pour résoudre le chômage semblent peu prometteurs :
La croissance
ne génère pas suffisamment d’emplois pour résoudre le problème du chômage,
s’avère désastreuse d’un point de vue écologique,
n’offre pas les espoirs escomptés en matière de bien-être social.
La réduction du temps de travail
est peu créatrice d’emplois (une baisse du temps de travail de 10 % pour 55 % des salariés a induit, en France, une baisse du chômage équivalente à 0,7 % de la population active),
génère des tensions sur le marché du travail, créant localement des pénuries de main-d’œuvre,
généralisée, la RTT ne correspond pas forcément aux souhaits individuels des citoyens (certains veulent travailler moins, d’autres préfèrent gagner plus).
Comme le montre les statistiques du G8, les pays où l’on travaille le moins affichent les taux de chômage les plus importants. Mais l’analyse des chiffres bruts devrait être complétée par un indice de la qualité des emplois créés. Les emplois créés dans les pays anglo-saxons ont fortement augmenté la précarité de la population active. Le stress dans les entreprises japonaises a atteint un sommet inquiétant. Aux Etats-Unis, le taux d’incarcération est huit fois plus fort qu’en France (8 prisonniers pour mille habitants). De deux maux, choisissons le moindre. Il est sans doute préférable, pour notre société, d’indemniser un chômeur que de supporter les conséquences socio-économiques d’une incarcération. Doit-on en déduire que notre société doit se complaire, comme elle le fait depuis trois décennies, avec un taux de chômage désastreux d’un point de vue économique, incompréhensible d’un point de vue social et intolérable d’un point de vue humain ? Si tel était le cas, ce texte n’aurait pas vu le jour.
Pour une autre approche du problème du chômage
La conséquence des gains de productivité est la transition d’une économie de rareté à une économie d’abondance, d’une économie dans laquelle l’agriculture était dominante à une économie de services. En 1830, 64 % des travailleurs étaient des paysans, aujourd’hui malgré une réduction à moins de 5 % de la population active, la communauté européenne est contrainte d’imposer des quotas, et de stocker, aux frais du contribuable, les surplus d’une agriculture hyper-productiviste. Aujourd’hui plus de 70 % des salariés travaillent dans le tertiaire. Si nous continuons sur cette lancée, les productions agricole et industrielle seront automatisées et nous nous paierons mutuellement pour nous rendre des services.
Quelle économie souhaitons-nous ?
Voici des extraits de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, chaque jour bafouée, à cause de la persistance d’un taux de chômage structurel depuis de nombreuses décennies.
Article 3 Tout individu a droit à la vie…
Article 23 Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage… Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s’il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale…
Article 25 Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux… elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse…
Article 29 L’individu a des devoirs envers la communauté dans laquelle seul le libre et plein développement de sa personnalité est possible…
Grâce à notre technologie, nous serions capables de satisfaire les besoins vitaux de l’ensemble des habitants de la planète. Dans les pays industrialisés, nous allons bien au-delà. La répartition du budget des ménages faite par l’INSEE montre que les besoins physiologiques (nourriture, logement, habillement et santé) sont satisfaits avec environ la moitié du budget d’un ménage type (avec des disparités importantes). Notre économie est largement en capacité de satisfaire ces besoins de base cités par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Pour que chacun puisse en bénéficier, il y a deux solutions :
Nous donnons à chaque citoyen le revenu nécessaire, qu’il travaille ou non, et nous dérivons vers une société d’assistance. Certains se contenteront de ce revenu sans participer à l’effort collectif, d’autres participeront et auront un revenu et un statut social conséquent. C’est une société duale, qui n’est sans doute pas souhaitable, même si elle a l’avantage, par rapport à notre situation actuelle, de sortir de la misère bon nombre d’exclus.
On considère que " Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux… " article 25 et que " L’individu a des devoirs envers la communauté ", article 29, car les besoins physiologiques de tous nécessitent une participation collective la plus large possible.
En fait, le travail n’est pas un droit, ce serait plutôt un devoir. La richesse est à mettre à l’actif de notre société (colonne recettes), mais les moyens d’y parvenir (travail, énergie, matières premières…) sont à mettre au passif (colonnes dépenses). Considérant que la moitié des heures de travail est nécessaire pour satisfaire nos besoins de base et l’autre moitié pour des besoins moins indispensables, il est logique que tout citoyen participe à cette première moitié de labeur, la seconde restant au bon vouloir de chacun. On peut se passer d’une résidence secondaire, de vacances, de voiture, … on ne peut vivre sans nourriture et soins médicaux, et le logement est également un bien indispensable à une vie digne. Si on répartit 50 % des heures travaillées sur l’ensemble des citoyens valides de 16 à 65 ans (42 millions de personnes), on obtient un temps de travail annuel de 430 heures, soit une journée de travail par semaine. Ce temps de travail laisse aux salariés le loisir d’avoir un contrat de 3 ou 4 jours par semaine avec une entreprise, pour obtenir un complément de revenu, il permet aux étudiants de poursuivre sereinement leurs études aussi longtemps qu’ils le souhaitent, aux artistes de vivre pleinement leur passion sans le souci d’obtenir un travail alimentaire. Il permet à chaque citoyen d’avoir le loisir nécessaire pour s’investir bénévolement dans des tâches vitales que l’Etat accomplit de façon très imparfaite et très coûteuse pour le contribuable (aide aux personnes âgées, assistance aux handicapés, soutien scolaire…).
Il faut savoir ce que l’on veut ; soit une économie au service de l’être humain, soit une économie au service du capital.
[patric.kruissel_fUx_laposte.netD patric.kruissel_fUx_laposte.net]
tél. 01 39 32 18 89
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Création de l'article : 1er décembre 2003
Dernière mise à jour : 1er décembre 2003
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